Afterlife - Hailee Steinfeld
***Je laisse mon téléphone sonner entre mes doigts tremblants. Le souffle bref, je place mon pouce au-dessus de mon écran, laissant la sonnerie s'écouler puis je finis par décrocher. Apeurée, je me tais et prie pour qu'il pense que je ne suis pas au bout du fil. Mon cœur cognant contre ma cage thoracique, je me mordille la lèvre inférieure jusqu'au sang. Pitié, raccroche, raccroche, raccroche ! Une partie de moi souhaite qu'il ne se passe rien, que nous ne nous parlions pas. Et l'autre meurt d'envie d'entendre sa voix.
— Adams ?
Sa voix rauque et taquine est exactement comme dans mes souvenirs. Exactement comme dans les messages qu'il laissait sur ma boîte vocale : ceux que j'écoutais le soir avant de m'endormir, les yeux collés à cause de toutes les larmes coulées par sa faute. Cette même voix m'horripilait et me rend désormais nostalgique. J'hésite, la gorge serrée. Voilà quatre ans que je ne lui avais pas adressé la parole, que je n'avais rien voulu entendre. J'ai lâchement fui à plusieurs milliers de kilomètres. Et maintenant, seuls deux téléphones nous séparent l'un de l'autre.
— Allez. Je sais que tu es là ! Dis-moi au moins bonsoir !
Je roule des yeux et serre les dents, excédée. Une pointe de colère s'empare de moi et je déclare, un peu amusée malgré moi :
— Plutôt crever.
Il lâche un petit rire et je sais d'ores et déjà qu'un large sourire orne ses lèvres parfaites et humides. J'arrive très bien à imaginer ces dernières : humides et brûlantes comme le feu qui consume mon cœur depuis bien trop longtemps. Un feu ardent et dangereux. Un frisson me parcourt l'échine, je me ressaisis.
— Tu vois ? Je savais que tu étais là.
Un petit silence s'ensuit, seuls les battements effrénés de mon cœur résonnent dans mes tempes.
— Qu'est-ce que tu me veux ? craché-je en redevenant sérieuse. Parce qu'à part me harceler tous les jours avec tes appels, je ne vois vraiment pas.
— Je—
— Ne t'excuse pas, le coupé-je durement. Je n'en veux pas. Tes messages ont suffi à rendre mon voyage plus agaçant que libérateur.
— Tu les as écoutés ? s'étonne-t-il après un court silence.
Je déglutis en fermant les yeux, laissant ma peau former progressivement la chair de poule. Sa voix rauque résonne dans mes tympans comme de la musique douce. Et je m'autorise à aimer cette sensation. Parce qu'il ne peut pas me voir, parce que je me sens faible même lorsqu'il se trouve derrière un écran. Et c'est son pouvoir.
— Oui.
— Tous ?
— Oui, répété-je dans un souffle. Autre chose ?
Il ne répond pas et demeure silencieux un instant. Au moment où je m'apprête à raccrocher, il se racle la gorge et me demande, incertain :
— C'était toi, n'est-ce pas ?
VOUS LISEZ
Bitter Lovers
Romance« Même après quatre ans sans te voir, j'aime encore ta sale tronche, Daphné Adams. » Après quatre années à errer dans la ville de Londres loin de sa famille restée en Australie, Daphné Adams, jeune âme rêveuse et rebelle, se l'est promis : elle doit...