Birds - Imagine Dragons
***Quatre ans. Voilà quatre ans que je n'ai pas vu ma famille, que je suis partie à l'improviste. J'ai décidé de me barrer de chez-moi pour aller à Londres. Rien à voir avec le climat tempéré de Melbourne, ma ville natale située dans le sud de l'Australie. Je suis partie parce que j'étouffais et avais besoin d'air frais. Mais surtout, j'avais besoin de changer de paysage, de culture et de rencontrer de nouvelles personnes. Et ça m'a réussi : j'ai fait la rencontre de Daisy Aguilar, ma meilleure amie et colocataire. Ensemble, on a fait les cent coups. Elle m'a accueillie quand je suis arrivée, m'a consolée lorsque j'en avais cruellement besoin et m'a fait rire dès que le moral n'était pas là. Une véritable amie. Et puis il y a Jorge, son grand-frère qui passe à l'appart' quand il a le temps après le boulot. Cet homme est une vraie crème, je vous le jure. Étant fille unique, je n'ai jamais eu de frangin alors je le considère comme tel depuis mon arrivée à Londres.
Quant à mes études littéraires, celles-ci sont en pause depuis quatre années et je n'éprouve aucun remords pour l'avoir fait, au contraire. Ça me fait du bien de me détacher de cet univers-là pendant un certain temps. J'en avais marre des cours, de ma promotion immature et de mes professeurs trop stricts. Autant partir parcourir le monde tant qu'il est encore temps ! Et puis, j'ai trouvé un petit boulot dans un fast-food pour participer aux frais de l'appartement, même si Daisy a insisté pour que je ne paie rien. Ça ne se fait pas de ne rien payer, surtout qu'elle me loge. Elle a beau être devenue ma meilleure amie, je ne peux pas me permettre de vivre gratuitement chez elle. En plus du travail, j'aide plusieurs élèves en études de lettres avec leur dossier de fin de semestre en échange d'un peu d'argent de poche. Malgré ça, mes économies proviennent principalement de la part de mes parents et je leur en suis reconnaissante. Je sais que je devrais les appeler par moi-même et leur donner plus de nouvelles, mais je veux vivre un peu en autonomie quelque temps.
— Daphné, tu m'écoutes ou quoi ? m'appelle Daisy.
Je cligne des yeux et tourne la tête vers elle, perdue dans mes pensées. Ma meilleure amie se tient devant moi, ses yeux noisette aux éclats mordorés plongés dans les miens. Elle est magnifique et elle le sait. Sa silhouette fine et élancée est digne de celle d'une mannequin, sa peau halée fait ressortir ses cheveux d'un noir de jais incroyablement scintillant et confirme fièrement ses origines mexicaines. Elle assume pleinement sa féminité et sa sexualité décomplexée, ce qui la rend davantage géniale. Elle est comme un aimant à hommes. J'adore l'appeler comme ça parce que ça l'agace et sa réaction m'amuse.
— Hein ?
Daisy lève les yeux au ciel et s'installe en face de moi, l'air préoccupé.
— Tes parents ont appelé, annonce-t-elle la mine grave.
Oh non, pas encore... Ils m'ont déjà appelé hier soir pour me dire que je devais rentrer et tout de suite. Je leur ai raccroché au nez, agacée de les entendre décider de mon avenir à ma place. Tout en me pinçant l'arête du nez, je soupire, excédée.
— Et qu'est-ce qu'ils ont dit ?
Elle prend ma main dans la sienne et se mordille nerveusement les lèvres.
— Ils ont dit que si tu ne rentrais pas dans la semaine, tes vivres seraient coupés.
J'écarquille les yeux, choquée. Comment osent-ils me faire ça ? Je suis révoltée et blessée. Mon souffle se coupe et les battements de mon pauvre cœur accélèrent à m'en faire mal. Soudain, mes paumes deviennent moites et l'anxiété me comprime la poitrine. Je me lève d'un bond et m'approche de la fenêtre du salon qui donne sur notre rue. Mes yeux larmoyants observent le ciel gris de Londres tandis que mon esprit est en ébullition.
— Pourquoi est-ce qu'ils me font ça ? demandé-je, complètement paumée. J'ai construit une vie ici, ils ne peuvent pas me la retirer...
Daisy s'approche et pose sa tête contre mon épaule. Son souffle chaud glisse sur la peau de mon cou. Sa présence me rassure.
— Je sais bien, Daph'. Mais...
Ma meilleure amie cherche ses mots puis reprend :
— Ils ont déjà pris ton billet. Tu dois l'avoir reçu par mail.
Je me mets à rire nerveusement et serre les poings. Bon sang, pour mes parents, je suis la huitième merveille du monde. Ils étaient aux petits soins avec moi. Mais ça, c'était sympathique quand j'avais dix ans. Maintenant que j'en ai vingt-cinq, ça ne l'est plus du tout. Là, j'ai tout sauf envie de leur revenir.
— Pourquoi ça ne m'étonne pas d'eux ? Pour quand ?
Daisy s'éloigne de moi tandis que je pose mon regard sur elle. Elle semble triste, elle aussi. Ses yeux expriment toute la nostalgie et la douleur qu'elle ressent et je la comprends.
— Tu es censée partir dans deux jours, m'annonce-t-elle d'une voix éraillée.
Putain.
— Daisy, je—
— T'embête pas, me coupe cette dernière en m'adressant un petit sourire. Tu dois partir, Daph', tes parents ont besoin de te revoir. C'est ta famille.
Je pouffe, le rouge aux joues. Tant la colère me submerge, je tremble.
— C'est ridicule comme ultimatum ! m'insurgé-je en me prenant la tête entre les mains. Ils n'ont pas le droit !
Les bras de Daisy m'entourent alors que nous nous enlaçons, pleurant en chœur. Je la serre contre moi et lui demande pardon tout bas. Elle sait. Elle sait que 16.909,12 km vont nous séparer.
— Tu dois rentrer, Daph'.
Et je le sais. Je n'ai pas le choix.
Nous nous reculons et reniflons. J'essuie mes joues et pars dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. J'ai besoin de temps. Temps que je n'aie pas. Je n'ai que deux jours pour faire mes bagages et accepter de rentrer au bercail, là où je ne voudrais pas être. Ô que c'est injuste. Là-bas, j'ai laissé ma famille, mes amis et lui. Lui, que je ne souhaitais jamais revoir de ma vie. Cette enflure devenue mon amour de jeunesse après tant de souffrance mutuelle. Et ma crainte est de le revoir après quatre ans d'errance et d'ignorance durant lesquels je n'ai pas répondu à un seul de ses appels.
***
BONSOIR !
Vos impressions sur ce prologue ? ☀️🇦🇺
Bonne fin de journée mes petites lunes <3
Nolwenn ☾
Instagram 📸 : Rubism00n
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Bitter Lovers
Romance« Même après quatre ans sans te voir, j'aime encore ta sale tronche, Daphné Adams. » Après quatre années à errer dans la ville de Londres loin de sa famille restée en Australie, Daphné Adams, jeune âme rêveuse et rebelle, se l'est promis : elle doit...