Nuit tombée

Chapitre 38

Les échantillons cliquetaient dans la poche du grand manteau noir d'Hange alors que celle-ci les caressait nerveusement. Étonnamment ces petites fioles la raccrochait à la réalité pendant qu'elle regardait le cercueil s'enfoncer dans l'énorme trou qui s'étalait devant eux. Boris revenait à la terre et celle-ci l'accueillait sèche et dure pour son dernier repos. Les porteurs funéraires soufflaient et suaient sous le soleil brûlant. Leurs pieds foulant l'herbe jaunie du cimeterre faisaient dégringoler un peu de terre claire et sablonneuse le long des parois de la fosse.

Quand l'enterrement fut fini, la petite foule rassemblée autour de la pierre tombale se dispersa. Hange ne bougea pas. Elle resta à regarder le marbre étincelant pendant de longues minutes. Même les pas lourds du père du défunt ne la tirèrent pas de sa rêverie. Il posa doucement sa grosse mains sur l'épaule crispée de la femme et l'attira à lui.

" Geoffrey, Nora et tous les autres t'attendent. Va avec eux s'il te plaît."

Deux larmes commencèrent à perler dans les yeux de la binoclarde alors que le géant lui caressait le dos pour l'apaiser. Les mains toujours dans les poches de son manteau, elle serra une des fioles avant de murmurer:

" - J'ai fait une connerie. Il y a deux jours, juste après que tu sois parti, j'ai pété un plomb.

 - C'est toi qui t'es introduit chez le thanatopracteur ?"

Elle acquiesça doucement.

" Je sais pas ce qui m'as pris. Ça me faisait trop mal de penser à notre dernière conversation tout les deux. J'ai voulu arrêter de culpabiliser, d'avoir mal. C'est la scientifique qui a pris le dessus, j'arrivai pas à croire à cette putain de mort. Il fallait que j'analyse, que je l'étudie pour arriver à accepter. Je sais que c'est con. Tu dois m'en vouloir affreusement, j'ai souillé la mort de Boris avec mes conneries.

- Non je ne t'en veux pas. Moi même j'aurais été capable de faire tout et n'importe quoi après avoir été informé et puis de toute façon je me doutais un peu de ton implication là dedans.

- Comment ça ?

- Ce protocole que tu as crée pour récupérer des échantillons. Il laisse des traces bien particulières... et puis un autre médecin ou scientifique aurait récupéré le corps en entier une fois le mort enterré."

Hange se détacha doucement de l'homme, un faible sourire aux lèvres. Après avoir échangé un regard légèrement amusé avec le géant, elle pris un air sérieux et annonça:

"Ce n'était pas une pneumonie ordinaire, enfin je ne pense pas... J'ai eu la chance d'arriver avant que le thanatopracteur commence son travail, le sang que j'ai pu récolté avait quelque chose de très bizarre. En le séparant et en faisant un comptage, j'ai remarqué qu'il avait un taux de lymphocytes assez faible. Ça me perturbe beaucoup. Je pense que c'est en partie une raison de sa mort."

La bouche du géant forma un rond parfait pendant plusieurs secondes. Il s'était figé tiraillé entre la stupéfaction et la douleur. D'un coup son corps se remis en marche et ses mains tremblantes partirent fouiller dans une des larges poche de son pantalon. Peiné par le spectacle d'un père tentant de se remettre du décès de son fils, Hange se rapprocha dans l'idée de le prendre dans ses bras. Cependant, quand son regard se porta sur le petit sac en cuir brun qu'il sortait de sa poche, elle se stoppa assailli sous le flot des souvenirs et sensations. Cet objet était identique à celui que Boris lui avait donné il y a quelques années. Alors que le géant détachait les deux liens de cuir, révélant une quinzaine de petit cachets blancs, ce sentiment de calme et de sérénité qu'elle avait connu après chaque consommation se transforma en un besoin impétueux dans son esprit. Ses barrières mentales lâchèrent alors qu'elle se saisissait de la poche qui ressemblait à une bourse. La matière chaude épousa la forme de la main de la femme qui s'empressa d'attraper deux comprimés et de les fourrer dans sa bouche. 

"Hé ! Madame prends ses aises ! Ne demande pas surtout !"

Après quelques instant de réflexion où elle tenta de lui rendre le reste de ce qu'elle lui avait volé, l'homme refusa de sa voix grave:

"Tu sais quoi ? Garde le sac, je te l'offre à condition que tu en fasse un usage raisonnable. Moi je pense ne pas y arriver avant un bon moment."

Il se retourna après avoir lancé un dernier regard triste sur la tombe de son fils, et s'éloigna sur la petite allée bordé d'arbres noirs et tordu avant de disparaître dans le labyrinthe de rues que formait la ville. Hange rejoignit ses amis et tous se dirigèrent en silence vers l'auberge. On leur servit un repas qu'ils mangèrent rapidement avant de grimper dans une des chambre qu'on leur avaient attribué. Ils s'assirent sur le vieux parquet grinçant de la pièce et Nora commença d'une voix endeuillé :

" Vous vous souvenez de la journée au lac juste après la fin des brigades d'entrainements ?"

Tous opinèrent. Ils passèrent la soirée, les yeux brillants d'émotion, à se raconter leurs meilleurs moments passé avec le gringalet. Vers dix heures du soir, Geoffrey, qui était censé dormir dans la chambre où ils se trouvaient, se leva sous les regards interrogatifs de ses compagnons. Il fouilla quelques instant dans ses affaires avant de sortir trois bouteilles au contenu clair. fière, il les passa à ses camarades qui s'empressèrent de les ouvrir. L'alcool tourna dans l'assemblée. Seul Nora et Fré, qui avaient bu un peu au début avant de refuser toutes les bouteilles qu'on leur proposaient, continuaient de parler d'une voix claire. La conversation des autres se faisait de moins en moins cohérente et compréhensible à mesure que la soirée passait. Rapidement, les deux femmes tentèrent de calmer la consommation de leurs amis mais personne ne les écouta. Irrité par le comportement du reste du groupe, elles s'éclipsèrent et rejoignirent la chambre qu'elles partageaient dans l'indifférence générale.

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Je suis déjà en train de réfléchir aux bonus de fin de partie... comme je n'ai pas d'idée,(enfin si, une, mais celle-là est un secret 🤐) une FAQ ça vous tente ?