8.

179 11 2
                                    

Le vrombissement du moteur de notre voiture commençait à m'endormir. Mon père, au volant, semblait fou de joie. Ma mère, elle, assise côté passager n'avait plus dit un mot depuis hier soir. Elle gardait les bras croisés et les dents serrées.
Je n'arrivais toujours pas à croire que j'avais réussi à convaincre mes parents de venir avec moi voir le match de hockey de ce soir.
Enfin...ce n'était pas moi qui avait convaincu ma mère. Mon père m'avait dit oui avec enthousiasme, et disons que nous avions manigancé un plan pour que maman accepte aussi.

- Bon, pour ta mère, je m'en occupe ! m'avait-il dit la veille.

- Comment tu vas faire ?

- Je vais lui dire que c'est moi qui veux y aller, m'avait répondu mon père avec un sourire mystérieux. En même temps, ce n'est pas complètement faux, cela fait si longtemps que je n'ai pas regardé un match de hockey ! Je ne me rappelle même plus la dernière fois que je suis entré dans une patinoire!

- Elle ne voudra jamais venir, avais-je soupiré.

- Qui ne tente rien n'a rien ! avait rigolé mon père en haussant les épaules.

Je ne savais pas comment mon père s'y était pris, mais nous étions tous les trois dans la voiture en direction de la patinoire. Bon, ma mère faisait visiblement la tête, mais le plus important c'est qu'elle ait accepté de venir. C'était un véritable miracle qu'elle soit venue ! Voilà des années que ma mère n'était pas entrée dans une patinoire, papa m'avait même dit qu'elle avait jeté ses patins à la poubelle. Elle voulait tout oublier de sa vie d'avant. Elle avait fait une croix sur sa carrière de patineuse. Elle ne s'était jamais vraiment remise de sa blessure et ne voulait plus parler de patinage.
Les phares de la voiture illuminaient la route humide. La nuit était tombée, et les premières étoiles apparaissaient dans le ciel noir. Je ne pus m'empêcher de sourire.
C'est Samuel qui avait imaginé ce plan, malgré tout ce que je lui avais dit lundi. Il avait accepté de m'aider et m'avait informé que Louca et son entraîneuse allaient voir ce match de hockey près de chez nous. Et ce soir, il devait pénétrer dans le système informatique de la patinoire. Il n'était pas seulement un patineur hors pair, ni un ami incroyable, Samuel était aussi un hacker d'exception. Il ne lui faudrait que quelques minutes pour modifier la playlist de la patinoire.
Pour l'instant, tout se déroulait comme nous l'avions imaginé. Mais quelque chose me taraudait encore : pourquoi mon père ne m'avait-il pas posé de questions ? Je ne me suis jamais vraiment intéressée à ce sport sur glace. Puis, du jour au lendemain, je lui demande de m'accompagner voir un match de hockey, et il ne me questionne pas ? Étrange. Mais, comme je le disais, l'important c'est qu'ils soient venus avec moi. En effet, j'avais besoin de quelqu'un pour me conduire en voiture jusqu'à la patinoire où se déroulait le match puisqu'elle se trouvait à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, ce n'était pas celle de notre ville où j'avais l'habitude d'aller. De plus, mes parents faisaient parti de mon plan. En fait, j'avais une folle envie de leur montrer que je n'avais pas abandonné la danse sur glace.

~~~

- Oh ! On dirait bien qu'il y a beaucoup de monde, s'écria mon père en entrant dans la patinoire.

De nombreuses personnes étaient venus voir le match de hockey. Le hall d'entrée était bondé. Pourtant, ce n'était pas une partie importante ce soir.

- Je vais acheter des billets, attendez-moi là, dit mon père en partant vers le comptoir.

Ma mère gardait les yeux fixés au sol, les bras ballants, elle semblait incapable de bouger.
Je ne savais pas quoi dire ni quoi faire. Ma mère avait un don pour me mettre mal à l'aise.

- C'est bon ! On peut y aller, s'exclama mon père au bout d'un long moment.

J'ai sursauté. Je n'avais pas vu mon père revenir. Il nous a tendu nos tickets et nous avons monté les escaliers. Ma mère ne disait toujours rien mais ses ongles se serrèrent sur la chair de sa main. Nous sommes arrivés dans la pièce où se trouvait la piste. Ma mère s'est arrêtée net. Elle s'est collée le dos contre le mur et a commencé à souffler très fort, très vite et avec difficulté.

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant