"Parler de moi"

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Pour la deuxième fois en une journée, la porte coulissa, provoquant un effroyable bruit sourd au travers de la pièce. Allongé dos à l'entrée, je ne pouvais pas voir le visage du nouveau venu. Je savais pourtant qui se trouvait là, je n'avais pas besoin de me retourner pour le savoir.

- Salut Deku.

Je ne répondis pas tout de suite, préférant me redresser lentement. Je pus entendre mes articulations craquer, sans doute à cause du manque d'activité. Il est vrai que j'étais pas sorti souvent depuis mon arrivée ici. Je n'en avais simplement pas l'envie. Je ne me sentais pas vraiment en sécurité, enfin, je ne me sentais plus vraiment en sécurité.

- Salut Kacchan.

Nos civilités ne changeaient pas, et chacune de nos discussions commençaient à présent comme ceci. Un bonjour de sa part, et un bonjour de la mienne.

- Comment tu vas aujourd'hui ?

Je baissai les yeux vers mes mains. L'un de mes doigt était couvert d'un petit pansement. Je m'étais coupé lors d'une petite crise panique.
Je soupirai avec force, m'adossant de tout mon poids sur l'oreiller. La surface moelleuse était une sorte de réconfort, bien qu'elle prenne trop la forme de mon corps à mon goût.
Ça fait un bail que je suis ici... Mais suis-je en état de sortir ?
C'était bien la question qui me taraudait depuis peu. Une part de moi me disait que oui, que je devais retrouver l'air de la liberté.
Mais une autre part de moi était contre l'envie de sortir de l'hôpital. C'était pour moi l'impression quitter l'abri, le dernier foyer où je pouvais, où je me sentais en sécurité. C'était un peu comme si, parce que je quittais l'hôpital, je me retrouvais à nouveau entre les griffes malfaisantes de Fridg.
Et Fridg... Je ne pouvais plus imaginer son visage dans ma tête, pas sans sentir de la terreur s'emparer de mon être.

- Mieux que d'habitude je crois...

Je haussai les épaules pour moi-même, tournai les yeux vers le cendré. Il s'était assis, attendait patiemment que la discussion commence réellement.

- Et toi ?

Il soupira, passa une main fatiguée dans ses cheveux.

- Pas trop mal. Pas mal de cours ces derniers temps, et une crise aussi.

Je sentis mes sourcils se hausser.

- Tu as fait une crise ?

- Oui, c'est pour ça que je ne suis pas venu hier.

- C'était grave ?

- Non, mais la fac m'a renvoyé chez moi. Au moins, je n'ai pas eu à passé à l'hôpital, je devais simplement me reposer et prendre mes médocs.

- Tu les prends ?

Nouveau soupir de sa part.

- J'ai pas vraiment le choix...

- Tu n'as pas tort. Dit toi que ça t'aide à aller mieux.

- Je n'y crois pas trop à ces histoires de médocs qui guérissent la maladie et tout et tout.

- Je n'ai pas dit ça Kacchan. Ces médocs aident simplement ton organisme à mieux "accepter" et "supporter" la maladie, en attendant qu'on trouve un moyen de t'en débarrasser définitivement.

Le cendré fronça les sourcils, septique, mais il ne dit rien. Il hocha silencieusement la tête, marqua une pause de quelques instants.

- Et toi alors ?

Je haussai un sourcil à nouveau, me redressai légèrement contre le mur derrière moi. Je pus sentir le moindre de mes muscles protester, et je me pris à me maudire intérieurement pour ce manque d'activité durant les derniers jours.

- Moi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne sais pas, on parle toujours de moi, mais jamais de toi. Comment tu vas ?

- Je t'ai déjà...

- Non. Ce n'était pas une réponse "ça va mieux". Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me parler de toi un peu. Pas forcément de ce qu'il se passe ici quand je ne suis pas là, mais tu pourrais me raconter des anecdotes, des trucs comme ça.

Katsuki semblait gêné par les paroles qu'il prononçait, et je compris pourquoi. Le jeune homme avait beaucoup de mal à aller vers les autres, c'était sans doute du au renfermement qu'il avait vécu avec sa maladie. Me demander de lui parler de ma vie devait lui demander un effort considérable. Pourtant, je savais très bien que nos discussions lui plaisait autant qu'à moi.

- Hum... Et bien, je pourrai te parler un peu de mon enfance ?

Il s'apprêtait à me répondre lorsqu'un souvenir me revint en mémoire.

- Ah oui ! Il y avait eu ces vacances que nous avions faites, ma mère et moi ! Je sais plus quel âge j'avais à ce moment-là, peut-être dix ou onze ans. Ma mère voulait qu'on aille en Amérique, découvrir un peu le pays, mais on a jamais pu y aller. Pour cause, l'un de nos billets d'avion est tombé par terre dans le hall de l'aéroport..

Je ne sus pourquoi, mais ce souvenir me fit sourire, presque rire.

- Si tu avais pu voir la tête que faisait ma mère à ce moment-là ! Elle était tellement honteuse lorsque la dame de l'avion lui a demandé son billet ! Bon, on a tout de même pu rentrer sans problèmes à la maison, et finalement, on s'est bien amusé durant ces vacances ! On est allé se balader par ci par là, on a profité du temps qu'on avait...!

Je me mis à sourire une nouvelle fois, desserait la prise que j'exerçais sur la couette. Mes articulations soufflèrent le temps de quelques instants, libérées d'un poids lourd et pesant.

- Tu as toujours vécu ici d'ailleurs ?

- Des souvenirs que j'ai, oui. Ma mère travaillait par ici, alors, on a jamais cherché à déménager ailleurs. Et puis, l'endroit est très plaisant, on y fait des belles rencontres.

Je fermai les yeux, pris une inspiration "allégée". Katsuki sembla le remarquer, il sourit lui aussi. Un sourire qui me fit chaud au cœur, que je voyais peu sur le visage du jeune homme. Le premier depuis qu'il venait me voir.
Ses journées doivent êtres plus chargées que les miennes... Entre les cours, les devoirs, et l'hôpital...

- Sinon, ils te font pas trop chier ici ?

Je sursautai, tiré de mes pensées.

- Hmm ? Ah non, ils sont patients, ils attendent que je me sente un peu plus "prêt" à me confier. J'avoue que je leur suis reconnaissant pour ce qu'ils font.

- Ils ne pourraient pas te forcer à parler.

- Peut-être, mais je ne suis pas certain que ce soit la bonne solution...

- Ouais.

Le silence retomba sur ses paroles, mais cela ne me gêna pas plus que cela. Je détournais le regard, posais mes yeux au-delà de la fenêtre. Au dehors, je pus voir le vent balayer les arbres, et les passants accélérer leur pas pour fuir la pluie prochaine.


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Heyo ! Me voici de retour, avec un nouveau chapitre. Ce sera le premier parmis un long moment, et je pense qu'il faudra attendre aussi longtemps avant d'en avoir un autre 😅
Toujours autant de mal à me replonger dans l'univers "My Hero Academia", et puis, j'entre bientôt dans une période de révision, alors je serai loin de Wattpad 😅

Enfin, j'espère que ça vous as plu, que vous vous portez-vous bien, que tout se passe bien chez vous 😁

Moi, je vous dis à la prochaine, prenez soin de vous 🙏💪

"Ton Étoile..." [Bakudeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant