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Même si nous étions au début de l'hiver, mon col roulé me faisait suer à grosses gouttes et je regrettai dans l'immédiat l'avoir mis. J'avais enfilé une jupe en jean noire avec mon pull et en croyant mourir de froid j'avais rajouté un collant - couleur chair - mais maintenant je craignais d'avoir trop chaud, surtout si je dansais. J'espérai surtout que les semelles de mes Converse noires tiendraient le coup : elles ne dataient pas d'hier.
Les lumières des réverbères s'allumaient alors que le soleil disparaissait à l'horizon.
L'allée des coquelicots - dans laquelle je me trouvais - était complètement déserte, il n'y avait pas un chat, pas un bruit. Je fus un peu effrayée par les ombres des énormes maisons qui grandissaient à mesure que le soleil se couchait et je me demandais si je ne m'étais pas trompée de rue. Or, le numéro 11 devant lequel je me trouvais ne laissait apparaître aucun indice sur ce qui se trouvait derrière à cause du gigantesque portail qui me barrait la vue. Des murs de trois mètres s'élevaient de chaque côté de l'entrée et des immenses pics se trouvaient en haut du portail.
Je connaissais bien cet endroit, c'était un quartier riche. Les grandes maisons modernes et ultra-connectées qui m'entouraient le prouvaient parfaitement.
J'ai respiré à fond et me suis avancée lentement vers la sonnette du numéro 11. Les mains tremblantes j'ai actionné le bouton.
Un instant plus tard, j'ai entendu un déclic et le portail s'est ouvert lentement : Mathias m'attendait les bras grands ouverts de l'autre côté.

- Ah ! Je t'attendais, me dit-il un large sourire aux lèvres.

Il me poussa doucement à l'intérieur.
J'entendis un nouveau déclic, ce qui signifiait que le portail s'était refermé derrière nous.

- Allez viens, me lança-t-il.

Je le suivis sur un chemin de gravillons. L'immensité de sa maison me frappa en pleine figure. De grandes fenêtres et baies vitrées s'élevaient de toutes parts ce qui laissent deviner plusieurs étages. Les murs étaient peints en blanc et une gigantesque véranda occupait une grande partie du bas du bâtiment. Le toit servait de terrasse, je pouvais distinguer deux chaises longues en haut. Un balcon parsemé de fleurs se trouvait au dernier étage. Maintenant que je la regardais de plus près je me rendais compte qu'elle ressemblait plus à une villa qu'à une simple maison.
De chaque côté de l'allée dans laquellle nous marchions il y avait une immense étendue d'herbe verte émeraude. Chaque centimètre de la pelouse était égale, il n'y avait aucune brindille d'herbe qui dépassait plus qu'une autre.
Au bout d'un moment, l'allée tournait à droite et longeait la grande bâtisse. Nous continuâmes donc sur le chemin, mais je voulus le prévenir :

- Je dois partir à dix heures, j'ai quelque chose de très important à faire.

- D'accord comme tu voudras Iris, me dit-il gentiment.

Plus loin, un nouveau virage tournait en angle droit et encore un autre, contournant la villa à Mathias. Soudain, une odeur de barbecue pénétra dans mes narines et j'entendis des personnes parlées. En effet au bout de l'allée de gravillons, derrière le bâtiment, une énorme piscine rectangulaire était creusée dans le sol. Une dizaine de personnes se tenaient au bord de cette dernière, la plupart d'entre elles avec un verre à la main. J'en étais restée bouche bée.

- Alors ? C'est cool hein ? me dit Mathias avec un grand sourire.

Je n'eus pas le temps de répondre.

- Je vais te présenter aux autres mais avant il faut que je vois quelque chose avec Jules, continua-t-il.

Et il me laissa planter là et se dirigea vers un garçon blond de très haute taille qui était absorbé par la cuisson des chipolatas. Je fus frappée par sa stature mais je me suis détournée vivement quand je vis que Mathias me jetait un regard en biais. Deux filles en maillot de bain bavardaient les pieds dans l'eau, leurs coupes de champagne posées à côté d'elles. Près du barbecue un groupe de six personnes rigolait à gorge déployée. Enfin deux filles étaient accrochées aux bras d'un garçon brun au teint mat.
Sinon, je connaissais toutes les autres personnes présentes. En effet, depuis que Mathias et moi nous nous étions rapprochés, j'étais très populaire au lycée. Souvent, de nombreuses personnes venaient me saluer, cela me faisait bizarre. C'était bien la première fois qu'on s'intéressait à moi- mis à part Candice bien sûr.
Je n'avais pas remarqué Mathias qui s'approchait de moi et j'ai sursauté quand il m'a dit :

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant