Start again - Birdy
***Ça y est, c'est la fin de mon aventure à Londres. Après quatre ans à rester avec des gens géniaux et à avoir l'esprit libre, il est tant pour moi de rentrer. Le cœur lourd et la gorge nouée, j'attache mon épaisse et longue chevelure brune en un chignon à la va-vite puis soupire bruyamment. Je me trouve dans l'immense hall de l'aéroport, là où tout a commencé, là où tout va se terminer. Les yeux rivés sur le tableau des départs, je sens les larmes me brûler les rétines. Daisy et Jorge sont là, à mes côtés. Ils l'ont toujours été et ce, depuis quatre années. J'ai du mal à respirer convenablement, attaquée par une panique ingérable. Les fermes bras de Jorge se referment contre moi et m'attirent contre son torse. Ce geste suffit à m'apaiser, bien que la souffrance de les quitter si tôt soit toujours présente.
— Ça va aller, Daph'. Tu nous appelleras quand tu atterriras et on sera là. On décrochera.
Je m'accroche à lui et ferme les paupières, appréciant cette étreinte suintant de désespoir. Daisy se rajoute à notre câlin et notre trio infernal est enfin au complet.
— Siempre, ajoute tout bas ma meilleure amie.
Les hauts-parleurs annoncent l'embarquement de mon vol, je dois partir enregistrer mes bagages, effectuer les contrôles et passer les douanes. Nous nous détachons et reniflons, déchirés par mon brusque départ.
— Vous allez me manquer tous les deux, avoué-je entre deux sanglots.
Mes amis m'offrent leur plus sincère et nostalgique sourire qui me va droit au cœur. Jorge me pince doucement la joue comme à son habitude, les yeux brillants.
— Toi aussi Daph', me répond-il. N'oublie pas de dire bonjour à tes parents de notre part, c'est la moindre des choses quand même.
J'opine du chef, le cœur au bord des lèvres.
— Je leur dirai.
Daisy me prend dans ses bras une dernière fois et me serre si fort contre elle que j'étouffe, mais peu importe, j'ai besoin de cette ultime étreinte.
— Va, et lorsque tu arriveras à Melbourne, fais mordre la poussière à ce pequeño pendejo de Andrew.
Je souris malgré moi. Daisy connaît mon histoire mouvementée avec l'australien de mes malheurs. Elle sait à quel point je l'aime et le déteste au plus profond de mon âme, que je pourrais décrocher à ses appels et succomber à sa voix rocailleuse et implorante. Mais en quatre ans, je n'ai pas répondu. Tout ce que je faisais était d'écouter les messages vocaux qu'il me laissait et pleurer en l'entendant s'excuser encore et encore. Parfois, ça me berçait, parfois ça m'agaçait. Mais Andrew Mikaelson fait partie de moi, de mon âme écorchée, que je le veuille ou non.
Lorsque je me recule, Daisy m'intime d'y aller, rien qu'avec un regard assuré. Son grand frère se poste à côté d'elle et m'adresse un petit rictus qui me pousse à les laisser. Je leur tourne le dos, tire mes valises jusqu'aux guichets et sens le poids de leurs regards sur ma nuque.
Passeports, ticket, confirmation. Je passe. Juste avant d'atteindre les contrôles, je fais volte-face et adresse un baiser à distance à mes deux amis qui s'empressent de le prendre en vol et de le placer contre leur poitrine. Je les aime tellement, mes pequeños mexicanos, mis amigos por la vida. Puis je leur tourne définitivement le dos et m'avance vers les contrôles. Une fois ceux-ci faits, place aux douanes et je serais parée pour le long et ennuyeux voyage qui m'attend.
L'embarquement se fait assez rapidement et me voilà installée dans l'avion qui me ramène au bercail. Une fois tout le monde à bord, je me relaxe légèrement, toujours un peu tendue. La couverture de la compagnie aérienne sur les genoux et mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, je pose ma tête contre le hublot et regarde à travers ce dernier. Nous bougeons sur le tarmac pour venir nous positionner sur la piste de décollage. Dès lors que j'entends le moteur gronder et sens l'avion prendre son élan pour s'envoler vers le ciel grisâtre, je contemple Londres qui s'offre en-dessous de moi. C'est parti pour un peu plus de vingt heures de trajet... Vingt-et-une heures et douze minutes pour être exacte. Les stewards et hôtesses de l'air nous montrent ensuite les gestes à faire en cas de crash et je ne les regarde pas : je suis bien assez anxieuse comme ça.
Pour m'occuper, je regarde des films sur l'écran en face de moi, grignote quelques bonbons et traîne sur mon téléphone. Prise d'une vague de nostalgie extrême, je me balade dans ma galerie photos et fais défiler les clichés de Jorge, Daisy et moi devant Buckingham Palace, devant Big Ben et j'en passe. Je souris en me remémorant ces souvenirs, ces journées passées à leurs côtés. Tout en battant des cils pour chasser les larmes qui menacent de couler, je pousse un long soupir et me concentre sur le film que je suis en train de regarder à savoir "Spider-Man : Homecoming". Et, je dois avouer que Tom Holland est plutôt mignon. Très mignon même.
Je suis partie de Londres vers quatorze heures ce qui fait environ une heure du matin à Melbourne. Selon mes estimations, j'arriverais approximativement vers vingt-deux heures, heure locale. Ça me fait bien neuf heures de différence entre l'Angleterre et l'Australie. Satané décalage horaire ! Après le plateau-repas plus ou moins appétissant offert par la compagnie, les lumières de l'avion diminuent jusqu'à plonger l'espace dans la presque-obscurité pour que nous puissions nous reposer un peu. Mes paupières deviennent lourdes, le sommeil endort chacun de mes muscles alors que je m'abandonne à la fatigue, sautant dans les bras de Morphée.
Je me fais doucement réveiller par un steward qui m'apporte le petit-déjeuner en m'adressant un large sourire chaleureux. Je choisis mon repas et le remercie, encore ensommeillée. Le cou et les jambes engourdis, je grimace et m'étire comme je peux avant d'attaquer mon thé bouillant et d'engloutir mon croissant tout mou. En baillant, je tourne la tête vers la fenêtre et découvre une mer de nuages roses, illuminés par les rayons du soleil. Je dégaine mon téléphone pour capturer ce moment tout bonnement magnifique et contempler le paysage, médusée. L'avantage de voyager en avion, c'est de pouvoir voir de nouveaux pays, de nouvelles cultures et de s'évader. L'inconvénient, c'est la pollution. Ça contribue à la destruction de notre chère planète et ça l'empoisonne. Ma mère, écologiste jusqu'aux bouts des ongles, déteste les avions. Je sais davantage que de m'avoir pris ce ticket lui a beaucoup coûté.
Mes parents n'ont jamais bougé d'Australie. Ils refusent catégoriquement de voyager et préfèrent rester sur leur belle île, entourés d'océan et de nature. Petite, je mourais d'envie de visiter l'Europe en commençant par l'Italie puis par l'Angleterre. Mais lorsque je leur ai fait part de mon souhait, ils ont tout de suite refusé en prétextant qu'ils n'avaient pas le temps. Ça m'avait beaucoup agacé, mais je m'étais promis que lorsque je serais plus grande, je voyagerais seule. Et c'est chose faite : partir à Londres était la meilleure décision de ma vie. Oui, l'Angleterre ne fait plus partie de l'Union Européenne, mais lorsque je suis arrivée là-bas, elle était encore membre.
En enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles, je mets "Start Again" de Birdy et ferme les yeux, la tête posée contre le hublot. Dans quelques heures, j'arriverai et serrerai mes parents dans mes bras. Je ne leur en veux pas. Tout simplement parce que je me doutais que ce moment finirait par se réaliser un jour ou l'autre. Je prends une grande inspiration et m'endors à nouveau, bercée par la musique. Et je sais que dès lors que mes paupières se soulèveront, je serais de nouveau en Australie et prête à en découdre.
***
BONSOIR !
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Bonne soirée mes petites lunes <3
Nolwenn ☾
Instagram 📸 : Rubism00n
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Bitter Lovers
Romance« Même après quatre ans sans te voir, j'aime encore ta sale tronche, Daphné Adams. » Après quatre années à errer dans la ville de Londres loin de sa famille restée en Australie, Daphné Adams, jeune âme rêveuse et rebelle, se l'est promis : elle doit...