Chapitre 11 - jouer aux billes entre deux etagères

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: Moi : Je bosse à la bibliothèque

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: Moi : Je bosse à la bibliothèque. Rejoins-moi quand tu as fini les cours.

J'envoie le message à Jane avant de me reconcentrer sur mes livres. Le début d'année commence fort, avec une tonne de cours en seulement une semaine. En plus, je ne me suis toujours pas remis de la soirée de rentrée de Jane. Mon sommeil reste agité toutes les nuits. Je n'arrête pas de me ressasser cette conversation que l'on a eu il y a trois ans. Comment j'ai pu passer à côté de ce détail ?

Il faut que j'arrête de me torturer l'esprit. Les choses sont réglés avec Jane, ce qui fait que nous sommes désormais sur la même longueur d'onde : deux amis d'enfance qui aiment passer du temps ensemble.

Concentré sur mon exercice, je n'entends pas Jane arriver. Je ne la remarque que lorsqu'elle se jette sur la chaise en face de moi, et lance son sac sur la table en même temps. Elle fait un tel vacarme que la moitié de la bibliothèque se retourne vers nous.

— Pourquoi tout le monde nous regarde ?

— Parce que tu es dans une bibliothèque universitaire, et que personne ne fait de bruit dans ce genre d'endroit, je chuchote.

Elle souffle, étendant ses jambes sous la table et se laissant tomber sur le dossier de sa chaise. Tous les étudiants reprennent leurs activités, et j'en fais de même. En tout cas, je le tente. Cependant, Jane la pipelette est de retour, et elle semble bien décidée à m'en empêcher.

— J'ai eu du mal à te retrouver à travers toutes ces tables. C'est qui tout ce monde ?

— Des étudiants de Columbia... je souffle en continuant d'étudier mes livres.

— Ah ah, très drôle John. Je parlais sérieusement !

— Moi aussi.

— Mais pourquoi il y en a autant ?

Je la fixe une seconde, septique. Je me demande presque si c'est une question piège.

— Euh... Columbia est une grande université, et la bibliothèque est très réputée. En plus, ça permet d'être au calme pour travailler sereinement, tout ça sans se sentir seul.

— Il y a réellement des gens qui travaillent dès la deuxième semaine de cours ?

— Tout le monde, Jane.

Elle soupire de nouveau, croisant les bras contre elle. Jane n'a jamais été une grande bosseuse. Elle a toujours aimé discuté avec ses camarades, rire en cours, et s'amuser à faire deux trois bêtises. Pour moi, c'est tout l'inverse. Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours aimé l'école. Je ne rate jamais un seul cours, je ne suis jamais arrivé à un examen sans avoir révisé, et je n'ai jamais parlé en classe. Ou alors, c'était très rare, et c'était certainement à propos du cours.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai eu du mal à me faire des amis. Être catégorisé comme l'intello de la classe est un frein direct aux relations amicales. Apparemment, aimer l'école, vouloir écouter les cours et avoir de bonnes notes, ce n'est pas compatible avec le fait d'être drôle, d'aimer rire, et de profiter de la vie. Heureusement, à l'université, c'est tout l'inverse. Plus on suit les cours, plus on a d'amis. Enfin, cela doit dépendre des universités. À Columbia, en tout cas, c'est la règle. Dommage que maintenant, je n'en veuille plus.

The spell of timeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant