Nous traversons la rue, mon bras soutenant sa taille pour tenter de la maintenir dans le droit chemin. Ceci étant dit, Jane serait presque capable de marcher seule sans soutien. Elle est bien plus en forme qu'elle n'y paraît. Cependant, je préfère assurer. Mieux vaut prévenir que guérir à ce qu'il se dit.
— Comment tu t'es retrouvée à cette soirée ?
— J'étais dans mon lit, en pyjama, et Katya m'a appelée, m'explique Jane. Alors, j'ai répondu. Et là, elle me dit "ouais, qu'est-ce que tu fous toute seule au fond de ton lit le mercredi soir ?". Alors, je lui dit que je suis en train de pleurer sur ma vie sentimentale, comme la plupart des filles de mon âge. Du coup, elle m'a ordonnée de venir pleurer avec un verre de tequila. Tu me connais, j'ai refusé. En fait, non, j'ai dit "je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée". Et puis, finalement, elle m'a convaincue, et j'ai dit oui.
Évidemment, sinon, je ne serais pas en train de l'aider à rentrer à la maison. J'ai du mal à comprendre comment cette fille a fait pour la convaincre... Elles doivent certainement être amies. Pourtant, Jane ne m'a jamais parlé d'elle, elle qui me parle de tout d'habitude.
Peu importe, le propos n'est même pas là. Je la pensais en sécurité, et la retrouver dans cette résidence spécialement, là où la drogue est balancé comme des petits pains, ça ne me ravit absolument pas. Je ne peux pas m'empêcher de le lui faire remarquer.
— Tu aurais dû me prévenir.
— J'ai voulu ! Mais maman a dit "pas de téléphone dans les rues, ou tu vas te le faire voler !" Du coup, j'arrive chez Katya, je vais pour te prévenir, et bim ! Elle me confisque mon téléphone. Soit disant je vais passer une mauvaise soirée si je rumine sur des vieilles photos, bla bla bla.
Je passe le badge devant la porte tandis qu'elle se débrouille pour entrer seule, se raccrochant aux murs environnants. Elle s'en prend un ou deux au passage, mais elle ne se plaint même pas de la douleur. Je soupire en continuant de la suivre de très près, de peur qu'elle tombe dans les escaliers.
D'un peu trop près, malheureusement pour mes yeux, qui se délectent du spectacle qui se joue derrière.
— Là, on va direct au quatrième étage, et on se prend un shot de tequila, continue Jane. Ou deux... Je ne sais plus. Apparemment, la tequila aide à voir plus clair, et à ne plus se morfondre. Moi, je la crois. Elle est plus douée que moi dans ce domaine. Logique, ça fait deux ans qu'elle est à Columbia.
Mais bien sûr... comme si la tequila avait déjà aidé qui que ce soit... Je ne suis pas certain d'apprécier cette Katya finalement. L'entraîner dans l'alcool pur, à son âge, ce n'est pas raisonnable. Elle vient à peine d'avoir dix-huit ans, ce n'est pas le moment de se mettre à boire des shots de je ne sais quel alcool fort. L'alcool n'a jamais aidé personne pour oublier ses problèmes. Jamais. Pourquoi personne ne semble le comprendre ?
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The spell of time
RomanceÉtudiant en mathématiques à la prestigieuse université de Columbia, John Anderson a tout pour réussir. Même si rares sont les personnes qui réussissent à être amis avec lui, il profite malgré tout des joies des fêtes universitaires, ainsi que du cal...