La vie à l'hôpital était très ennuyeuse.
Je passai mes journées à regarder par la fenêtre de ma chambre, à rêvasser sur le feuillage verdoyant des arbres qui dansaient à l'extérieur. Que ce vert était beau comparé à la blancheur morbide de la pièce dans laquelle j'étais condamnée à vivre depuis une semaine.
Je m'habituai peu à peu à l'absence cruelle et infinie de bruit autour de moi. Mais il était toujours difficile de me réveiller le matin avec cette impression de ne pas être sortie de mon sommeil silencieux, comme si je dormais les yeux ouverts. Je m'étais parfois mise à hurler encore, sans un bruit, en pensant être prisonnière d'un mauvais rêve, et j'avais un mal fou à accepter que je n'en sortirai finalement jamais.
Pour palier à cette incompréhension générale du monde autour de moi qui me donnait l'impression d'avoir perdu toutes ses couleurs, et pour éviter que je ne m'enfonce toujours plus dans une morosité froide et abattue, j'avais développé une certaine facilité pour lire sur les lèvres des gens. Cette méthode était mon seul lien de communication avec l'extérieur, la seule porte de sortie qui me permettait quelques instant de m'évader des sombres pensées qui envahissaient ma tête. Et ces pensées, finalement, étaient le seul bruit que je parvenais à percevoir. Quelle douce souffrance.
Tsunade venait me voir. Tous les soirs.
Je me demandais souvent comment elle pouvait trouver le temps de me consacrer cette précieuse heure chaque jour, avec toutes les responsabilités qui la pesaient inlassablement. Lorsque je lui demandai, elle haussai les épaules et je lisais sur ses lèvres qu'elle aurait toujours du temps pour moi. S'il y avait un moyen pour que je lui exprime toute l'étendue de la gratitude et de l'affection que je lui portais, je l'aurai utilisé instantanément. Mais ce moyen n'existait pas; c'était au-delà des mots que je ne pouvais plus m'entendre dire, au-delà même de l'explicable. Je savais simplement que je lui en serai à jamais redevable.
Elle était celle qui me sortait de cet atroce sentiment d'isolement qui marchait à mes côtés depuis mon réveil. Je n'avais jamais souffert de cette solitude auparavant; je l'affectionnais même. Mais j'avais l'habitude de la combler avec les échos du brouhaha des ruelles bondées de Konoha, avec le gazouillis des oiseaux qui me réveillaient le matin, avec le moindre détail sonore qui me donnait la preuve manifeste que le monde vivait autour de moi par ses chants, ses rires, ses pleurs, ses clapotis, ses bruissements, ses cris. Aujourd'hui, j'avais l'impression que la Terre avait continué de tourner sans m'attendre et que je restai irrévocablement statique, inscrite dans une léthargie qui me condamnait à ne plus jamais pouvoir rattraper l'effervescence si lumineuse du reste du monde. J'étais coincée dans une bulle stérile qui me coupait brutalement des autres, et me laissait seule avec les seuls échos de mes pensées accablantes; j'étais persuadée qu'avec le temps, elles allaient me faire tomber dans une douce et lente folie. Et je savais que c'était grâce à Tsunade que je n'avais pas encore sombré.
Elle m'avait mis au parfum de ma situation avec de plus amples détails; ma survie relevait apparemment du miraculeux. A part quelques fractures et brûlures, j'allais apparemment pouvoir retrouver l'entierté de ma mobilité sans trop de mal, fait qui semblait la surprendre encore. Mes bras et jambes garderaient quelques traces calcinées mais le reste disparaîtrait à mesure que je me rétablirais grâce à ses soins prodigieux.
Le plus problématique restait les dommages causés à ma tête; en apparence, mon visage ne garderait aucune séquelle mais les dégâts internes semblaient plus sérieux. Tsunade avait essayé de m'expliquer cela avec des mots dignes d'une novice en médecine telle que moi: en quelque sorte, le choc avait provoqué une sorte de réflexe d'auto-défense de la part de mon cerveau pour me préserver. Il avait donc décidé de sacrifier la zone qui permettait l'ouïe pour protéger le reste de mes capacités mentales et physiques; ainsi, j'avais encore des tympans fonctionnels mais ma tête m'empêchait de les exploiter.
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𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x Reader
Fanfic" 𝘑𝘦 𝘯'𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘪𝘦𝘯. " Rien. J'avais l'impression d'être en pause tandis que le monde continuait de tourner sans moi. Je courrai après le bruit qui n'existait plus, me laissant seule avec les échos de mon esprit au milieu...