Chapitre 31

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Mon réveil fut d'une lenteur confortable, ce matin-là.

Lorsque mon corps reprit doucement conscience, en s'éloignant petit à petit des bras charmeurs du sommeil, un sentiment de flottement tranquille m'envahit. Je me sentais parfaitement reposée, et pourtant, je ne permettais pas à mes yeux de s'ouvrir, trop confortablement installée dans l'obscurité de mes paupières où je me sentais si bien. Une luminosité ambiante passait doucement à travers néanmoins, et une chaleur paisible caressait ma peau, tantôt dans ce qui semblait être un contact lisse, tantôt dans un souffle qui avait l'air d'aimer heurter ma joue.

Un long moment passa avant que je n'ouvre finalement les yeux, la réalité me rappelant inéluctablement à la raison.

Et je tombai alors nez à nez avec le visage endormi de Kakashi-sensei.

Je dus me faire violence pour ne pas pousser un cri de surprise. Avant que la panique n'impose son règne sur mon corps, mon bon sens me ramena à l'esprit les images encore un peu vagues des évènements de la veille.

Ah oui. Je m'étais assoupie dans les bras d'un Ninja Copieur tourmenté, épuisé par une journée à se supplicier lui-même devant la stèle des héros.

Pétrifiée, je contemplais cet homme endormi avec qui j'avais partagé mon propre lit. Un de ses bras était passé au-dessus de ma taille et m'avait maintenue près de lui toute la nuit durant, tandis que l'autre soutenait sa propre tête dans son sommeil. Ses cheveux d'un argenté brillant sous les faibles lueurs du jour qui passait à travers la fenêtre étaient étalés autant sur l'oreiller que devant son visage dans un désordre que seul le repos pouvait produire, et je rougis toute seule lorsque je sentis mes jambes emmêlées aux siennes sous la couverture qui s'était mystérieusement drapée sur nos deux formes enlacées.

Il était si paisible, lorsqu'il dormait. Je l'avais déjà noté cette nuit-là, à l'hôpital, lorsque je lui avais rendu visite dans l'obscurité de sa chambre ; mais là, dans la faible clarté du soleil matinal, c'était d'autant plus frappant. En comparaison aux expressions brisées que j'avais pu lui voir la veille au soir, le bien-être que dessinait à présent le sommeil sur son visage me faisait presque douter qu'il s'agissait là du même homme. Le repos semblait lui donner un sursis, une trêve secourable à toute cette amertume qui l'écartelait lorsqu'il était éveillé.

Ce n'est que depuis ces quelques dernières semaines que j'ai pris conscience que cet être infiniment bienveillant et secret qu'avait été mon sensei dans les premiers temps était en fait un homme qui traînait de lourdes souffrances, qu'il s'empressait de cacher au monde entier. C'est une chose que je n'aurais jamais cru, lorsque j'avais intégré l'équipe au début ; Kakashi-sensei me semblait être quelqu'un de si tranquille, dans cette nonchalance qu'il affichait continuellement. Mais depuis la première fois où j'avais tenté de l'embrasser, j'avais aperçu une craquelure dans cette façade flegmatique. Et cette façade ne cessait de s'affaisser à mesure qu'il allait et venait vers moi, d'une façon si indécise, pour me montrer à l'intérieur quelqu'un de crucifié, hésitant, confus, que je ne savais pas appréhender.

La seule chose dont j'étais certaine, c'est que je l'aimais.

Et cette personne devenue si chère à mon cœur qui ne semblait battre que pour lui dormait paisiblement dans mon lit à ce moment même. C'était une vision étrange, presque intime. Un peu hors du temps.

Dans un geste téméraire, je levai la main tout doucement pour venir effleurer la cicatrice qui lui barrait l'œil gauche du bout des doigts. Sa respiration sembla faire un raté à mon contact, par le sursaut qu'eurent soudainement ses épaules, et je crus un instant l'avoir réveillé.

Mais sa poitrine reprit son mouvement de lentes montées et descentes et il n'ouvrit pas les yeux. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire adorateur.

𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant