Epilogue

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1 an plus tard...


Les paysages défilaient devant mes yeux. Nous étions en plein vol au-dessus de l'océan Pacifique. Je fermai mon carnet et rangeai mon crayon. Louca dormait à poings fermés à côté de moi. Il ressemblait vraiment à un bébé comme ça, la tête posée sur mon épaule. Maxence ne cessait de passer en boucle nos performances récentes aux différents Grands Prix et je l'entendais parfois marmonner des choses inaudibles à l'adresse de sa tablette. Je pensais à mon père, il devait être en train de regarder le programme TV de la semaine pour savoir la date à laquelle je passerais à la télé. Je songeais à ma mère et Christelle qui entraînaient les enfants de notre petite ville au patinage. Je m'imaginais très bien Samuel racontant aux clients de la patinoire mon parcours en exagérant certaines choses, comme à son habitude.
Je n'arrivais toujours pas à croire ce qui m'arrivait, tout s'était passé si vite. Tant de choses en si peu de temps : les championnats s'étaient enchaînés à une vitesse folle. Avec un nouveau programme pour une nouvelle saison, nous avions fait les Grands Prix, les championnats d'Europe, auxquels nous avions terminé à la troisième place ! Je n'en revenais pas. Si on m'avait dit ça un an auparavant j'aurais sûrement cru à une plaisanterie. Mais non. C'était réel.
Aujourd'hui, nous voilà partis pour la Corée du Sud pour une autre compétition, qui est sans doute la plus grande - après les Jeux Olympiques - de toutes : les championnats du Monde !
Ma vie avait complètement changé, et ce n'était pas grâce à Mathias. Et dire que je l'avais écouté, je m'étais laissée manipuler. Comment avais-je pu imaginer une seule seconde que la danse sur glace me faisait souffrir ? C'était lui qui avait gâché ma vie, pas quelqu'un d'autre. Heureusement, j'avais Louca. Mon partenaire, mon ami. Je ne serai jamais arrivée là sans lui.

- Réveille Louca s'il te plaît Iris, me lança Maxence en se retournant dans son siège. Nous arrivons.

J'ai acquiescé, puis j'ai tourné la tête vers le grand dormeur. Il était si paisible comme cela que je n'avais pas envie de le réveiller. Mais, j'avais tout de même envie de rigoler un peu. Prenant la voix de Christelle, je lui ai dit à l'oreille.

- Allez, allez ! On se dépêche !

Il a sursauté et je me suis gentiment moquée de lui.

- Très drôle ! rigola Louca. Tu sais que tu imites très bien ma tante ?

- Je devrais peut-être arrêter ma carrière de patineuse et devenir imitatrice, tu ne crois pas Louca ?

- Oh que non, tu es bien meilleure danseuse sur glace, crois-moi. Et puis, je ne serai rien sans toi.

Je rangeai mon carnet dans mon sac.

- Tu as fini d'écrire ton livre ? me demanda Louca.

- Tout à fait, répondis-je. Toute mon aventure est rédigée, jusqu'à notre victoire aux championnats de France. Mais je devrais presque dire, toute NOTRE aventure.

- Et dire que, peut-être, un jour, ton histoire sera éditée.

- Ouais, peut-être. En attendant, nous arrivons, prépare-toi à descendre.

L'avion se posa à l'aéroport de Séoul. S'ensuit toute l'opération pour descendre et récupérer les bagages. Nous y étions. Nous avions le ferme espoir de faire partie des dix premiers pour ces championnats. Nous mêlions notre carrière sportive à nos cours. Nous avions promis à nos parents de continuer le lycée pour obtenir le BAC, c'était difficile au début, mais maintenant nous trouvions notre rythme. La plupart du temps, nous suivions les cours normalement, nous avions entraînement tôt le matin, sur la pause déjeuner entre le plat et le dessert, et le soir. Lorsque nous partions pour une compétition, comme ici, nous avions les cours par visio, nous travaillions pendant nos voyages, dans les trains, les avions, les bus...Nous étions dans la même classe avec Louca, nous avions donc les mêmes devoirs à faire, nous nous entraidions.

J'habitais dans l'appartement d'une autre patineuse, un peu plus âgée que moi, qui avait gentiment proposé de m'héberger à mon arrivée au Canada. C'était pareil pour Louca, il vivait avec un garçon de vingt-cinq ans, qui patinait comme nous au grand centre d'entraînement. Montréal était magnifique. Le plus beau, c'était l'hiver, quand les lacs glacés se transformaient en immense patinoire.

Nous fîmes rouler nos valises sur le bitume humide. Je tenais dans une main la photo de ma mère et moi, que Samuel avait refaite, je ne la quittais plus. Je sentais dans mon sac, le poids de mes patins. Eux non plus, je ne les quittais plus. Le jour se levait, il devait être six heures du matin ici, je pris une profonde inspiration. Je vivais la vie dont j'avais toujours rêvé, c'était incroyable. Nos jambes étaient lourdes après ce long trajet, nous étions fatigués, le décalage horaire n'arrangeait rien, mais nous avions entraînement. La compétition ne commençait que dans trois jours, nous avions le temps de nous reposer. Sur le parking de l'aéroport, je marchais aux cotés de Maxence et Louca. Le vent glacial vint me caresser le visage. Mon rêve était devenu ma réalité.

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant