Chapitre 17

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L'entraînement, le véritable, avait commencé comme ça.

Kakashi-sensei s'était volatilisé à nouveau, et je m'appliquais à déceler cette constance, ce noyau en chacun des êtres vivants des environs qui me laissait entrevoir ce que c'était, sentir le chakra, cette chose qui nous habitait tous et qui faisait de nous des semblables. 

Il y en avait plein, là en bas. Je ne parvenais pas à déceler autre chose qu'un fouillis de chaleur dense, et discerner l'empreinte de mon sensei me paraissait aussi faisable que de chercher une aiguille dans une botte de foin. 

Ce soir là, j'étais rentrée chez moi sans l'avoir trouvé, exténuée. Un peu déçue, aussi; mais je savais au fond de moi que cette prise de conscience m'avait fait avancer d'un grand pas.

Les soirs suivants, lorsque ma fatigue étouffante n'avait pas pris possession de moi après une nouvelle journée de travail, je sortais à nouveau à la recherche du chakra de mon sensei qui était peut-être déjà parti hors du village. Mais ce n'était pas grave; je m'efforçais de voir la distinction entre chacun de ces êtres animés, la trace chez eux qui les rendaient si différents des uns des autres. Oui, même si mon sensei n'était peut-être plus là, la prochaine fois, je serai en mesure de le reconnaître. Je m'en étais fait la promesse.

La journée, au Bureau des missions, Iruka-sensei s'étonnait toujours de me voir sauter sur mes pieds quelques secondes avant que quelqu'un n'entre pour faire son rapport.

"Alors, tu as résolu l'énigme?", me demanda t-il lorsque le chuunin venu faire son rapport s'était éclipsé.

Je sentais encore sa trace, même si elle se faisait moins criante à mesure que l'individu s'éloignait du bureau. Comme une sillon dans le sable qui s'estompe avec le temps, la sensation de chaleur qui accompagne le chakra des gens se dissipe à mesure qu'ils s'éloignent, pensai-je en conclusion.

- Je ne sais pas, répondis-je d'un ton las. Je crois avoir compris comment ça marche, mais je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi.

Iruka-sensei haussa un sourcil surpris.

"Tu es... Tu es prodigieuse".

Ce fut à mon tour de lui lancer un regard interloqué.  

"D'habitude, ça prend des années pour sentir correctement l'énergie des autres. Ce sont souvent les ninjas d'élite les plus doués en la matière, parce qu'ils ont pris l'habitude de repérer automatiquement le danger à force d'être confrontés aux nombreuses missions qu'ils ont dû accomplir. J'ai mis en parallèle cette faculté à celle de marcher sur l'eau l'autre fois, mais au final ce n'est pas vraiment comparable, parce que c'est moins concret, plus... Inconscient. Moi-même, j'ai encore quelques lacunes en la matière".

Iruka-sensei posa ses deux mains sur chacune de mes épaules et planta son regard chaleureux dans le mien, un grand sourire aux lèvres.

"Toi, ça ne fait que quelques semaines, et tu as déjà acquis les bases. Tu arrives à repérer les gens à quelques mètres, c'est... incroyable. Ce n'est vraiment pas donné à tout le monde".

J'haussai les épaules, les joues cramoisies par la gêne.

- Heu... Tsunade-sama m'a déjà dit que le cerveau pouvait compenser la perte d'un sens en affinant les autres, je crois, balbutiai-je précipitamment en espérant que le jeune professeur cesse de m'observer de ce regard adorateur. C'est peut-être juste ça, et dans ce cas ce n'est pas si impressionnant.

Je le vis rire aux éclats. Envers et contre tout, ce genre de spectacle d'hilarité silencieuse continuerait de me faire mal au cœur, malgré tous mes efforts pour passer au dessus.

𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant