Chapitre 53

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/!\ Violence conjugale /!\ 

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En sortant du petit appartement, main dans la main avec sa compagne, Levi sentit que toute la colère qu'il avait retenue envers la jeune femme allait s'échapper. Se contenant de plus en plus difficilement, il la tira avec force dans le labyrinthe de ruelles que formait ce quartier mal famé. Ses talons claquait si fort sur les pavés, quand le passage n'était pas formé que d'une boue informe, que tout les habitants environnant devait s'être réveillé. D'une seconde à l'autre, il allait exploser et la rage emmagasiné sortirai avec la force indomptable de la lave lors d'une éruption volcanique.

Comment avait-elle pu ruiner tant d'effort, tant de semaines, en quelques fractions de secondes? N'avait-elle aucune force mentale pour céder aussi vite à la tentation ? Aucun instinct de conservation, aucun bon sens ?

D'un coup, tout explosa et le corps d'Hange se vit brutalement propulsé vers un des murs sales qui bordait le passage qu'ils empruntaient. Du crépis jauni se détacha et tomba à terre.

"- Non mais ça ne va pas ? Qu'est-ce qu'il te prends ?

- Ne te fous pas de ma gueule Zoe, tu le sais très bien !

- Ce n'est qu'un cachet, ça ne fera pas de mal. On peut appeler ça une erreur de parcours.

- Et le prochain, et celui encore après et le sachet et encore un autre ? Vas-tu les appeler des erreurs de parcours eux aussi ? Bordel, tu as... On a fourni tellement d'effort pour te tirer de là, et tu te dirige vers la direction pour replonger à la moindre tentation ! Tu n'as aucune force mentale ma pauvre !

- Ecoute, tu n'es pas ma mère, ni mon père, tais-toi et laisse moi faire ce que je veux de ma vie !"

Les derniers mots avaient été crachés, hurlés à la gueule d'un Levi pantois. La bouche à moitié ouverte, celui-ci ne trouvait rien à répondre à cette phrase, qui avait, lui semblait-il, broyé son cœur en milles morceaux. Une fureur encore plus grande jaillit du fond de ses entrailles, et, avec le cris d'un animal blessé, envoya son premier crochet en direction du ventre de la femme. Hange se courba en deux, l'estomac au bords des lèvres tandis qu'un deuxième coup de poing s'abattit sur elle, la jetant à terre dans un bruit de verre cassé. L'ego ravivé par sa position dominante, l'homme retira sa veste à la scientifique avec une telle force que celle-ci se déchira. Il fouilla les poches, se colorant les mains du sang que contenait autrefois les fioles d'échantillons maintenant brisés. Il sentait les petits bout de verres se frotter à ses doigts tandis que ceux-ci fouillait dans les renfoncements de tissus du vêtement. Soudain, il trouva ce qu'il cherchait: le fameux petit sac en cuir brun. Le caporal chef s'essuya les mains sur les habits de sa compagne toujours au sol, et tira lentement sur les deux liens qui maintenait la poche fermée.

Quelques cachets s'y trouvaient, mais loin de contenter l'homme, cela le rendit encore plus furieux.

" Hey ! Espèce de merde, il y en avait largement plus dans le sac tout à l'heure! On en est là ? Tu caches déjà tes prochaines prises pour que je t'empêche de les prendre ? Dis-moi où tu as mis les autres, tout de suite !"

Seul le silence lui répondit. Hange face contre terre, pleurait en silence. Une à une, les larmes pointaient à ses yeux, roulaient sur son visages et finissait par rejoindre sans bruit les pavés, entre lesquels s'échappaient quelques touffes d'herbes, brûlées par l'urine des alcooliques qui passait trop souvent par là.

"- Je veux savoir où tu les as planqué putain ! Hurla Levi alors que sa botte venait de cogner brutalement le tibia de la femme

- Stop ! Arrête ! ils sont dans la doublure, un tout petit trou m'a permis de les faire passer ! Jettes-les mais arrêtes ! Ne me tapes plus s'il te plait! "

Sans un merci, il déchira à nouveau le tissu jusqu'à ce que quelques éclats blancs s'en échappent et tombe au sol, roulant encore quelques instants entre les pavés sales. Encore bouillonnant de rage, il écrasa son pied à plusieurs reprise jusqu'à les réduire en une fine poudre blanche qui se dissolvait petit à petit dans la boue entourant les pierres. Une fois cette tâche terminée, fatigué de s'être tant énervé, il posa son front sur le crépis blanc d'une des maison bordant la ruelle. Il ferma les yeux. Plusieurs minutes passèrent sans que rien ne bouge, Hange, toujours trop choqué par ce qu'il venait de se passer était restée prostrée au sol pendant que son compagnon profitait de la fraicheur contre sa tête pour calmer ses émotions. Cependant, à mesure que la rage refluait, un autre sentiment encore plus désagréable s'attachait à ses tripes jusqu'à secouer son être en entier: le remord.

Alors, doucement, il se glissa à terre aux côtés de sa petite-amie. Tira lentement sur ses épaules jusqu'à l'amener à se lover contre son torse.

" Je suis désolé Hange. Tellement désolé. C'est impardonnable."

Il déboutonna alors un bouton de sa chemise et se servit du tissu pour essuyer avec douceur les joues de la femme.

" J'ai eu tellement peur. je ne veux tellement pas te voir replonger, je tiens trop à toi pour te laisser repartir dans cette direction. Ça m'as mis hors de moi quand je t'ai vu en prendre un."

L'intéressée ne répondit rien, regardant simplement l'homme avec de grands yeux bruns voilés encore par le choc.

" Maintenant, viens avec moi, on va chercher nos chevaux, retourner à l'ancien QG et je te laisserai choisir si tu veux dormir avec moi ou toute seule. Après ce qu'il vient de se passer, je comprendrais absolument que tu choisisses la deuxième option."

Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant