"Confidences et confiance"

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- Comment tu te sens aujourd'hui ?

Je restais assis près du cendré, les mains serrées et attendant patiemment une réponse de sa part. Réponse qui ne tarda pas à arriver. Katsuki regardait ses doigts, les sourcils froncés et le visage sévère.

- Je n'ai plus mal à la poitrine mais je suis encore très vite essoufflé. Et puis, je ne sais pas, j'ai du mal à dormir...

Je pris mon menton entre mes doigts, le dévisageant.

- Ça ne doit pas te rassurer de t'avouer cela, mais je pense que tes insomnies sont dues à un traumatisme que tu as vécu dans cet endroit que tu appelles "là-bas". Je ne suis pas dans ta tête mais je pense que ton corps et ton cerveau, sans doute inconsciemment, se disent que si tu t'endors, tu repartiras là-bas. Et visiblement, ton être n'a clairement pas envie d'y retourner.

Le regard du cendré sembla s'alourdir, se voiler d'une barre sombre et il baissa un peu plus la tête, tentant de cacher la grimace que formait à présent sa bouche. Le bout de ses doigts tremblaient légèrement, signe de sa peur. Je passai une main dans mes cheveux et ouvrait la bouche dans l'optique d'apaiser la situation.

- Je ne te demande pas de me raconter ce que tu as vu et vécu, je voulais simplement te faire part de ce que je vois.

Il ne répondit pas, me dévisagea longuement.

- T'as l'air d'en connaître un rayon sur le sujet, on t'a apprit ça à la fac ?

Mes lèvres esquissèrent un sourire incertain et mon coeur accéléra le temps de quelques secondes.
"Il s'est ouvert à toi, à ton tour maintenant."

- Non, on ne nous apprend pas ce genre de choses à la fac. Disons que je tiens ça d'expériences passées.

- Expériences passées ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Je me redressai le long du dossier de la chaise, et mes doigts se rencontrèrent brutalement, se crispant tandis que je me décidai à répondre.

- Je n'ai pas vécu quelque chose dans le style de ce que tu viens de passer, je ne suis pas malade. Je me suis fait harceler.

Les mots tombèrent d'eux-mêmes, soudainement. Je pus voir ses yeux s'agrandirent, tandis qu'il se redressait lui aussi.

- Harcelé ?!

- Ça doit bien faire quelques années maintenant, ça remonte au collège. Mais pour t'expliquer brièvement la chose, j'avais tellement peur de ce qu'il pouvait m'arriver et de ce que l'on pouvait me faire, j'avais tellement peur de ces gens que, inconsciemment, mon corps et mon cerveau se sont mis à agir en conséquence. Je n'arrivais plus à dormir, c'était pratiquement impossible de me concentrer, et, le plus important de tout furent les nombreuses crises d'angoisse que j'ai pu vivre. C'était un moyen d'auto-défense lorsque la situation partait trop loin et c'est un peu une barrière. Lorsque j'ai peur à un niveau équivalent, je réagis par des crises d'angoisse.

Je me tus, détournai le regard. Il garda le silence durant de longues minutes et l'air ambiant devint lourd et pesant, je me sentis rapidement déglutir et compter les secondes.

- Comment ça s'est finit finalement ?

Je sursautai.

- De quoi ?

- Le harcèlement.

Sourire crispé.

- Ça s'est terminé avant que ça n'aille trop loin pour que je puisse faire machine arrière. J'avais toujours réussi à cacher mes crises, mais cette fois-là, je n'ai rien pu faire et j'ai bien failli en mourir. Alors, si je devais te donner un bon conseil, ne cache jamais aux autres tes problèmes, ça pourrait très mal finir.

"Ton Étoile..." [Bakudeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant