Étudiant en mathématiques à la prestigieuse université de Columbia, John Anderson a tout pour réussir. Même si rares sont les personnes qui réussissent à être amis avec lui, il profite malgré tout des joies des fêtes universitaires, ainsi que du cal...
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J'aperçois le soleil se lever, et j'ai l'impression de n'avoir toujours pas dormi une seule minute. Je crois que j'ai réussi à m'assoupir, entre deux crises de larmes. J'ai tellement pleuré que mes yeux ont triplé de volume.
Je suis épuisée.
Il y a trois ans, j'étais persuadée d'avoir des sentiments pour John. Non, en réalité, ça a commencé il y a cinq ans. J'avais essayé de l'évoquer avec lui à son anniversaire. Évidemment, il n'avait pas du tout compris mon sous-entendu, contrairement à son frère qui, placé juste à côté de nous, n'avait pas été dupe. Il m'avait bien fait comprendre de mettre ces sentiments de côté. Il n'avait pas totalement tort, j'étais trop jeune, trop innocente, trop insouciante. Je n'avais que treize ans à cette époque. Qui sait ce qu'est l'amour à treize ans ?
D'après John, même à quinze, personne ne le sait.
Cœur : 4, Cerveau : 2.
A quinze ans, j'en étais sûre : j'étais tombée amoureuse de lui. À chaque fois que je le voyais, j'avais dû mal à me contrôler. J'avais l'impression de ne plus être naturelle en sa présence, et ça me rendait dingue. Alors, je lui ai avoué mes sentiments. J'ai bêtement cru qu'il me croirait, et qu'il partagerait ces sentiments. Bêtement.
Résultat : il m'a ri au nez.
Je ne pouvais plus faire semblant que tout allait bien, que nous étions juste les meilleurs amis du monde. Je ne pouvais plus faire comme si je le considérais comme un membre de ma famille, ce n'était plus le cas. Alors, je me suis dit que m'éloigner de lui allait m'aider. J'ai coupé tous mes liens avec lui du jour au lendemain, en espérant que mes sentiments se taisent.
Et ils se sont tuent.
Pendant quelques années, j'ai pu respirer. J'ai rencontré d'autres personnes, d'autres garçons, et j'ai essayé de l'oublier. Mes cheveux, mon style vestimentaire, mon maquillage... J'ai tout fait pour ne plus ressembler à cette gamine qui était tombée amoureuse de son meilleur ami. Cette fille assez crédule pour croire que ses sentiments auraient pu être réciproques. Je me suis forgée un nouveau caractère, une nouvelle identité, et une nouvelle vie. J'avais presque réussi à ranger mes sentiments dans une case et à oublier ce que je ressentais pour lui.
Puis j'ai recroisé son regard.
Putain, la case s'est rouverte en grand. Alors, quand hier, il a dit à tout le monde que j'étais sa sœur, j'ai cru étouffer. Mes sentiments ont refait surface en une seconde. Ils me sont revenus en pleine face, et John, lui, m'a affirmé que je n'étais que sa sœur. Sa sœur, bordel de merde...
Je me déteste d'y avoir cru à nouveau pendant quelques jours. Qu'est-ce que je peux être naïve... Je me suis dit que, peut-être, par le miracle du Saint-Esprit, il me verrait trois ans plus tard, et que ce serait différent. Il verrait que j'ai changé, que je ne suis plus la petite fille à qui il apprenait à nager dans l'océan.
