Les Yeux de la Chouette

Chapitre 32

Lorsqu'elle vit Afzal'h, son cœur manqua un battement. Il était là. En vie. Sain et sauf. Devant elle. Certes, les nombreuses blessures qui ornaient son visage ainsi que son torse nu montraient à quel point les dernières semaines avaient été dures pour lui, pourtant il était bel et bien là. Son corps était dans un piteux état, mais pour Hedda qui n'avait même plus l'espoir de le revoir en vie, avoir devant elle un homme capable de tenir sur ses deux jambes était surréaliste.

En entendant la tente s'ouvrit, le jeune homme qui se faisait soigner ses nombreuses plaies par Folki, le grand roux qui avait déjà soigné Hedda, releva le regard. A peine vit il la jeune femme qu'il repoussa l'homme qui le pansait pour s'avancer vers elle, la jambe légèrement trainante, sûrement à cause à une blessure.

Le mouvement d'Afzal'h parut remettre en marche Hedda qui s'élança vers lui avant de le serrer contre elle. Sentir la chaleur de sa peau finit de lui faire comprendre qu'il était bel et bien devant elle. Vivant. Derrière eux, le guérisseur s'éclipsa doucement, mais les deux ne le remarquèrent même pas tellement étaient-ils concentrés à scruter les trains de l'autre.

Hedda, les larmes aux yeux, observa longuement son amant. Ses traits étaient tirés par l'épuisement et marqués par des semaines de torture. Un hématome jaunissant par endroit ornait son œil, tandis que son nez tordu portait les sévices de nombreux coups. De profondes coupures ornaient le reste de son visage et ses lèvres semblaient avoir éclatées sous les coups. Heureusement pour lui, ses blessures semblaient déjà guérir montrant que son évasion datait de plusieurs jours, sûrement le temps qu'il lui avait fallu pour parvenir au campement.

Hedda posa ses mains tremblantes sur ses joues et effleura ses lèvres. Devant tant de douceur, Afzal'h posa sa main sur la sienne et cala sa joue contre celle-ci, les yeux fermés.

« Tu... » Commença-t-elle dans un murmure. « Que t'ont-ils fait ?

-Je vais bien. » Répondit-il en ouvrant les yeux.

Voir enfin la couleur chaude de ses yeux sombres rassura Hedda, lui enlevant un poids dont elle n'avait même plus conscience des épaules. Avec toute la douceur qu'elle possédait en elle, Hedda embrassa Afzal'h qui répondit en enroulant ses mains à l'arrière de sa tête, approfondissant encore plus le baiser.

« Tu m'as tellement manqué. » Souffla-t-il en se décollant. « Pas à jour ne passait sans que je ne pense à toi. »

« Si tu savais comme je suis désolée. » Murmura-t-elle, la voix pleine de sanglots.

« Chut... » Il la serra contre lui. « C'était ma décision que de partir là-bas. »

« J'ai cru que tu étais mort. Ne me laisse plus jamais. »

Afzal'h ne dit rien, mais la serra toujours plus fort.

« Désolé... » Murmura-t-il après quelques instants. « Si tu savais comme je suis désolé, moi aussi. »

Hedda se décolla de lui.

« Pourquoi ? »

Ses mains vinrent épouser le visage d'Hedda et Afzal'h plongea son regard dans le sien comme s'il cherchait une réponse au fond de son regard.

« Je... Pour t'avoir laissé seule... Au milieu de ce chaos. J'aurais aimé être là du début à la fin. »

La jeune femme entoura à son tour son visage de ses mains, souriante.

« Tu es là maintenant. Pour le plus important. Rurik va payer pour tout ce qu'il a fait. Pour ce qu'il t'a fait. »

Afzal'h sourit tristement et embrassa la jeune femme.