Lose My Way - Ane Brun, Dustin O'Halloran
***Je me fais réveiller par les rayons chauds du soleil traversant les stores. Puis mon chat, Sphinx, monte sur le lit et vient me lécher le menton en ronronnant joyeusement. Visiblement, je lui ai manqué. Je souris et le caresse en baillant. Aujourd'hui, une grande journée m'attend : je dois ranger ma chambre, passer l'aspirateur et aller dans le centre-ville pour aider ma mère avec les courses. Cette dernière m'a convaincue de faire un détour pendant notre trajet pour que j'aille déposer ma réinscription à l'université. Je soupire d'avance, mais c'était le deal...
Je me force à me lever et fonce sous la douche. Je m'habille d'une jupe noire en coton et d'un débardeur blanc basique. Il fait déjà chaud dehors et le soleil commence à taper alors qu'il n'est même pas encore neuf heures. Je croise mon père qui part pour le travail, ce dernier dépose un doux baiser sur mon front et s'en va rapidement. Nous ne nous sommes pas parlé depuis que je lui ai raconté tout ce que Andrew m'a fait subir. Je m'en veux au fond, mais la vérité a finalement éclaté et c'est pour le mieux. J'espère seulement qu'il sortira de son silence... Ma mère me fait signe de me dépêcher de faire ce que j'ai à faire avant d'aller en ville. Nous mangerons sur place, rien que toutes les deux.
Non sans râler, je pars ranger ma chambre, passer l'aspirateur, changer les draps et aérer la pièce. Lorsque je redescends, je pique une pomme dans la corbeille de fruits et croque dedans à pleine dent pour la finir rapidement. Le jus sucré réveille mes papilles et rassasie mon estomac. Ma mère prend des sacs de provisions et nous voilà parties en direction du supermarché. Dès lors que nous ressortons avec le chariot remplis de sacs pleins, je commence à stresser : reprendre mes études après autant de temps m'angoisse et je ne suis pas sûre d'y arriver.
— Je lui ai envoyé, marmonné-je en posant mon front contre la vitre.
— Quoi ?
— J'ai envoyé un message à Andrew, maman.
— Oh c'est pas vrai ! s'étonne-t-elle, gardant les yeux rivés sur la route. Tu lui as dit ce que tu avais sur le cœur ?
Je hausse les épaules, me mordant nerveusement la lèvre inférieure.
— Plus ou moins...
— Daphné ! Ne me dis pas que tu l'as insulté ?
— Tu me connais si bien maman !
Je l'entends émettre un léger rire qui détend un peu l'atmosphère.
— Tu sais, commence-t-elle d'un ton sérieux, tu devrais peut-être le voir pour parler tranquillement de tout ça. C'est toujours mieux que de rester bloquée dans le passé.
— Non.
Elle ne cherche pas à me dissuader car elle sait que, lorsque je suis comme ça, ça ne sert à rien d'essayer quoi que ce soit. Je reste muette jusqu'à ce qu'elle se gare devant l'université. la boule au ventre, je descends de la voiture, l'enveloppe qui renferme ma réinscription serrée entre les doigts. En prenant une inspiration, je m'avance vers les grandes portes et les pousse, nerveuse. Mes yeux parcourent curieusement le hall et tous les souvenirs me reviennent : les rendez-vous avec Avery et Jonas, mes deux amis de toujours pour aller manger dehors après les cours ou bien encore les longues heures de lecture, assise à même le sol lorsque j'avais du temps à tuer entre deux cours... Je me suis toujours demandée ce qu'étaient devenus mes amis depuis mon départ, je n'ai eu aucune nouvelle d'eux depuis.
— Je peux vous aider mademoiselle ? me demande une voix.
Revenant soudainement sur terre, je souris à la dame qui me fait face.
— Hum..., oui ! J'aimerais déposer mon inscription.
— Par ici s'il vous plaît.
Je la suis dans les couloirs et passe devant le bureau du directeur Hawkins, un homme bon et très investi dans son rôle de chef d'établissement. La femme m'indique le bureau de l'administration, je la remercie poliment et y entre, les mains moites. Une fois l'enveloppe déposée, je rejoins ma mère dans la voiture sans dire un mot. Elle démarre. Notre prochain arrêt : le restaurant nommé Aussie's Tavern. Ils font plein de spécialités Australiennes que j'adore. C'est très populaire et c'est l'endroit préféré de mon père. Une fois arrivées, nous nous asseyons à une table et regardons le menu, la faim nous tenaillant l'estomac. Un serveur vient nous voir pour prendre notre commande et repart aussitôt après. Ma mère et moi parlons de tout et de rien en sirotant nos bières fraîches, rattrapant alors le temps perdu. Un moment mère/fille quoi.
Mes yeux s'égarent quelques instants au-dessus de l'épaule de ma mère. Et c'est là que je le vois, lui. Je crois d'abord halluciner, mais non, il est bien réel. Andrew est là, et il travaille au restaurant. Il prend une commande, tout souriant. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique, une vague de frissons parcourt mon échine tandis que je l'observe d'un air ahuri. Dans son tablier de serveur, il attire tous les regards, y compris le mien. Il est là, avec ses cheveux blond foncé en bataille, sa mâchoire carrée, ses yeux bleu océan posés sur une autre femme que moi, ses larges mains serrant le calepin de commande et un grand sourire placardé aux lèvres. Lèvres charnues et rosées que j'aimais tant embrasser. Et ça me tue.
Ma respiration saccadée inquiète ma mère qui pose une main contre ma joue et me fait sursauter. Mon regard hagard rencontre le sien, concerné.
— Daphné, tout va bien ? On dirait que tu as vu un fantôme...
Un fantôme ou un cauchemar, les deux marchent de toute façon.
— Je... oui. J'ai simplement besoin d'aller aux toilettes. Je reviens.
En me levant, mes jambes flageolent et je peine à rester stable. C'est comme avancer dans du sable mouvant, je m'enfonce en tentant de sauver ma peau. Rapidement, je passe à côté de lui et entends sa voix. À la fois douce et rauque, elle me procure toujours le même effet : des frissons, le cœur en vrac et les idées floues. Et je déteste ça, je le hais. Soudain, Andrew s'arrête de parler, comme s'il m'avait reconnu rien qu'avec ma silhouette ou mes formes. Je retiens mon souffle, dos à lui. Son regard sur moi me trouble encore plus. Le temps semble s'être arrêté rien que pour nous. La planète ne vit plus, mon cœur non plus. Pendant une seconde, je crois qu'il va m'appeler mais rien ne vient. Et je panique.
Ma peau forme la chair de poule lorsque je l'entends faire quelques pas vers moi. Figée, je ferme les yeux et prie pour qu'il ne m'appelle pas. S'il te plaît...
— Hé Mikaelson ! Tu fais quoi vieux, on a des commandes à passer ! s'écrie un autre serveur.
— Hum... oui, j'arrive !
Il finit par s'éloigner. Je cours jusqu'aux toilettes et m'asperge le visage d'eau. Tout en m'observant dans le miroir, je réfléchis à toute allure. Andrew va sans aucun doute reconnaître ma mère et si je m'enfuis, il va se demander à qui appartient la deuxième pinte de bière. Et j'espère de tout cœur que ma mère mentira pour me couvrir et dira que mon père est simplement parti aux toilettes. Alors je décide de partir comme une lâche parce que je suis loin d'être forte. Je suis la même fille qui a eu le cœur brisé à 17 ans et qui aime encore le garçon qui l'a détruit.
Je m'enfuis par la fenêtre étroite des toilettes et envoie un message d'excuses à ma mère. Une fois dehors, je me mets à courir, sentant la chaleur se mêler avec le vent, fouettant mon visage. Mes larmes salées de tristesse se confondent avec celles emplies de rage et forment un beau mélange. Je cours sans m'arrêter, le cœur sur le point d'exploser et la poitrine compressée par cette éternelle épine que je connais sur le bout des doigts : l'amour.
Je trouve refuge dans un parc public et fonds en larmes, misérable. Une partie de moi aurait voulu qu'il me reconnaisse, qu'il voit à quel point il m'a brisé. Et l'autre aurait souhaité que je me retourne et lui dise tout ce que je ressens. Mais rien ne s'est déroulé comme prévu et maintenant je suis partie, encore. Parce que je refuse de laisser mes sentiments me rendre vulnérable une fois de plus.
***
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Bonne journée mes petites lunes <3
Nolwenn ☾
Instagram 📸 : Rubism00n
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Bitter Lovers
Romance« Même après quatre ans sans te voir, j'aime encore ta sale tronche, Daphné Adams. » Après quatre années à errer dans la ville de Londres loin de sa famille restée en Australie, Daphné Adams, jeune âme rêveuse et rebelle, se l'est promis : elle doit...