"La demeure"

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Courir. Encore et toujours courir. Ne pas s'arrêter, pas tant que que je ne serai pas là où je veux aller.
Deku.
Épuisé, je passai une main sur mon front, essuyant une goutte de sueur qui roulait sur la peau. Sous la chair, mon cœur battait à tout rompre, et plus j'avançais, plus je me sentais faiblir.
Deku est avec Fridg.
Je dérapai sur une plaque d'egoût et manquai de m'écrouler dans le détour de la route. Je me redressai l'instant d'après, ne prenant pas le temps de retirer les quelques gravillons qui s'étaient infiltrés dans la peau de mes paumes.
Il m'a demandé de l'aider ? Pourquoi ?
Je secouai la tête, tournant brusquement au virage suivant, et entrant dans une immense allée où les maisons étaient plus grandes les unes que les autres.
Il ne répond plus... Qu'est-ce qu'il se passe là-bas ?
Toutes ces questions commençaient sérieusement à me peser, et qu'elle ne fut pas mon soulagement de voir apparaître la grande maison de Fridg.
Je n'y étais jamais allé avant ce jour, et la façade grise dans la nuit me fit frissonner. Visiblement, je n'aimais vraiment rien chez ce type, que ce soit son regard hypnotisant ou sa demeure qui faisait froid dans le dos.
Les lumières sont éteintes... C'est étrange.
Tandis que je m'arrêtai face à un portail imposant, un souvenir me revint en tête, encore frais dans ma mémoire.

"- Une fête ? Chez Fridg ?

Izuku hocha la tête, serra le verre qu'il tenait dans sa main. Il souriait légèrement, sans que j'en puisse en compendre la raison.

- Oui. Il tenait, avec les autres médecins que j'ai côtoyé ces derniers mois, à me souhaiter de manière un peu plus "gaie" mon arrivée à l'hôpital. Ils veulent en profiter pour souffler un peu aussi. Je me dis que ce n'est pas une si mauvaise idée...

- C'est quand ?

- Si je me rappelle bien, je dois y aller en fin de semaine prochaine, vendredi soir.

- Et tu es sûr que tu veux y aller ? Après tout, t'as pas l'air de l'aimer autant qu'avant.

Il passa une main dans ses cheveux verts, les yeux perdus. Assis bien confortablement dans un fauteuil, je l'observais en silence, attendant sa réponse.

- C'est peut-être une façon de me sentir mieux en sa présence.

- Tu n'es pas obligé de te sentir bien avec lui.

- Je ne peux pas continuer comme ça. À chaque fois que je le vois maintenant, je tremble, j'ai peur, je ne maîtrise plus rien. Un médecin ne peut pas être dans cet état alors qu'il s'occupe de l'un de ses patients. Et si je suis incapable de contrôler ma peur, je n'irai pas loin dans ma vie. Non, il faut que je règle cette histoire, qu'elle que soit la façon dont je le fais.

- Et tu penses que c'est en allant chez un type que tu connais à peine que tu vas y arriver ?

Il soupira.

- Je n'en sais rien Katsuki, je ne suis sûr de rien. Mais, comme le dit le proverbe, on n'obtient rien si l'on ne tente rien.

- Ça existe ça ?

- Il est formulé de manière un peu différente que l'originale.

Il sourit à nouveau, un sourire qui, cette fois, se fit plus sincère et soulagé. Quelques instants plus tard, il reprit.

- Enfin, je suis au moins soulager de sagoir que quelqu'un saura où je suis !"

Je me sentais grimacer tandis que mes yeux parcouraient les fenêtres sombres de la maison.
Tu aurais du te faire confiance Deku...
Je pris ensuite une grande inspiration, et poussai les battants du portail. Celui-ci émit un terrible bruit de rouille que j'eus tout le loisir de maudire.
Heureusement pour moi, personne ne vint ouvrir, il n'y eut aucun son ni aucune ombre au travers des fenêtres. Seulement le silence, un silence qui commençait à se faire pesant. Mon cœur battait la chamade, je grimaçai à nouveau. Ensuite, j'entrai dans la propriété, me dirigeant à grands pas vers l'immense porte d'entrée. Sur le chemin, je pus apercevoir de part et d'autre de l'allée des buissons taillés à la main, qui évoquaient d'étranges formes. Peut-être étais-ce des animaux ? Je n'en savais rien, et l'obscurité ambiante n'arrangeait pas les choses.

"Ton Étoile..." [Bakudeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant