Chapitre 17

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            Une fois coupé du monde extérieur dans la tente d'Hedda, Afzal'h s'assit sur un des sièges mis à disposition dans la pièce. Hedda l'imita, tandis qu'il sortait de son mantel une lettre dont le cachet en cire bleu avait été brisé.

« Qu'est-ce ? » S'enquit Hedda, les sourcils froncés.

« Nous avons reçu une missive. Elle semble venir du château de Sigrbørg.

-Pardon ? » Hedda se redressa sur son siège, les mains posées sur le dossier. Avait-elle bien entendu ? « Une missive de mon oncle ?

-Non ! Absolument pas ! » Rectifia Afzal'h. « L'envoyeur n'a pas donné son identité. Nous supposons qu'il est soit un membre de la cour, soit un membre du personnel travaillant pour la couronne.

-Que contient la lettre ?

-C'est le plus étonnant. »

Afzal'h passa sa main derrière sa nuque, gêné ou effrayé par la réaction qu'aurait pu avoir la jeune femme. Il se racla la gorge et tandis le parchemin à Hedda.

Le papier était noyé par une marée d'encre noire. Hedda parcourut rapidement la feuille des yeux et fut impressionnée par la quantité d'informations qui se déroulaient sous ses yeux. La personne qui avait envoyé cette missive décrivait les évènements qui s'étaient passés après sa fuite : la tuerie de masse qui avait eu lieu dans le château afin d'épurer la Garde royale et la Garde des Glaces de tout potentiel partisan pour Hedda, le nom des nobles qui avaient été tués pendant la cérémonie du Temple, le nombre de soldats envoyés à ses trousses et leur retour les mains vides, la rage de Rurik. Tout y était.

Mais lorsque son regard arriva plus bas, la jeune femme sentit sa respiration s'accélérer, ses mains se crisper. Il était écrit, noir sur blanc, le nom des principaux complices du coup d'état de son oncle. Non sans surprise, Hedda vit le nom de Maitre Gunnar, mais elle dut s'y reprendre à deux fois lorsqu'elle lut le nom de Felba, l'épouse froide et austère de son oncle. Il était vrai qu'elle venait de la famille impériale du Royaume d'Orion, réputé pour son caractère conquérant, violent et avide de pouvoir, mais Hedda n'aurait jamais cru qu'une femme aussi calme et discrète, bien que rempli de haine pour cette vie dont elle ne voulait pas, aurait pu être membre d'un complot contre la couronne. Or, d'après la lettre, cette vipère aurait même soufflé l'idée à son chien de mari.

Une fois la surprise passée, Hedda continua sa lecture. Finalement, étaient indiqué tous les noms des seigneurs qui s'étaient, depuis le calme de leur château, plus ou moins opposés à son oncle et qui semblaient se déclarer en faveur de la jeune reine. Tout du moins, tous ceux qui ne s'étaient pas encore soumis à l'autorité de Rurik en lui prêtant allégeance. Parmi eux, Hedda remarqua des seigneurs relativement puissants pour son plus grand bonheur, notamment le duc de Korn, la duchesse d'Ansburg et le duc du Varolf. Tous les trois géraient trois des 7 plus grands et des plus puissants duchés du royaume. Il était écrit que les trois avaient refusé de jurer fidélité à Rurik et avaient réussir à s'échapper. Ils étaient depuis enfermé dans leurs châteaux respectifs. Hedda sut qu'il ne serait pas difficile de les rallier à leur cause car elle était leur seule chance de rédemption. Rurik allait sûrement envoyer ses troupes prendre d'assaut le château afin de ramener la tête des trois seigneurs au bout d'une pique dans les plus brefs délais.

Le Royaume de Borun étaient divisés en 26 fiefs dirigés par des seigneurs allant du duc au simple vicomte. D'après la lettre, en plus des 3 premiers ducs, 4 autres seigneurs semblaient favorables à une alliance avec la jeune femme : la duchesse de Finngard, le comte de Djorg, le comte d'Arun et la comtesse de Fribjorg. Si le nombre pouvait paraitre petit, beaucoup de seigneurs n'avaient pas réellement pris position, par peur ou par désintérêt, et une douzaine de comtes et ducs s'étaient rallier à la cause de Rurik. Le nom de certains apparaissaient d'ailleurs plus haut parmi les traitres à la couronne. Hedda semblait donc en infériorité numérique par rapport à son oncle. Elle devait trouver un moyen de rallier des seigneurs au plus vite.

Les Yeux de la ChouetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant