L'armée s'était remise en marche. Depuis maintenant quelques jours, Hedda et ses troupes se dirigeait en direction du Sud. Il avait été conclu qu'une partie des soldats iraient prêter main forte au duc d'Arun, à la duchesse d'Ansburg, au vicomte de Groff et au comte de Djorg, tandis qu'Hedda mènerais le reste des troupes à Bekkur, la ville principale de la vicomté de Franes. Un messager venant de la part du duc d'Arun, le père de Gaora et Fjorn, leur était parvenu et il ne leur avait pas rapporté de bonnes nouvelles. Les troupes de Rurik, venant du duché de Gorurn, prenaient peu à peu le dessus, soutenues par la comtesse de Botn, le duc de Rorun et une même une faction de soldat du domaine de la couronne. La situation se présentait mal et le temps leur était comté.
Hedda regarda autour d'elle. Elle devait accélérer le pas. Encore. Heureusement pour elle, les soldats, galvanisés par leur récente victoire, semblaient supporter le rythme soutenu de leur avancée. Du coin de l'œil, elle repéra Fjorn, un air inquiet sur le visage. Tout comme Gaora, restée au château pour s'occuper du duché, le jeune homme était très inquiet pour son père. Hedda savait que le vieux duc était assez âgé, cependant elle savait aussi qu'il restait un guerrier hors pair qui avait, plus d'une fois, sauvé la vie de ses parents pendant d'anciennes batailles.
La jeune reine jeta discrètement un regard vers Afzal'h. Ce dernier ne lui avait pas vraiment reparlé depuis leur dispute, si cela pouvait être appelé comme ça. Il se contentait de lui adresser la parole pour le strict minimum. Vadir, observateur, lui avait posé quelques questions sur cet assagissement soudain d'Afzal'h qui semblait ne plus être aussi cynique qu'auparavant, mais Hedda n'avait rien voulu lui dire.
Finalement, la troupe franchit le dernier village du duché d'Arun. Après celui-ci, la frontière avec la vicomté de Franes n'était plus très loin. À partir de là, les troupes allaient se séparer en deux. La majeure partie irait avec Hedda, tandis que le commandement de la seconde reviendrait à Odd, accompagné Vidkun, le duc de Korn ainsi que de Ragnar et Thora.
« Hedda, l'appela Odd en arrivant à sa hauteur, c'est ici que nos chemins se séparent. Nous devons à présent nous dirigé vers l'ouest.
-Bien. Nous nous retrouverons à Bekkur, une fois que vous aurez vaincu les troupes de Rurik. »
Odd hocha la tête, mais au lieu de repartir il resta à ses côtés silencieux. Hedda lui jeta un coup d'œil et remarque que son visage était marqué par l'hésitation.
« Qu'est-ce que tu as, Odd ? Ne me dis pas qu'un grand guerrier comme toi ne sait pas gérer des troupes. » Dit-elle, amusée. « Je peux toujours confier le commandement à messire Vidkun.
-Quoi ? Non ! » Se rebella-t-il. « C'est autre chose. Mmh... Quelque chose qui me parait étrange, mais je ne saurais comment aborder le sujet.
-Fait donc !
-Et bien... C'est un peu gênant... Comment dire... Disons que, parmi les chefs des tribus sangs gelés, la nature de votre relation avec Afzal'h est plus ou moins de notoriété publique. Je ne sais pas si les ducs sont au courant. » Dit-il en voyant la mine contrariée de sa reine. « Mais, pour les chefs, c'est aussi voyant qu'une montagne. Honnêtement, aux vues des mœurs de nos tribus, cela n'a rien de choquant et j'irais même plus loin en disant que nous n'en avons rien à faire. Mais, de la même manière, le comportement d'Afzal'h ses derniers jours ne nous a pas échappé non plus. Et, il me parait important de vous prévenir de la demande d'Afzal'h. Il est venu me dire hier qu'il voulait faire partie des troupes partant à l'ouest avec moi. Lorsque je lui ai demandé vous étiez au courant et si vous aviez donné votre accord, étant donné qu'il reste un membre de votre conseil restreint, il m'affirmé que oui, mais très honnêtement, malgré l'excellent menteur qu'il l'est, je ne l'ai pas cru. »
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Les Yeux de la Chouette
FantasyC'est le choc pour Hedda, l'héritière du royaume de Borun. Elle, qui avait eu jusque là une vie paisible, découvre à ses dépends la signification du mot "complot" et perd tout ce qu'elle possède en l'espace de deux semaines : ses parents, son trône...