Deux jours de convalescence et je m'ennuyais déjà.
Ces moments d'inertie me rappelaient douloureusement mes premiers temps après mon accident. Lorsque le silence dans mes oreilles était si oppressant qu'il me paralysait dans une tristesse sombre, où j'alternais entre heures de coma et pétage de plombs général. Mes émotions étaient si instables, à l'époque, qu'elles m'écartelaient de tous les côtés, et me noyaient sous cette pression mutique que je sentais dans mes tympans et qui me faisaient sentir seule, si seule dans un univers ou personne ne parlait plus.
C'est dans ce moment de contemplation que je réalisai que ma vie avait repris d'un bon train. Ma réalité silencieuse semblait s'être enfin accordée sur ses propres rails, et même si rien ne serait plus jamais pareil, je me sentais atteindre le même niveau de sérénité que j'avais lorsque j'entendais encore.
Enfin, quand il n'était question que de mon corps. Et encore.
Je chassai le visage de Kakashi qui flottait une nouvelle fois dans mon esprit, avant de m'emparer de ma tasse de thé fumant que je venais de me préparer et de m'affaler sur mon vieux canapé, un vieux bouquin à la main. Après tout ça, je n'avais même pas pris la peine de renflouer un peu ma bibliothèque ; je pensais qu'après une telle convalescence qu'avait été d'apprivoiser mon silence, je n'aurais plus jamais besoin de rester statique.
Grave erreur. La vie aimait être ironique, parfois. Ou plutôt, très souvent.
Je passais un regard mauvais sur mon bras et ma main bandés. Je me disais qu'au moins, ces blessures-là seraient plus faciles à guérir.
Avec un soupir, j'ouvris le livre et me plongeai dans les premières pages. C'est lorsque je commençais à peine à m'immerger un peu dans l'histoire que je sentis le déferlement de ce chakra près de ma fenêtre qui fit immédiatement réagir mon cœur. Ma poitrine commençait déjà à se réchauffer alors que je me redressais précipitamment sur mon canapé en faisant tomber mon livre.
Kakashi était tranquillement accroupi sur le rebord de ma fenêtre et à l'instant où mon regard croisa le sien, ses yeux se plissèrent en un sourire rendu invisible par son masque qu'il avait encore sur le nez.
- Qu'est-ce que vous faites là ? je demandai sur la défensive, toujours terriblement incertaine lorsque les choses concernaient cet homme aux cheveux argentés.
L'instant d'après, il se tenait près de moi, le masque autour de son cou, et se baissait pour déposer un baiser chaste sur mes lèvres.
« J'avais envie de te voir » il dit simplement en se redressant, et je fis de mon mieux pour ne pas laisser ma raison m'échapper à cette simple déclaration.
Dieu, il avait le pouvoir de me faire vaciller si facilement.
Ne pas flancher, je me répétai sans cesse comme un mantra à l'intérieur de ma tête. Ne pas flancher.
- Pourquoi... Pourquoi vous n'êtes pas venu ces dernières semaines ? je maudis le ton timide que j'avais dû prendre. Je voulais lui régler des comptes, bordel.
Kakashi haussa un sourcil tout en esquissant un demi-sourire.
« Grosse mission. Je sors juste de l'hôpital. On m'a dit que tu étais blessée. »
Son regard perçant vola vers mon bras bandé et il s'accroupit immédiatement près du canapé où j'étais encore assise pour inspecter mes pansements. Il prit ma main avec une délicatesse incroyable et passa le bout de ses doigts sur les bandages immaculés comme pour repérer la moindre défaillance dans les soins que m'avait prodigué Sakura. Je ne pouvais pas passer à côté de la lueur profondément inquiète dans son œil sombre, même avec toute la mauvaise foi du monde.
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𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x Reader
Hayran Kurgu" 𝘑𝘦 𝘯'𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘪𝘦𝘯. " Rien. J'avais l'impression d'être en pause tandis que le monde continuait de tourner sans moi. Je courrai après le bruit qui n'existait plus, me laissant seule avec les échos de mon esprit au milieu...