Pakkun était venu nous retrouver afin d'apparemment informer mon sensei qu'il n'y avait aucune trace de nos récents ennemis aux alentours pour nous importuner. Du moins, c'est ce que j'avais cru comprendre lorsque Kakashi-sensei s'était tourné vers moi pour me faire part de son sourire rendu invisible par le masque qu'il venait de remettre.
Mon angoisse ne s'estompa par autant. J'étais éreintée, par l'intensité de cette mésaventure mais aussi par cet ouragan d'émotions acérées qui m'avaient fauchée et laissée tremblante et démunie. Les quelques heures de route que nous fîmes par la suite me parurent insurmontables, et j'avais passé tout ce temps à essayer désespérément de calmer mes membres frissonnants, toujours sous le choc de tout ce qu'il venait de se passer. Jamais, au grand jamais une confrontation n'avait été aussi bouleversante pour moi. Peut-être était-ce parce que jamais je n'avais été complètement sourde en y prenant part.
Et Kakashi-sensei avait finalement terminé de me faire chanceler par son étrange étreinte. Vraiment, je me sentais plus égarée que je ne l'avais jamais été.
J'avais souvent jeté un œil inquiet sur la main blessée de l'homme argenté à mes côtés pour vérifier si un quelconque saignement n'avait pas recommencé. Mon sensei dût le remarquer, puisqu'il finit par enfoncer sa main bandée profondément dans sa poche pour la retirer de ma vue. J'avais donc passé le reste du trajet à regarder mes pieds, définitivement perturbée.
Après des heures à errer dans le silence que je devinais placide de la forêt, l'arrêt soudain de mon sensei dans sa marche suffit à faire s'élever une nouvelle panique effroyable à l'intérieur de moi en même temps que mes yeux sur le paysage.
Mon palpitant se calma doucement lorsque je compris finalement que nous étions simplement arrivés devant l'entrée d'un village animé en cette fin d'après-midi. Pas d'ennemis en vue, pas d'explosions dans chaque recoins; simplement quelques modestes maisonnettes et de joyeux passants dans les rues. Bien que je me savais à présent hors de danger, j'étais terrifiée. Encore et toujours, mais pour une autre raison cette fois ci. C'en fut trop pour mon corps et mon âme malmenés.
J'eus l'impression de m'éteindre à ce moment là. Comme si tout mon être était dépassé, comme s'il ne supportait plus rien. Alors mon corps se mit en pause, si bien que je n'aurais su expliquer comment j'avais pu me retrouver tout d'un coup dans une lumineuse salle de séjour avec une vieille dame en train de m'ausculter.
"Elle est en état de choc", lu-je mécaniquement sur ses lèvres fripées avant qu'elle ne se retourne vers la silhouette de mon sensei adossé sur le mur de bois à quelques mètres de là, m'observant avec une expression indéchiffrable.
Je papillonnai des paupières sans comprendre, comme si je venais de me réveiller d'un long sommeil. Qu'est ce qu'il m'arrivait, là?
- Je vais bien, moi, articulai-je difficilement, en sentant que ma voix peinait à s'échapper de ma gorge sèche. C'est Kakashi-sensei qui est gravement blessé à la main...
La vieille dame secoua la tête avant de palper mon bras de ses doigts ridés. Je sursautai en sentant une vive douleur déferler dans mon membre engourdi.
"Je l'ai déjà soigné, il pourra bientôt reprendre l'usage de sa main. Toi par contre, je dois encore regarder la vilaine plaie que tu as là sur ton bras." Elle se retourna à nouveau vers mon sensei, et je l'observai avec étonnement le fusiller du regard. "Qu'avez vous fait de cette jeune fille, bon sang? Elle est complètement déboussolée!"
Déboussolée, je l'étais. J'avais réussi à oublier qu'un kunaï m'avait perforé le bras, et surtout je commençai à sacrément paniquer de ne pas comprendre comment j'avais bien pu atterrir ici. Je n'avais pas une bribe de souvenir concernant ma traversée de ce village devant lequel nous nous étions arrêtés. Peut-être que c'était un détail que je n'avais finalement pas envie de me remémorer.
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𝕊𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 | Kakashi x Reader
Fanfic" 𝘑𝘦 𝘯'𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘪𝘦𝘯. " Rien. J'avais l'impression d'être en pause tandis que le monde continuait de tourner sans moi. Je courrai après le bruit qui n'existait plus, me laissant seule avec les échos de mon esprit au milieu...
