" - On va commencer par des questions simples. D'où te viens le truc sur ta peau ? C'est permanent ? Comment on appelle ça ?
- Un tatouage. C'est permanent... malheureusement."
Un silence pesant s'installa pendant si longtemps qu'Hange se demanda si la dernière conversation venait vraiment d'avoir lieu. La voix de Boris lui confirma qu'elle n'avait pas rêvé:
" - Donc il te viens d'où ?
- C'est une longue histoire.
- J'ai le temps. Grogna t-il sur un ton tellement menaçant que même Hange en frissonna.
- C'est une marque d'appartenance, ça te va comme explication ?
- Non. Développe.
- Je sais pas si tu te rappelle, mais il y a quelques années, peut-être quatre ou cinq ans. Il y a eu un nombre important de jeunes filles disparue. On ne les a jamais retrouvées. Ce sont en faite des criminels des bas-fonds qui mettaient toutes leurs économies pour monter à la surface, puis ils kidnappaient des enfants et redescendaient avec elles. Elles se retrouvaient bloquées sans papiers dans les bas-fonds et n'avaient d'autre choix que de plier l'échine devant leurs ravisseurs. C'est à ce moment que s'est crée dans la ville souterraine d'immenses réseaux de prostitution. Les jeune filles travaillaient pour le compte des personnes qui les avaient enlevés, donc leur rapportaient de l'argent et ces derniers le réinvestissait dans le prix du passage des escaliers pour augmenter encore le nombre de jeunes travailleuses du sexe. Les brigades spéciales ont finalement trouvé ces réseaux mais ils étaient trop vastes pour qu'elles réussissent à les démanteler, comme elles n'avaient pas d'autre choix pour stopper les disparitions, elles ont dû coopérer et financer les trafics.
- C'est bien beau cette histoire, mais quel est le rapport avec toi ?
- Je fait partie de ces filles.
- Ah. Par contre, tu as qu'il n'était pas possible pour vous de sortir des bas-fonds ?
- J'ai réussit. J'ai eu pas mal de chance à vrai dire... J'avais un client régulier qui me passait un pourboire en échange d'extras qu'il ne déclarait pas à mon patron. J'ai réussi à cacher tout cet argent jusqu'au moment où j'en avait assez pour mes payer des faux papiers et le prix de la montée des escaliers. Cependant, avec le pouvoir qu'avait le trafic, même à la surface je n'était pas en sécurité. Il me fallait donc une cachette et quoi de mieux que les brigades d'entrainement pour se cacher ? C'est étonnant non ? C'est à la fois l'endroit le plus dangereux pour moi si on découvre...ça et l'endroit le plus sécuritaire par rapport à eux."
La dernière phrase laissa Hange perplexe. Pourquoi les brigades d'entrainement était un endroit dangereux pour elle, s'ils découvrent son passé ? Selon son témoignage, elle semblait être la victime de toute l'histoire. Soudain, la jeune femme comprit que le "ça" ne correspondait pas à l'histoire de son amie mais à son tatouage, qui marquait son appartenance au monde de la prostitution. Ce trafic était de plus en plus réprimé par les brigades spéciales, et si l'on découvrait ces motifs sur sa peau, elle risquait bien plus que de perdre sa place dans l'armée. La réflexion de la binoclarde fut coupé par la conversation qui reprenait à côté.
"- Je suis désolé. Je ne dirait rien... promis.
- Tu as intérêt. Répondit Fré qui avait reprit sa nonchalance habituelle.
- Tu veux rester dormir avec moi ? Je peux te faire une place dans mon lit.
- Donc, commença t-elle d'une voix calme, tu viens de me menacer il y a quelques minutes et là d'un coup tu me propose de passez la nuit avec toi. T'es pas un peu chelou comme mec ?
- C'est vrai que vu comme ça..."
On entendit par la suite des bruits de pas, des grincements de parquets puis la porte claqua. Hange garda encore son oreille collée au mur quelques minutes mais plus rien ne se passa dans la chambre à côté. Dépité, elle se réinstalla dans son lit mais n'arriva plus à trouver le sommeil.
Le lendemain, tous se retrouvèrent en cuisine pour manger le premier repas de la journée. La jeune femme, malgré sa nuit à réfléchir, ne savait pas comment elle devait se comporter face à ses deux amis. Elle en voulait à Fré d'avoir couché avec Boris, pourtant, elle avait envie de parler avec elle de son témoignage pour pouvoir l'aider. Elle décida de rester à l'écart préférant toutes ces pensées qui tourbillonnaient dans sa tête au fait de choisir quel comportement adopter. Une tasse apparut soudain dans son champ de vision et fut posé sur la table devant elle.
"- Du thé noir. Boit-ça, ça te fera du bien. Tu as une de ces tête toi !
- Merci... Boris."
Le garçon attendit que ses compagnons ne regarde pas, puis articula: " Alors ?". Perturbé par cette question soudaine et dérangé dans ses réflexions, Hange ne sut pas immédiatement de quoi le maigrichon voulait parler.
" -Alors quoi ? demanda t-elle à voix haute, choquant son ami.
- Le thé que je t'ai fait gouter hier soir, au mot "thé" les sourcils de Boris se levèrent pour faire comprendre à l'adolescente le vrai sens de la phrase: il parlait des petits cachets blancs."
Cette dernière haussa les épaules avec une expression mitigé, puis décidant d'entrer dans le jeu de son ami, elle attrapa sa tasse et la porta à ses lèvre avant de dire:
"- Meilleur que celui-là.
- Ah ! Tu vois quand je te disait qu'il te fallait pas un truc trop fort !"
Soudain, un homme immense rentra dans la petite cuisine. Il était si large et haut qu'il empêchait la lumière de rentrer plongeant les adolescents dans la pénombre. Il semblait chercher quelqu'un. Au bout de quelques secondes, sa main se posa sur l'épaule de Boris qui se trouvait juste devant lui. Il engagea la discussion de sa voix grave:
"- Alors les jeunes ? Bien dormis ?"
Tous secouèrent la tête dans un signe affirmatif, trop apeuré par se géant pour oser parler.
" Ah c'est cool ça ! Désolé, j'aurais bien aimé vous accueillir hier mais j'étais occupé. Vous parlez de quoi ?
- Euh... Actuellement de thé. Osa Hange, intimidé.
- Alors ça ! Commença l'homme,alors qu'un énorme sourire s'étalait sur sa large face. Tu es une amatrice de thé, hein ? On en croise pas souvent par ici. Vient avec moi, j'en ai plein à te faire goûter! Surtout le dernier que je me suis acheté, une vrai tuerie!"
La main se détacha de l'épaule du maigrichon qui adressa une grimace désolé à la binoclarde. Cette dernière eut à peine le temps de la voir qu'elle fut emprisonné entre deux avant-bras de la taille de jambons et trainée de force dans les fin fonds de l'auberge.
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Nuit tombée
FanficChaque soir, une fois la nuit tombée, une ombre se ballade dans le quartier général du bataillon d'exploration.