Les Yeux de la Chouette

Chapitre 26

Depuis maintenant une semaine, les troupes d'Hedda attendaient que le château de Bekkur se rende. Le siège avait commencé dès leur arrivée. En voyant l'armée approcher, une partie des villageois qui habitaient non loin de la place fortifiée avaient décidée de fuir, tandis que les autres avaient trouvé refuge dans le château. Hedda et ses soldats avaient ainsi mis en place un blocus dans l'espoir de voir le vicomte se rendre. Malheureusement, ce dernier ne semblait pas de cet avis. Il devait être convaincu que Rurik viendrait lui porter secours. Or, la jeune femme n'avait pas le temps d'assiéger pendant plusieurs semaines, voire mois le château. Elle devait trouver un moyen de percer ses défenses afin de l'investir.

Heureusement pour elle, la vicomté de Franes n'était pas une contrée très riche, tout comme le vicomte. Le château était donc relativement petit et ses défenses aussi. Un plan avait donc été mis en place dès leur arrivée. Si tout se déroulait selon le plan, les murailles du château ne tiendraient plus longtemps. Bien que fait de pierres, elles étaient loin d'égaler les fortes et hautes murailles du duché d'Ansburg ou encore du duché de Gorurn. Les murailles n'étaient même pas dotées de douves. Dans sa tente, Hedda était siégeait à la table de son conseil, à sa droite, Vadir et à sa gauche Fjorn.

« Les catapultes ainsi que les mines* et les béliers seront finis dans les temps, Votre Majesté. » Dit Audar, le duc du Varolf.

« Bien, nous attaqueront cette nuit. Je veux que ce soit rapide, efficace et propre. Est-ce clair ? le moins de victimes possibles et les soldats ne devront pas s'en prendre aux villageois qui se rendront. Ma prétendue réputation de traitresse me poursuit et il faut penser à l'avenir. Je ne veux pas que le peuple doute de ma légitimité. Moins nous ferons de pertes au sein du petit peuple, plus on nous fera confiance. Est-ce clair ?

-Bien, Votre Majesté. » Répondit Fjorn. « Le message sera transmis aux soldats. Que voulez-vous faire du vicomte et de sa famille ? Nous ne pouvons pas les laisser gambader comme ils veulent après leur trahison. »

Hedda se tut quelques instants. Elle n'avait pas encore réfléchi à cela et la décision qu'elle prendrait pourrait influencée l'avenir du royaume.

« Le vicomte sera exécuté. » Dit-elle finalement. « Je ne peux pas laisser impuni son crime, mais aucun autre membre de sa famille ne devra être blessé. Ou du moins gravement.

-Si je peux me permettre, Votre Majesté, osa Audar, il me semble que ce sera Anaska, sa plus grande fille, qui prendre la direction du domaine. Cette jeune femme semble vous ressembler sur bien des égards, si j'ose la comparer à Vous. C'est une guerrière qui ne renoncera pas à moins de périr et s'en prendre à son père pourrait la mettre dans une rage folle. Cela pourrait se retourner contre nous.

-Je ne peux pas laisser son crime et je ne veux pas la tuer alors qu'elle n'a, pour l'instant, manifesté aucune haine à mon égard. » Répliqua Hedda avant de faire une petite pose durant laquelle elle réfléchit. « En revanche, c'est une menace à prendre au sérieux. Nous ferons donc en sorte qu'elle ne puisse pas se retourner contre nous. Si je ne dis pas de bêtise le quatrième enfant du duc est un petit garçon d'environ 7 ans issu de son deuxième mariage qui se prénomme Sébas. Il sera envoyé comme pupille du duc d'Arun à Skórborg auprès de Gaora. Si sa sœur nous trahi... et bien, même si cela ne m'enchante pas, nous prendrons les mesures nécessaires. Ce petit chantage devrait empêcher Dame Anaska d'agir sur un coup de tête. »

Bien que retissant à l'idée d'utiliser la vie d'un enfant comme chantage, tous autour de la table hochèrent la tête. Hedda n'était pas fière de cette décision, mais c'était la meilleure chose à faire. La jeune reine poussa un soupire avant de se redresser.

« Bien, vous pouvez disposer. » Reprit-elle en se levant. « Préparez-vous, nous attaquerons au plus sombre de la nuit. »

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