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Samuel était occupé à ranger correctement les patins de location. Je me trouvais derrière lui, immobile : j'avais peur de sa réaction au moment où il se retournerait. Depuis que l'on se connaissait, on ne s'était pas disputé une seule fois, mais ces dernières semaines avaient été particulièrement tendues entre nous, alors je ne savais pas comment l'aborder, ni comment me réconcilier avec lui. Et s'il ne me pardonnait pas ? Soudain, Samuel se retourna et nos yeux se rencontrèrent. Il m'en voulait, je le lus immédiatement sur son visage. Faisant semblant de m'ignorer, il continua sa tâche, sans un mot. Il s'apprêtait à ranger la dernière paire de patins, lorsque je le retins par la manche de son sweat.

- Prends le temps de m'écouter ! m'écriai-je. S'il-te-plaît !

Il se tourna vers moi dans un mouvement si brusque que cela me fit reculer.

- Qu'est-ce que tu veux ? lâcha-t-il la mâchoire serrée.

Cette agressivité de Samuel me surprit tellement que je reculai encore d'un pas, regrettant presque d'être venue. Il me jeta un regard noir. Je me ressaisis immédiatement.

- Je t'en prie, Samuel, écoute moi !

Il ne bougeait pas, tremblant de rage.

- Bah vas-y, je t'écoute, dit-il avec amertume.

- Je...je suis désolé Samuel ! m'exclamai-je.

- C'est tout ? Après tout ce que tu m'as dit, tu crois vraiment qu'un simple désolé va tout arranger ? Franchement Iris, je ne te comprends plus ! Je croyais qu'on était amis !

- Mais...mais oui !

- Non, c'est trop facile. Tu m'insultes et après tu reviens comme une fleur ? Tu n'as jamais été sincère et tu ne le seras sans doute jamais ! Depuis que tu es sur les podiums je ne te reconnais plus. Maintenant, j'aimerais que tu sortes de ma vie.

Il s'apprêtait à me tourner le dos à nouveau, les larmes perlèrent alors sur mes joues.

- Tu as raison j'ai été horrible, je ne te mérite vraiment pas ! criai-je au désespoir. Depuis que je suis toute petite tu es le seul à m'avoir encouragée et à me pousser vers mes rêves, et moi je n'ai rien fait pour toi ! Le fait d'avoir rencontré Louca et d'être si près de ce que j'ai toujours voulu m'a rendu complètement folle ! Je me rendais malade pour des choses qui n'en valaient pas la peine...j'ai insulté mon ami...si tu savais comme je m'en veux !! Samuel, je t'en pris pardon...Tu comptes tellement pour moi !

J'avais hurlé tout cela d'un coup. Mes yeux étaient remplis de larmes, je ne voyais plus le visage de Samuel. J'avais juste la sensation d'être observée de toute part. Mais je m'en fichais. Je le vis, à travers mes sanglots, s'approcher de moi. Il essuya tendrement mes joues humides.

- Et bien, il était temps, à un moment j'ai vraiment cru que tu allais abandonner. Je suis heureux de te retrouver, enfin, mon oiseau de glace.

Il me prit dans ses bras. Mon coeur était vidé d'un immense poids. J'avais retrouvé celui que je considérais comme mon grand-frère, j'étais libérée.

- Je suis content que tu te sois enfin excusée, je te pardonne, mais ne me refais plus jamais ça d'accord ? Moi aussi je tiens à toi, Iris.

Nous restâmes enlacés pendant de longues minutes.

- Et maintenant, que fait-on ? me demanda-t-il en desserrant son étreinte.

- Oh ! Si tu savais, j'ai tellement de choses à te dire.

- Si c'est à propos de Maxence Lemoir, je sais tout. Louca m'a expliqué. Je suis fier de vous, de toi. Tu en rêves depuis que tu es toute petite, passer professionnelle, rejoindre ce centre d'entraînement à Montréal, c'est une opportunité en or, qui ne se représentera certainement pas deux fois.

Un vent glacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant