Lorsqu'Hedda sortit de la crypte, la lumière naturelle du soleil l'aveugla pendant quelques secondes. À ses côtés, sa mère franchit elle aussi l'entrée de la crypte suivis par le reste de la cour. La haute-cour du château ne tarda pas à se remplir.
« Ma fille, il nous faut discuter. » La voix de la reine n'était qu'un murmure.
Surprise, Hedda se tourna vers elle.
« Suis-moi. »
D'un geste habile de la main, Djada appela les gardes chargés de sa protection qui étaient de la Garde des Glaces à la grande surprise d'Hedda. Puis la reine se mit en route, esquivant avec agilité les membres de la cour qui cherchaient à lui à présenter leurs condoléances. Hedda suivit sa mère dont le pas se faisait pressant. Les deux jeunes femmes suivis des gardes sortirent de la haute-cour et entrèrent dans le donjon où se situait les appartements royaux.
Lorsqu'elles furent enfin à l'abri des oreilles indiscrètes dans les appartements de la reine, celle-ci se défit de son mantel qu'elle laissa négligemment posé sur une chaise près du feu congédiant d'un simple regard la femme de chambre qui venait d'entrer. Sa fille fit de même d'une main moins assurée car elle était habituée à être assistée par une servante dans ce genre de tâche. Elle posa son habit en observant la pièce autour d'elle : une grande antichambre réchauffée par un feu ardent et où siégeait une table en bois et plusieurs chaises. Sa mère lui lança un regard courroucé.
« Une guerrière, princesse ou non, devrait être capable de se dévêtir seule. » La voix de sa mère était dure. « Ton père t'a définitivement trop gâtée, ma fille. Il serait temps de comporter comme la guerrière que tu es. Oublie-tu tes origines tribales ? »
Le visage d'Hedda se teinta de rouge. Elle ne savait que dire. En réalité, la jeune fille admirait trop la guerrière que sa mère était pour oser la contredire. Sa mère soupira. Sa fille, bien que puissante au combat, devait définitivement s'endurcir avant de monter sur le trône. La reine chassa ses pensées. Elle n'avait pas beaucoup de temps.
« Hedda, assieds-toi. »
La jeune fille releva la tête, intriguée par le ton de la voix de sa mère. Puis, suivant ses ordres, la jeune fille prit place sur une des chaises disposées autour de la table. Djada la fixait. Pourtant, elle ne semblait pas voir la jeune femme, son regard était plus lointain.
« Que se passe-t-il, mère ? » Dit Hedda devant le silence de sa mère.
« Je me dois de te révéler certaines choses sur la mort de ton père. Nous nous étions mis d'accord pour ne pas t'en parler, mais je pense qu'il est plus que nécessaire que tu saches ce qu'il se passe. »
Djada prit place sur une chaise face à sa fille. Son regard était moins froid qu'auparavant et la jeune fille devinait la douleur derrière le bleu polaire de ses yeux. Hedda sentit sa poitrine se serrer. Elle avait un mauvais pressentiment. Sans attendre d'avantage, la reine prononça ces mots qui firent sombrer le cœur d'Hedda :
« Feu mon mari, ton père n'est pas tombé malade. Il a été lâchement assassiné. » La reine dit la dernière phrase les dents serrées, la haine transparaissant dans sa voix.
À ses révélations, la tête d'Hedda se mis à tourner et elle eut l'impression de recevoir un coup de massue sur la tête.
« Pardon ? » La jeune fille avait une voix étranglée. « Qui ? Qui a fait ça ?
-C'est bien ce que je tente de découvrir. » La reine se pencha en avant. « Cependant, tout porte à croire que ce n'est pas fini. Les oreilles de Maître Egil m'ont rapporté que des rumeurs de complots circuleraient depuis quelques temps. Personne ne saurait de qui elles proviennent, ni pour quel motif, mais ils s'accordent à dire que cette personne en veut à la couronne. Bien entendu ce ne sont que des rumeurs auxquelles nous n'avions pas réellement porté d'importance jusqu'à maintenant, mais aux vues des évènements... »
VOUS LISEZ
Les Yeux de la Chouette
FantasyC'est le choc pour Hedda, l'héritière du royaume de Borun. Elle, qui avait eu jusque là une vie paisible, découvre à ses dépends la signification du mot "complot" et perd tout ce qu'elle possède en l'espace de deux semaines : ses parents, son trône...