Chapitre 33

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Peu après mon expulsion de l'équipe, j'appris que Sakura et Naruto s'étaient vu attribuer un nouveau coéquipier ainsi qu'un commandant qui remplacerait Kakashi durant ses nombreuses absences.

« Il est flippant parfois, Yamato-taicho, mais ça va encore, alors que Saï... »

Naruto eut l'air d'être traversé par une nuée de frissons dégoutés.

« Un vrai mufle, » ajouta Sakura en grimaçant.

- Eh, les gars... Soyez gentils, j'intervins, amusée. Être nouveau dans une équipe toute faite, c'est pas toujours facile...

Et j'en savais quelque chose.

« C'est un mec de la Racine » dit le blond en gonflant sa joue, l'air exaspéré. « Il est encore plus imbuvable que toi au début. »

« Non, non, ça n'a rien à voir, » Sakura semblait enfin avoir retrouvé la voix de la raison. « Il est dix mille fois pire. »

J'éclatai de rire en décidant de lâcher le morceau. J'espérais que ce fameux Saï avait le ventre bien accroché, avec ces deux-là.

Il trônait une atmosphère joviale à l'Ichiraku. On sentait un courant d'air chaud traverser les rideaux de l'échoppe malgré la nuit qui était tombée depuis un moment, et on pouvait voir l'été arriver rien que dans la façon dont le vent sec frappait la peau lorsqu'on se promenait le soir dans les ruelles de Konoha. Ces belles soirées étaient annonciatrices d'une vague de clientèle, et Teuchi et Ayame distribuaient des sourires ravis derrière le comptoir en conséquence.

Perdue dans un moment d'errance où j'appréciai l'agitation silencieuse tout autour de moi, les lumières vives qui ornaient le petit restaurant, les gigotements incessants de Naruto ainsi que l'odeur alléchante du bol de ramen posé juste devant moi, je sentis des doigts effleurer doucement ma main qui était posée sur ma cuisse, sous le comptoir, me tirant délicatement de ma rêverie.

La main inconnue vint caresser tendrement le dos de la mienne, avant de glisser dans ma paume et de croiser ses doigts avec les miens. Je rougis à ce contact qui m'était si intime en public, et maudis cette tendance à ne pas savoir garder contenance dès que sa peau entrait en contact avec la mienne.

Assis à ma gauche, Kakashi plissait tranquillement des yeux. Je saurais facilement dessiner sur son masque le sourire tranquille qu'il arborait en dessous, et je lui lançai ce qui aurait pu s'apparenter à un regard noir si mon cœur ne battait pas tant d'adoration.

Il faisait ça tout le temps.

Des doigts qui s'effleurent sous une table, les mains qui se nouent dans la pénombre d'une ruelle noire de monde, les caresses volées en ramassant un Icha Icha mystérieusement tombé, en tenant une porte, des baisers murmurés du bout des lèvres lorsque tout le monde avait le dos tourné. Kakashi aimait me titiller en public, faire exploser mon cœur au coin d'une rue, passer distraitement une main sur moi juste derrière la porte du bureau du Hokage. C'était devenu aussi insoutenable qu'incroyable de le croiser dans une allée ou de passer du temps avec lui hors des murs rassurants de mon appartement ou du sien.

Et lorsqu'il avait accepté de manger un bout avec nous à l'Ichiraku plus tôt dans la soirée pour fêter notre présence simultanée au village qui se faisait rare ces derniers temps, je savais qu'il sauterait sur l'occasion pour poursuivre son manège enjôleur et tester ses prodigieuses capacités de discrétion.

Parce même s'il jouait clairement avec le feu, personne ne semblait jamais remarquer son insolence.

C'est qu'il était fort ; son air innocemment nonchalant ne le trahissait jamais. Il fallait vraiment être particulièrement observateur, ou approcher son visage de très près pour voir que quelque chose brûlait férocement dans le fond de son œil noir.

𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant