Chapitre 24

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Erwin donna l'ordre à la femme de partir. Celle-ci s'exécuta, emmenant avec elle son cheval. Elle se dirigea vers les écuries où elle s'occupa de son animal avant de le mettre dans son box. Elle se précipita ensuite vers son laboratoire, une fois la porte fermée, sortit les échantillons cachés derrière l'armoire et tenta de les préparer comme la veille. Cependant, ses mains rendues tremblante par la pression accumulé dans la matinée n'arrivaient à rien. Une barrière céda dans son esprit et la lourde chaise en bois, qui se tenait auparavant à coté d'elle, se trouva projeté contre le mur où elle éclata en morceaux. Hange se dirigea vers les débris, en attrapa un assez long, et poussé par le désespoir tapa inlassablement sur les blocs de pierre. Des échardes se plantaient dans ses mains mais elle ne les sentait pas. Il fallait taper encore et encore, toujours plus fort. Le bois explosait en une infinité de petits morceaux à chaque coup, mais elle ne s'en souciait pas. Il fallait frapper. Elle se stoppa au bout d'un moment, essoufflée, et appuya son front contre le mur froid.

" Levi, je crois que tu as raison."

Un bruit se fit entendre. On toquait à la porte. La femme sursauta. Merde elle allait être prise en flagrant délit. Elle enterras alors ses émotions au plus profond d'elle même, défroissa sa chemise, enfila son masque de femme joyeuse et sans problème et sortit de la pièce.

" Salut Moblit ! Désolé pour ce matin, j'ai un peu merdé ! Qu'est ce qui t'amène ?

- Le major Erwin m'a demandé de vous rappeler que vous êtes de corvée de cuisine.

- Ah oui c'est vrai ! Merci Moblit !"

Hange se dirigea alors vers la petite pièce attenante au réfectoire. Le caporal chef était déjà là. Elle cuisina à ses côtés sans un mot, puis une fois ses tâches terminés se servit une portion et partit s'asseoir à table où elle mangea en vitesse.

Le reste de la journée se passa lentement aux yeux de la binoclarde. Après le diner, elle s'était couché sur son lit et avait attendu, son regard était fixé sur l'horloge qui n'avançait qu'avec un lent tic-tac. Quand minuit fut passé, elle se leva et se rendit à son laboratoire, ses doigts pianotèrent sur les étagères à la recherche de la fiole qu'il lui fallait. Quand elle l'eut trouvé, elle s'assit à terre au milieu des éclats de bois. Hange déboucha le petit flacon.

" On a juste hâte que tu crèves pour être tranquille ! "

" Je sais. Tu as raison Levi. Je vais le faire."

Elle approcha la petite bouteille en verre de sa bouche. Ses mains tremblaient, elle avait peur, elle n'y arrivait pas. Lentement elle reposa la fiole sur le sol à ses côtés.

"J'ai jamais vu un chef d'escouade aussi nul ! "

"Désolé Erwin, je ne suis pas à la hauteur."

Ses doigts agrippèrent de nouveau le contenant et le portèrent contre ses lèvres mais ses muscles refusèrent de continuer et elle dut abandonner à nouveau. La femme se leva rageusement. Elle n'arrivait pas à trouver le courage de le faire. Ses souvenirs avec l'homme défilaient douloureusement sous son crâne, les premiers jours, le bain, l'alcool... Soudain, une idée germa dans son esprit, il lui fallait du courage, beaucoup de courage... Peut-être restait-il dans les cuisine une autre bouteille ? Elle sortit de la pièce sur la pointe des pieds, écoutant chaque bruit de peur d'être surprise en train de se balader dans les couloirs. Une fois dans la pièce, elle fouilla à tâtons chaque placard jusqu'à trouver un liquide identique à celui qu'elle avait but en compagnie du caporal chef.

La binoclarde refit alors le chemin inverse, une fois de retour dans son labo, elle ouvrit la bouteille au couteau d'une façon  si empressé que le bouchon tombait en lambeaux sous les assauts de sa lame. Reversant la tête, elle s'obligea à en boire le maximum puis posa la bouteille sur la table et s'assit à terre à côté de sa fiole si précieuse. Plusieurs minutes passèrent sans qu'elle ne bouge, elle attendait le début des effets. Quand elle sentit que le liquide ingéré commençait à prendre possession de son corps et de sa tête, elle tenta à nouveau mais le courage lui manquait encore.

Elle laissa alors filer plus d'une vingtaine de minutes, l'alcool lui embrumait le cerveau et jouait avec ses sens. Le monde tournait autour d'elle. Elle attrapa le petit flacon déjà ouvert et l'avala d'une traite. Avant de s'installer dans une position plus confortable, elle ferma les yeux et se laissa partir contre le mur de son laboratoire. Cependant, quelque chose clochait. Une sensation indéfinissable partant de ses intestins et remontant vers son estomac s'amplifiait petit à petit. Quand elle comprit elle essaya de se lever le plus vite possible, fit quelques pas sur ses jambes molles avant de retomber face contre terre. La petite bouteille qu'elle tenait encore dans sa main tomba à terre et roula juste à coté de son visage puis son estomac se contracta, et tout son contenu se répandit sur le sol sale de la pièce. Une fois purgée, elle s'endormit si profondément qu'elle n'entendit pas les pas dans le couloir et la porte du laboratoire s'ouvrir à la volée.

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Voilà voilà. Chapitre un peu plus court que d'habitude mais vous en aurez un autre ce soir.


Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant