Je sentais la douceur de mon sweat contre mon front. J'avais les yeux fermés et je ne pensais à rien. En fait, j'étais complètement vide. Louca ne m'adressait plus la parole, j'étais terrorisée à l'idée de mettre un pied sur la glace et je ne devais rien laisser paraître de tout cela devant mon père qui avait déjà trop de soucis avec maman et son restaurant. Je n'avais toujours pas rompu mon partenariat avec Louca, mais je n'avais plus la force de soutenir son regard rempli, sans aucun doute, de haine. De toute manière, cela faisait trois jours que je n'allais plus aux entraînements. Assise dans le couloir, écouteurs dans les oreilles, je n'entendis pas la sonnerie retentir. Ce n'est qu'en voyant les autres entrer dans les classes que je m'en aperçus. La récréation était passée si vite. Je m'empressais de regrouper mes affaires et d'aller en cours. Pourquoi étais-je si stressée d'arriver en retard ? De quoi avais-je peur au juste ? Je ne voulais pas qu'on me remarque, voilà tout. J'étais redevenue Iris la discrète, celle dont personne ne se souvenait, mise à part Emma et Marine Franklin qui continuaient à me harceler dans les couloirs. Je ne disais rien, je faisais mine de les ignorer. Il fallait que je revienne à la réalité : je n'avais rien d'exceptionnel. Je n'étais pas une patineuse, je n'avais pas de talent, si ce n'est d'être la fille la plus discrète au monde.
Je rentrai en classe et m'assis à ma place. Candice passa à côté de moi, je lus dans ses yeux qu'elle s'inquiétait pour moi. Elle ne savait pas que j'avais abandonné la danse sur glace, je ne savais pas comment elle allait réagir quand je le lui dirais. Je sortis mes affaires de mon sac et gribouillai un dessin sur la dernière page de mon cahier de maths. De toute façon, à quoi bon écouter ma prof ? C'était le même rituel à chaque début de cours : d'abord l'appel, puis elle vérifiait notre travail. Je relevai brusquement la tête. Oh non ! C'était une catastrophe. Avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours, j'avais complètement oublié de faire mon devoir maison ! Je me mordis la lèvre inférieure.
La prof s'approchait de plus en plus de ma place. La panique s'empara de moi. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire ? Que j'avais oublié mon travail mais que, je le lui rendrai demain sans faute ? Elle ne me croirait jamais. Je me pris la tête entre les mains, complètement affolée. Ma respiration s'accéléra, mes mains tremblaient. Il fallait que je me calme. Après tout, pourquoi me mettais-je dans des états pareil pour un simple devoir ? Je sentis que mon coeur retrouvait peu à peu son rythme régulier. Je devais rester moi-même, lui dire la vérité tout simplement. Soudain, j'entendis les talons de ma prof juste derrière moi.- Mademoiselle Leblanc, montrez-moi donc votre travail au lieu de vous endormir, dit-elle sèchement.
J'ouvris les yeux.
- Je n'ai pas fait mes exercices madame, chuchotai-je en fixant ma trousse.
Il y eut un silence. J'eus l'impression que toute ma classe retenait son souffle, pendue à mes lèvres.
- Je n'ai pas fait mes exercices, répétai-je plus fort.
- Et on peut savoir pourquoi ? voulut savoir madame Franche.
Je me tournai vers ma prof. Ses yeux bleus me transpercèrent, pourtant je restai imperturbable.
- Ça ne vous arrive jamais à vous d'être vide ? lâchai-je. Je veux dire de ne plus avoir de rêves et d'espoir. Avoir l'impression que tout votre monde s'effondre et que vous êtes complètement seule.
Nouveau silence.
- Qu'est-ce que vous racontez mademoiselle ?
Elle était chamboulée. J'avais tant de rage et de tristesse en moi. Les mots sortaient de ma bouche naturellement, je sentais que ma gorge tremblait à chacune de mes paroles.
- J'ai fait confiance aux mauvaises personnes, et petit à petit je me suis laissée ronger, continuai-je. Je souffrais, mais je ne m'en rendais pas compte. J'avais peur de cette vérité. Aujourd'hui, j'ai pris conscience de tout cela, pourtant je continue à souffrir. Elles m'ont détruite. J'ai fait tant de sacrifices, pour rien.
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Un vent glacial
AdventurePeu de gens savent ce qu'est une passion. Seuls ceux qui en ont une comprennent vraiment le sens de ce mot. Depuis ma toute petite enfance je ne pense qu'à patiner. La danse sur glace est ma raison de vivre. Et pourtant deux garçons vont vouloir cha...