Je regarde Jane s'éloigner en soufflant longuement. C'est dingue à quel point elle a perdu son habitude de parler à tort et à travers. Elle est très différente, à tel point que je n'ai même pas eu l'impression de lui faire plaisir avec le pain aux raisins et le thé ce matin. Pourtant, je sais parfaitement qu'il s'agit de son petit déjeuner favori.
Un sifflement autour de moi me fait sursauter. J'aperçois alors Alexis s'approcher de moi, un grand sourire aux lèvres.
— Elle est canon.
— Salut à toi aussi, Alexis.
Les règles de politesse ne sont définitivement pas le fort de mes proches. Alexis se contente de ramener ses mèches rousses sur un côté, en me faisant un très joli sourire. Elle fait craquer tout le monde avec ce sourire.
— Tu te tapes des étudiantes de première année maintenant ?
— De qui tu parles ? je lui réponds en fronçant des sourcils.
— De la magnifique fille aux cheveux violets que tu viens de laisser partir.
— N'y penses même pas.
— Je n'ai rien dit !
— Je t'entends penser d'ici.
Alexis roule des yeux, se posant à côté de moi pour suivre mon regard. Pour suivre Jane du regard, plus exactement, ce qui me crispe au plus haut point.
— Elle est sacrément mignonne en même temps...
— Oui. Mais c'est non.
— Tu te l'aies déjà tapé ? Oh non ! Franchement, ce n'est pas cool ! Tu aurais pu m'attendre !
— Elle n'est pas intéressée, j'enchéris immédiatement.
— Tu sais parfaitement que je peux faire changer de bord n'importe qui. Le pouvoir du boule qui chamboule, chéri, ajoute-elle en roulant des hanches. Et elle, elle en a un qui...
— Ne finis pas cette phrase, ou tu risques de le regretter.
Alexis adore les filles, et plus particulièrement celles qui ne sont au départ pas destinés à devenir lesbiennes. L'une de ses passions est de leur montrer « les bienfaits d'une relation entre sexes féminins », soient disant bien supérieurs aux relations qu'elles jugent « banales ». Elle a des idées bien arrêtées sur la sexualité. Elle a des idées bien arrêtées sur tout, en réalité. Elle aime tout savoir sur tout le monde, surtout sur moi. Et surtout, elle ne mâche jamais ses mots. C'est pour ça qu'on s'est vite entendus, elle et moi.
Nous nous sommes rencontrés il y a quatre ans, lors d'un cours que nous avions en commun en première année. Je l'ai trouvé charmante, et sa répartie m'a plu. Alors, j'ai tenté ma chance. Évidemment, j'ai échoué comme un débutant. Ce n'est pas de ma faute, elle n'est pas intéressée par les hommes. Je n'avais aucune chance dès le départ ! Mais bien sûr, elle s'est bien gardé de me le dire quand j'ai commencé à la draguer.
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The spell of time
RomanceÉtudiant en mathématiques à la prestigieuse université de Columbia, John Anderson a tout pour réussir. Même si rares sont les personnes qui réussissent à être amis avec lui, il profite malgré tout des joies des fêtes universitaires, ainsi que du cal...