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Après m'être maquillée, je ne pus m'empêcher de me contempler dans le miroir. J'avais perdu quelques kilos, mon visage s'était adouci et j'étais plus sereine : j'étais devenue une autre personne. Malgré tout, mes cernes étaient devenues de plus en plus visibles, voilà trois jours que je n'avais pas dormi plus de cinq heures ! Je prenais sur moi, essayai de garder les yeux ouverts en cours. Je relevai mes cheveux blonds en un chignon impeccable. Je pris ma veste et mon sac de sport et sortis de chez moi.
Les oiseaux chantaient, l'air était frais et je marchais sous un ciel sans nuage. Il était dix-neuf heures et la soirée s'annonçait douce et agréable. Une joie de vivre se répandit en moi, je m'autorisai même quelques pas de danse au milieu de la rue.
Alors que je traversai le parking de la patinoire, Samuel accourut vers moi, haletant.

- Iris, tu es là, s'écria-t-il. Je t'ai cherché partout et tu ne répondais pas à ton téléphone.

- Ah ! Oui désolé, il était en silencieux, m'excusai-je. Qu'est-ce qui se passe ?

- Un couple de jeunes mariés a réservé la patinoire pour ce soir, m'expliqua t-il. Le mari a voulu préparé une surprise pour sa femme. Elle adore le patinage. Alors, un couple de patineurs était censé venir à la patinoire, mais ils ont eu un accident de voiture. Rien de grave, seulement ils ne pourront pas être là ce soir. C'est une catastrophe ! Puis, j'ai pensé à vous. Louca est déjà là, et maintenant, toi aussi.

- Attends ! Quoi ? m'exclamai-je. Tu veux qu'on fasse quoi ?

- Faîtes votre chorégraphie habituelle, lança t-il en me poussant vers l'entrée de la patinoire. Je n'ai plus que vous, sinon je suis perdu. Le marié va me tuer si je n'ai pas de spectacle pour sa chérie. Et puis tu me dois bien ça.

Je soupirai et souris. Il avait raison, lui, il avait toujours été là pour moi. Ce soir, c'était à moi de lui rendre service. La seule autre fois où j'avais dû être là pour lui, c'était à la mort de ses parents. Ils sont décédés dans un accident de voiture, alors qu'ils venaient rendre visite à Samuel. Ça a été terrible pour lui, je ne l'avais jamais vu comme ça. Le jour où ils sont morts, j'avais retrouvé Samuel au bar, complètement ivre. Il ne m'avait pas informé du tragique accident, mais je ne lui avais pas posé de questions. Je l'avais ramené chez lui grâce à un taxi. J'étais restée à ses côtés toute la nuit.
J'avais dit à mes parents que je dormais chez Candice. Et bien sûr, à l'époque, elle m'avait volontiers couverte.
Samuel et moi sommes restés main dans la main jusqu'à l'aube. Il a sangloté toute la nuit. Ce ne fût que le lendemain de l'accident qu'il m'annonça la nouvelle. Alors, je l'avais aidé à préparer les funérailles et je fus également présente lors de l'enterrement. Ça a été un moment très dûr.
J'entendais les chansons et les rires des mariés et de leurs invités. Coincée entre la cuvette des toilettes et la porte de la cabine, j'enfilai tant bien que mal la robe que m'avait prêté Samuel. Il l'avait trouvé dans la réserve de la patinoire et je l'avais trouvé magnifique dès l'instant où je l'avais vue.
Lorsque, prête, je sortis des WC, je retrouvai Louca, habillé élégamment, lui aussi, pour le spectacle qui nous attendait.

- On y va ? me demanda-t-il.

- On y va, approuvai-je.

Nous nous approchâmes de Samuel tandis que les jeux en tout genre s'enchaînaient sur la glace.

- Tenez-vous prêt, nous dit Samuel avant de rejoindre le centre de la piste.

Il échangea un regard avec le marié, puis s'exclama dans son micro :

- Votre attention s'il-vous-plaît ! Je vais vous demander de quitter la glace quelques minutes. En effet, ce soir, en ce jour exceptionnel, Monsieur Duval a tenu à offrir à sa tendre épouse un show dont elle se souviendra avec émotion toute sa vie! Alors que le spectacle commence ! Et vive les mariés!

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant