Chapitre 20

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Je ne tenais pas en place.

Je me balançais nerveusement d'une jambe à l'autre, en tenant les lanières de mon sac à dos si fort, à en faire pâlir mes jointures. Même le soleil encore chaleureux de cette fin d'été ne suffisait pas à m'apaiser, et je ne pouvais m'empêcher de racler machinalement mes semelles sur la terre battue qui tapissait le sol à l'entrée du village, créant un nuage de poussière autour de moi.

J'étais impatiente. Terrifiée. Surexcitée. Anxieuse. Tout et rien à la fois, si bien que les retombées de la terre sèche que je venais de produire illustrait parfaitement mon état d'esprit.

Et l'attente était insoutenable. Cela faisait seulement dix minutes que patientais, et je n'en pouvais déjà plus. Connaissant mon sensei, je n'étais pas au bout de mes peines. S'il y avait bien quelque chose que j'avais oublié en ces derniers mois de convalescence, c'était la sensation de se voir fulminer face à l'absence manifeste de ponctualité chez Kakashi-sensei.

J'essayais de me calmer mentalement en prévision du temps infini que le jônin aux cheveux argentés allait encore me faire poireauter, lorsque je sentis avec surprise une chaleur familière dans mon dos.

Ce n'était pas normal. Il n'avait qu'un quart d'heure de retard.

Je me retournai vivement pour voir mon sensei s'avancer tranquillement, une main levée, les yeux plissés. Je m'attendais à ce qu'il baisse lentement son masque comme il avait l'habitude de le faire avec moi, mais je réalisai soudainement que nous étions en plein jour, que les shinobis qui gardaient les portes du village avaient les yeux rivés sur nous et que nous étions sur le point de partir en mission, sur des routes fréquentées, risquant à chaque instant de tomber sur l'ennemi.

J'étais si enthousiaste à l'idée de ce retour inespéré en mission que j'en avais oublié ce détail crucial.

Comment allais-je pouvoir communiquer avec Kakashi-sensei durant tout le temps de cette mission?

Ce dernier dût sentir ma panique fulgurer puisqu'il tendit immédiatement son bras pour m'ébouriffer gentiment les cheveux avant de me lancer un sourire par le regard. Je mesurais à quel point ce geste était magique, car la raison me revint presque instantanément. Après tout, si on m'avait renvoyée en mission, c'était qu'on m'en pensait capable, et Kakashi-sensei avait plus d'un tour dans son sac. Il devait sûrement déjà avoir pensé à tout, si bien que l'idée de ne pas pouvoir lui parler pendant un temps me semblait bien superflu face à l'apaisement que sa simple présence m'apportait.

Après quelques secondes de latence où mes yeux restèrent plantés dans son unique œil noir, je me détournais nerveusement.

Il était l'heure de partir.

Les premiers pas furent les plus durs. Les portes du village disparurent derrière mon dos, et pour la première fois j'entrai dans le monde silencieux de l'extérieur, où le danger rôdait, où je n'étais pas sûre de pouvoir réellement le supporter. Il était vrai que j'avais fait des progrès, mais moi même je commençais à douter sur le bon sens de cette première mission que j'allais devoir accomplir sans mon ouïe. N'était-il pas trop tôt? Pourquoi étais-je donc en train de douter, moi qui avait tant désiré reprendre mes activités comme avant? Je crois que je n'avais jamais vraiment mesuré ce que tout cela impliquait. Parce que malgré ma joie première, j'étais franchement terrifiée.

Parce que c'était sur cette mission que mon avenir se jouait.

Je jetai un regard inquiet au jônin qui marchait à côté de moi. Il posait nonchalamment un pied devant l'autre, les mains enfoncées dans ses poches, le regard tourné vers l'horizon. Cet homme semblait si insensible à tous ces doutes dans l'existence que je me pris à l'envier. Il devait avoir tellement confiance en ses capacités que le doute ne semblait pas avoir lieu d'être; et ce déficit de confiance chez moi ne s'en faisait que plus ressentir. J'aurai aimé pouvoir lire ses mots rassurants sur ses lèvres pour y puiser du courage, mais la barrière que représentait son masque m'en empêchait. Et malgré l'aura de plénitude qui se dégageait de lui, je sentis mon cœur battre plus fort dans ma poitrine sous le coup de la panique montante.

𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant