Je fus réveillée en sursaut lorsqu'une forme humanoïde sembla trébucher sur ma misérable carcasse étalée à même le sol. L'étincelle émeraude que je discernai au coin de l'œil me mis la puce à l'oreille quant à l'identité de celui venu déranger mon sommeil trouble et nébuleux.
Lorsque je finis par lever la tête vers l'intrus, je vis finalement Lee me dévisager et faire deux pas en arrière. Il ouvrit la bouche, et par habitude récemment acquise, je lus machinalement sur ses lèvres:
"Oulah! Ça n'a pas l'air d'aller, toi. Je t'ai presque confondue avec le paillasson!"
Je ne sais pas si j'eus envie de rire ou de pleurer en comprenant ces mots. Puisque je n'avais plus aucune larme à verser, je décidai d'afficher un sourire sans joie. Quant à Lee, malgré ses paroles détachées, affichait une expression alarmée qu'il m'avait jamais été donné de voir auparavant. Je devais être dans un sacré drôle d'état, pour voir le disciple de l'ombrageuse panthère de jade de Konoha me scruter de la sorte.
"Tu... Tu veux que j'aille chercher quelqu'un?"
- Non, non! Surtout pas!
Tsunade m'avait prévenue. J'étais d'une stupidité telle que j'avais cru un instant pouvoir faire abstraction de mon handicap et retrouver mon village tel qu'il l'avait été avant mon accident. Mais sans sa musique, on avait arraché à Konoha toute sa magie. Et je n'avais clairement pas été préparée à une telle fatalité; enfin si, mais j'avais simplement ignoré les conseils et mises en garde de Godaime. Et je ne voulais pas étaler toute l'étendue ma faiblesse et de ma bêtise en ramenant une tierce personne ici. J'avais ni la force ni le courage, à cet instant, de supporter leur remontrances et leur regard emplis de pitié.
Lee sembla le comprendre puisqu'il s'accroupit devant moi, et me demanda en tournant la tête sur le côté, comme si de rien n'était:
"Tu veux manger un truc?"
Je n'avais aucune envie d'avaler quoi que ce soit. De toute façon, mon estomac barbouillé ne me le permettrai pas. Mais pour étendre cette simple conversation banale qui me faisait croire que tout allait bien, et pour conserver l'absence subite d'inquiétude et d'empathie dans les grands yeux de Lee, j'acquiesçai.
Il me sourit de toutes ses dents, et ce simple rictus enfantin me rafraîchit par son insouciance. Ce que j'aimais Lee pour ça. Avec lui, on avait toujours l'impression que rien n'avait d'importance, comme si sa simple présence vous faisait entrer dans un monde où le malheur et la tristesse n'existaient pas. Il ne s'attardait jamais sur le mal qui habitait les gens, mais cherchait plutôt, par la simplicité de l'instant présent, à sourire de tout et à rire à partir de rien. C'en était presque fabuleux.
Lee finit par me soulever par les aisselles comme si je n'étais pas plus lourde qu'une plume pour me remettre sur mes deux jambes. J'oubliai parfois qu'outre son allure ridicule et son énergie débordante, il possédait une force brute hallucinante. Je ne pouvais que louer sa détermination sans limites pour avoir réussi à atteindre un tel niveau sans réel talent au préalable, détermination dont je semblais moi-même être définitivement démunie. Je me sentais juste minable, en fait.
Mes jambes protestèrent un peu, et la tête me tourna légèrement lorsque Lee m'aida à tenir debout. Je n'avais aucune idée du temps que j'avais passée ici, recroquevillée sur le paillasson de mon entrée à comater et broyer du noir par intermittence. Je devais ressembler à une loque avec des jambes.
"T'es affreuse", commenta Lee en me regardant d'un œil critique comme s'il évaluait un tableau qu'il viendrait de peindre. "On dirait que tu viens de revenir d'entre les morts."
Merci, Lee.
Il me poussa sans vergogne jusqu'à la porte de ma salle de bains, et je me laissai faire docilement. Je n'avais pas la force de protester ni de relever ses mots qui auraient pu me blesser si ce n'était pas lui qui les avait prononcés.
VOUS LISEZ
𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x Reader
Fanfiction" 𝘑𝘦 𝘯'𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘪𝘦𝘯. " Rien. J'avais l'impression d'être en pause tandis que le monde continuait de tourner sans moi. Je courrai après le bruit qui n'existait plus, me laissant seule avec les échos de mon esprit au milieu...