Chapitre 33

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Hange ne put réprimer un sourire. Boris la regarda sans comprendre, la binoclarde décida donc de se concentrer sur ce qu'elle avait dans les mains. Alors quelle avait saisi avec méfiance un des petits cachets blancs, l'adolescent aux cheveux noirs l'arrêta:

"- N'en prend pas tout de suite, on va bientôt manger. C'est pas vraiment fort mais je préférerais que les autres ne sache pas que tu as pris un truc. Préserve ta réputation...

- Mec, ce sont mes potes. J'ai pas besoin d'avoir une réputation devant eux.

- Fait comme tu veux. Répondit-il en haussant les épaules. Promet moi juste de faire gaffe à toi. N'en rachète pas. Tu utilise ce que je t'ai donné et tu oublie l'expérience. Les benzo ont tendance à endormir la méfiance, ils paraissent moins addictifs que d'autre substances donc les gens en prennent des plus grosses quantités et très souvent puis ils finissent totalement dépendants. Jure-moi de ne pas en acheter à nouveau.

- C'est bon t'inquiète pas, je suis pas conne non plus... Je te dois combien ? demanda Hange en sortant sa bourse.

- C'est un cadeau. Maintenant lève-toi, il faut qu'on aille manger."

La binoclarde s'exécuta, une fois debout, elle avala le cachet qu'elle avait gardé en main avant de suivre le garçon qui sortait de sa chambre pour aller chercher les autres. Elle le suivit et fit avec lui le tour des chambre de ses camarades puis ils descendirent tout les cinq dans la cuisine de l'auberge. C'était une pièce assez petite, noire et encombré. Dans la cheminée trônait une marmite à la propreté douteuse qui contentait des restes de soupe grasse et épaisse que l'on avait sûrement donné au clients le midi. Boris attrapa une grosse louche accroché avec d'autres outils sur une barre à ustensiles et commença à servir le repas dans des assiettes creuses qu'il disposa ensuite sur une vieille table tachée. Il coupa ensuite de larges tranches dans une miche de pain et sortit de la réserve un de ces fromages de chèvre au goût âpre et terreux qu'on ne trouvait que dans les auberges. Les amis s'assirent avec enthousiasme et commencèrent à manger, Hange se sentait calme, peut-être trop calme. Si calme qu'elle commença à somnoler alors que leur hôte se levait pour la deuxième fois afin de remplir le pichet d'un vin rouge bon marché à la saveur aigre. Au début, ses compagnons trop occupés à s'hydrater ne remarquèrent rien, puis l'inquiétude monta. A un moment, Geoffrey stoppa sa série de blague pour s'enquérir de l'état de son amie. Cette dernière justifia son état par la fatigue du voyage, elle s'excusa auprès des autres et remonta s'allonger dans sa chambre. Elle remarqua au passage que celle de Boris, que ce dernier avait laissé ouverte, était juste à côté de la sienne. Une fois installée sur son lit, elle s'endormit.

Des bruits de pas sortirent la jeune femme du sommeil peu profond dans lequel elle s'était plongé. On marchait dans le couloir. Au vu de la lourdeur des pieds qui s'enfonçait sur le vieux tapis poussiéreux et des rires et gloussements qui filtrait sous sa porte, Hange déduisit que ses compagnons remontaient, un peu éméché, du repas que Boris leur avait servit. Cela intrigua la binoclarde qui avait l'impression de n'avoir fermé l'œil que quelques secondes. Combien de temps avait-elle dormi ? Une heure, peut-être deux ? Son regard se porta autour d'elle à la recherche d'une horloge mais elle ne trouva rien. La fatigue continuant d'alourdir ses paupières, Hange décida de ne pas se lever pour trouver cette information si peu intéressante. Les bruits à coté se turent quand ses amis rentrèrent dans les pièces qui leur avaient été attribué, une fois le calme revenu, elle commença à somnoler.

D'un coup, la porte de la pièce à côté claqua, faisant sursauter la jeune femme. On entendait des bruits de pas, une personne s'agitait dans la chambre de Boris.

"- Alors bébé, tu n'es pas encore déshabillé ? Demanda une voix féminine qu'Hange connaissait mais n'arrivait pas à reconnaître.

- Je me dépêche, Fré. Ne t'inquiète pas. Répondit Boris de façon un peu pâteuse."

Ce court échange entendu à travers le mur fin de sa chambre réveilla totalement la binoclarde lui laissant un goût amer sur la langue. Une étrange sensation s'empara de son ventre alors  sentiment qu'elle avait du mal à reconnaître lui monta à la tête. Elle qui s'était tant donnée pour faire intégrer le garçon dans son groupe d'amis venait de se faire doubler par cette cruche dont le seul passe-temps était d'emmerder Ingo ? Ne pouvant rien faire d'autre, Hange décida de coller son oreille contre le mur sale afin de connaitre la suite des évènements.

Les ressorts du lits craquèrent dans la pièce à coté, signe qu'ils s'y étaient installés tout les deux. La chaleur sembla augmenter au grand désespoir d'Hange qui finit par entendre les respirations rauques et irrégulières de ses deux camarades. Une fois leur affaire finie, plus aucun son ne s'échappa de la pièce. Hange se détacha donc du mur et se réinstalla dans son lit, le moral dans les chaussettes. D'un coup, un bruit dans la chambre de Boris attira son attention. Elle se réinstalla le plus doucement possible près du mur afin d'entendre ce qu'il se passait à côté.

"-Il est où ce putain de porte bougie ? Il faut que je retrouve mes habits moi !

-Je sais pas, cherche, il doit être sur ma table de nuit."

Quelques instants se passèrent puis la conversation repris:

"-C'est quoi là sur ta peau ?

- Rien, ça te regarde pas.

- Allez, arrête de cacher. Je veux voir ce que c'est.

- Non tu ne verra rien."

Fré poussa un cri et Hange en déduisit que le jeune homme l'avait attrapé et qu'il observait l'adolescente.

" C'est étonnant, on croirait un dessin. Je crois que j'ai déjà entendu parler de ces pratiques quelques part. Tu n'es pas qui tu dit être, hein ?"

Un grand bruit résonna dans la chambre. La blonde avait sûrement donné une baffe à son amant, s'ensuivit des bruits de pas. D'un coup, la voix de Boris tonna à nouveau:

"Ne sors pas de cette chambre, sinon je révélerai ton identité, du moins ce que j'en sais. Tu va t'assoir sur mon lit et en échange de mon silence, je veux savoir qui tu es vraiment."

Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant