Chapitre 18

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Le caporal chef toqua à la grande porte ouvragée qui séparait le bureau du major du reste du bataillon. Il déglutit difficilement quand une voix à l'intérieur lui dit d'entrer. Il ouvrit donc la porte et s'avança dans la pièce, la binoclarde à sa suite.

" Asseyez-vous." fit Erwin d'un ton que la colère rendait froid.

Ils s'exécutèrent en silence, tourmentés par l'angoisse qui leur tordait le ventre.

"- Bordel ! Qu'est ce qu'il s'est passé pour que vous vous battiez? Vous vous foutez de moi, hein? Vous avez rien d'autre à faire que de me faire chier en ce moment? Je vous préviens je compte vous faire subir les conséquences de vos actes ! J'en ai rien à taper qu'on soit amis, vous allez passer les prochains jours bien au chaud dans un cachot.

- Mais Erwin..., tenta la femme.

- Il y a pas de mais! j'en ai marre de vos conneries! Vous me faites chier avec vos cachoteries !(nda: oui oui c'est un jeu de mots) Peut-être que la semaine que vous allez-y passer vous déliera la langue ! 

- Une semaine ! s'exclamèrent Hange et Levi.

- Oui, une semaine."

Le silence retomba lourdement dans le bureau richement décoré. Les deux soldats semblaient déconfits. Soudain, l'homme aux yeux gris eut une idée. Il annonça d'un ton détaché:

" Donc tu vas envoyer deux bon soldats au cachot sans possibilité d'entraînement avant une expédition. De plus, ils ne pourront pas remplir toute la paperasse que tu leur a donné."

Le visage d'Erwin se décomposa. Poussé par la colère, il n'avait pas pensé à ça.

"- Putain ! Vous me faites vraiment chier vous deux ! Vous allez passer une semaine au cachot et vous aurez juste le droit de sortir pour les entraînements. Vous remplirez votre paperasse là-bas.

- Comme d'habitude, mais au lieu de vivre dans nos chambre on sera au sous-sol. C'est ça ?

- Bordel Levi ! Tu me fais vraiment chier avec tes commentaires à la con !

- Je dis juste la vérité."

Le major soupira, sa tête dans ses mains. 

" Vous savez quoi ? Faites ce que vous voulez. En échange vous me révèlerez ce qu'il se passe après la prochaine expédition. Enfin... si on est toujours vivants"

Un sourire fendit l e visage de Levi qui s'empressa de remercier son supérieur et ami. Hange qui n'avait rien dit depuis un moment en fit de même. Les deux soldats se dépêchèrent de sortir après qu'Erwin leur en ai donné l'ordre.

Une fois dans le couloir, ils éclatèrent de rire puis se séparèrent pour s'occuper de leurs dossiers dans leur chambre respective.

Quand la femme fut assise à sa table, son esprit rejoua les scènes de la matinée. Malgré le fait qu'elle aurait dû en vouloir à l'homme aux cheveux noirs, ce n'était pas de la rancœur qui prenait place en elle quand elle pensait à lui, mais la joie de s'en être rapproché à nouveau. Elle réussit à chasser les souvenirs puis à se concentrer sur ses dossier qu'elle remplit avec une rapidité sans égal. Cependant, l'heure du repas arriva rapidement et, tiré de son travail, elle s'empressa de se rendre au réfectoire. Aux yeux des autres soldats, elle parut plus proche que jamais du caporal chef. Ses camarades ne comprenaient pas pourquoi alors qu'il avait essayé de la tuer, elle semblait ne pas en tenir compte et lui parlait avec entrain. Le déjeuner se finit trop vite aux yeux d'Hange et Levi. Tous deux, peinés de devoir se quitter si tôt se dirigèrent d'un pas morne vers leurs chambres respectives.

La binoclarde s'attela à nouveau à ses dossiers mais elle n'avançait plus. La course de la plume sur les différentes feuilles ne se faisait plus joyeuse comme avant. D'un coup, le femme sursauta, on venait de toquer à sa porte. Elle se leva puis ouvrit le battant. Derrière lui se tenait Levi, cette apparition fit sourire la femme.

"- Hey la binoclarde ? Ça te dit de venir remplir ta paperasse avec moi ? Ma chambre me parait vide sans toi.

- Bien sûr !"

Elle se précipita vers la table et attrapa ses dossiers et sa plume, froissant quelques feuilles au passage puis courut dans le couloir pour rattraper l'homme qui ne l'avait pas attendu. Une fois arrivés, Hange fut surprise de découvrir une deuxième chaise et ne manqua pas de le faire remarquer à Levi :

"- Hey shorty ! C'est sympa d'avoir prévu une deuxième chaise pour moi !

- Shorty ? demanda le concerné.

- Oui c'est un surnom que je viens de te trouver ! Mignon non ?

- Appelle moi encore une fois comme ça et je te pète les bras.

- Mais c'est tellement mimi !

- J'ai dit non. Maintenant commence à bosser ou sort de ma chambre"

Elle haussa les épaules puis ils s'installèrent à la table et commencèrent à travailler. Au bout d'une heure, la femme brisa le silence.

" Hey Shorty ? "

L'homme lui lança un regard meurtrier mais elle ne s'en formalisa pas et continua dans sa lancée.

" Je voulais m'excuser pour avant hier. J'aurais pas du partir comme ça."

Il ne leva pas la tête, semblant ne pas avoir entendu la dernière phrase de la binoclarde. Il continuait de faire gratter sa plume contre les dossiers qu'il remplissait. Pendant ce temps, Hange le regardait, attendant une réponse. Mais les minutes défilèrent et chaque tic-tac de l'horloge de la pièce, enfonçait une nouvelle épine de douleur dans le cœur de la femme. Et lui, n'allait-il pas s'excuser pour ses mots ? Elle tenta de réanimer le débat en lui donnant un petit coup de pied sous la table. L'homme leva la tête puis prononça lentement, presque chuchotant :

" Désolé d'avoir utilisé un ton aussi méchant la dernière fois."

Ces quelques mots, chassèrent les épines dans le cœur de la femme et une joie immense l'envahit. Elle se leva brusquement, les bras ouverts pour faire enserrer Levi. La table fut bousculée, des feuilles volèrent dans la pièce et petit encrier qui se trouvait sur le meuble se renversa, déversant le liquide noir sur le bois. Le regard de l'homme se transforma soudain et fut plus sombre que jamais.

Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant