Chapitre 49

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Voir sa petite amie craquer à ce point avait été pour Levi une épreuve extrêmement éprouvante. Les cris lui allaient droit au cœur. Prenant sur lui, il avait cependant fallu qu'il se contienne un maximum pour éviter d'afficher leur relation, d'autant plus qu'Eren était à côté. Le cœur lourd de ne pouvoir la consoler, il décida de battre en retraite afin de s'épargner ce spectacle.

" Viens Eren, la police va venir."

La journée entière se passa sans un signe de la scientifique, l'inquiétude taraudait l'homme aux yeux gris sans qu'il n'arrive à s'en défaire. Le soir venu, une fois Eren enfermé dans son cachot, Levi craqua.

Il enfila rapidement les habits de ville qu'il avait ramené à l'ancien QG puis descendit pour harnacher son cheval. Ses sens aux aguets, il évita de se faire repérer alors qu'il quittait son poste. A cette pensée ses dents se serrèrent, si quelqu'un le reconnaissait en ville s'en était fini pour lui comme pour le bataillon. Enfin loin des yeux et des oreilles des soldats qui montaient la garde, il lança son cheval au galop. 

Un léger dégoût de lui même l'envahit, lui, qui avait interdit ses cachets à Hange pour qu'elle ne mette son corps d'armée en danger, le mettait dans une position tout aussi délicate afin de libérer son esprit. L'herbe grasse et les chemins poussiéreux laissèrent bientôt place aux pavés. La ville l'entourait maintenant. Il rabattit sa capuche sur sa tête avant d'attacher sa monture. Il était encore bien loin du centre-ville, cependant, monter entre les grands bâtiments luxueux jusque dans les bas-quartiers le rendrait encore plus repérable. Il marcha d'un pas rapide vers les beaux quartiers puis continua jusqu'au QG du bataillon qu'il infiltra rapidement. S'il y avait un avantage à avoir perdu tant de nuit à surveiller la femme, c'est qu'il connaissait maintenant deux entrées possibles non surveillées. Prestement, de façon à ne pas se faire prendre, il fouilla sa chambre, son laboratoire et les sanitaires mais ne trouva pas la scientifique. Déçu, il sortit par la fenêtre qu'il connaissait si bien et se rendit dans les mauvais quartiers. Rapidement, le bar du père de Boris se profila devant lui et le rythme, déjà assez élevé qu'il avait eu pour marcher jusque là accéléra.

Cependant, quand sa main frôla la poignée, il entendit des voix résonner à l'intérieur. Avisant la rue, le soldat décida de coller son oreille au battant.

"- Je sais qu'on en a déjà parlé et que tu n'es pas d'accord mais là j'ai besoin de ton aide. J'ai plus de fric.

- Et tu penses vraiment que je vais t'en donner pour tes expériences immorales ?

- Je n'avais pas le choix ! Tu le sais !

- Mais bien sûr que tu avais le choix ! Hurla l'homme qui semblait être le gérant. Tu peux juste abandonner ces putains de recherches !

- Et si je les abandonne hein ? Je les laisse partir dans la nature ? Je les laisse aller contaminer d'autre gens ? Je me rends responsable d'une possible épidémie ? Tu vois bien que tout ce que je peux faire est considéré comme immoral ! "

La gorge de Levi se serra, il en était maintenant sûr, il connaissait les deux interlocuteurs. 

" Je ne t'ai jamais dit de les abandonner eux ! Je t'ai dit d'abandonner les recherches ! Maintenant que tu les as conduit vers une mort certaine, tu as justement intérêt à t'en occuper ! Il serait temps que tu commences à avancer Hange ! Même moi qui suis quand même le père d'un de tes amis, j'ai réussi à continuer à vivre ! Ces recherches ne te mène à rien, elle t'emmurent juste dans le passé !"

Un silence écrasant se fit. L'homme aux yeux gris déglutit difficilement, devinant ce que sa petite amie allait dire.

"- Je ne suis pas emmurée dans le passé, commença cette dernière dont voix brisé dénotait clairement avec celle colérique utilisée tantôt, j'ai juste peur de mourir. Je ne veux pas nous voir mourir. 

- Comment ça ? 

- Le maladie de Boris..."

Le cœur du soldat derrière la porte fit un bond dans sa poitrine. Malgré les quelques jours qu'il avait eu pour s'y faire, le sujet restait épineux à entendre pour lui. Loin au fond de lui remontait déjà les effluves d'une tristesse infinie. Il n'eût cependant pas le temps de se laisser aller à la déprime que la voix de l'aubergiste tonnait déjà dans la pièce d'à côté, choqué :

"- Hange ! Tu m'as dit que les tests s'étaient révélés négatifs !

- Je vous ai mentit à tous. Toi, bien sûr, tu es négatif mais ce n'est pas notre cas... Geoffrey, Ingo, Lydia, Nora et moi... On est tous positif. Je ne voulais pas vous faire peur, je ne voulais pas que vous viviez comme moi avec la sensation de cette épée de Damoclès au dessus de vos têtes."

Un grand silence s'ensuivit. L'oreille toujours collé au battant de la porte d'entrée, Levi entendis des bruits de pas s'éloigner. Une porte grinça.

"Geoffrey ? S'écria Hange, tendue. Que fais-tu là ?"

Quelques secondes passèrent. Quelques sanglots étouffés par les deux portes maintenant fermés se faisait entendre.

"Tu as tout entendu, je suppose."

Le caporal chef avait fermé les yeux, la distance et la matière entre lui et les deux amis rendait toutes paroles à peine audible.

"Je suis désolé que tu ais eu à l'apprendre comme ça. Ne m'en veux pas s'il te plaît."

Une gifle retentit. Le choc et la douleur de l'homme semblait s'être transformé en une rage sourde envers la femme.

"- Tu comptais nous le dire quand ? Une fois rentré dans une boite en sapin ? 

- Je ne voulais pas que vous ayez à vivre ça vous aussi !

- Mais bien sûr ! On parle de nos vies, de la durée de celle-ci, de notre santé ! On aurait quand même le droit de savoir, non ? Cela nous concerne directement et tu te permets de nous mentir sur quelque chose d'aussi important ?"

La discussion s'arrêta là, Geoffrey était remonté dans sa chambre. Peu après, l'aubergiste était venu chercher la scientifique en pleurs et lui avait offert une bonne tasse de thé. C'est à ce moment là que Levi s'était décidé à entrer, faisant semblant de n'avoir rien entendu de la conversation de tantôt. 

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Oui, après tout ce temps je n'ai pas encore donné de nom au père de Boris... Il serait peut-être temps...

Je prends toutes vos suggestions. Ouais, je trouve ça cool que ça vienne d'un lecteur. 

Bon, grosse bise et à vendredi pour les lecteurs des Oubliés.

Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant