"Pourquoi c'est arrivé ?"

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L'air devenait dur à inspirer au moment où je franchis le portail pour rentrer chez moi. Eijiro marchait à côté de moi et ne semblait avoir aucun mal à respirer, contrairement à moi. Mes poumons allaient bien, là n'était pas le problème. Mon coeur...il était serré, ne voulait pas se décontracter et ce poids me compressait la poitrine. Cela m'était déjà arrivé, des crises dans le style de celle-ci, mais elles étaient rare et elles ne m'étaient jamais arrivées dans la rue, en compagnie de mon ami en plus. Alors, je faisais de mon mieux pour cacher mon mal être et je continuai d'avancer de mon habituelle démarche rapide, les mains dans les poches.

- Tu t'es avancé pour tes devoirs ? Me demanda soudainement le rouge.

Je sursautai, un minuscule sursaut qui passa inaperçu mais qui me coupa le souffle quelques instants. Je prenais mon temps pour répondre, essayant de ne pas haleter à chaque mots.

- Rien à faire..pour demain.

Raté ! Eijiro tourna sa tête sur le côté et il sembla alors se rendre compte de mon état, que je n'arrivai plus à cacher.

- Hey mec, ça va ?

Je voulais lui répondre mais je n'en avait plus la force. Je m'arrêtai brusquement et plaçai une main sur mon pull, là où sous la chair se trouvait mon coeur meurtri.

- Katsuki !

Sa voix commençai à se faire lointain et je grimaçais.
"Merde."
Je le sentai placer mon bras par dessus son épaule dans un geste de terreur et commencer à me traîner dans la rue qui menait à ma maison. Sauf qu'au bout de dix pas, je me sentais m'écrouler sur le sol, dans l'incapacité de respirer. J'haletais, sentais mon coeur se soulever et s'abaisser rapidement.

- Katsuki !

Je grognais et sortais avec peur mon téléphone pour lui tendre. Il comprit aussitôt car il me le prit des mains et composa le numéro des urgences.

- Allô ?

La voix calme des infirmiers.

- Allô ?!

- Que voulez-vous ?

- C'est mon ami, il ne respire plus !

- D'accord, j'envoie tout de suite une ambulance à l'endroit où vous vous trouvez, donner moi vos coordonnées s'il vous plaît.

- Bien sûr, nous sommes **********.

Je le regardais, les yeux à demi-fermés, tentait de lever une main mais je n'y parvenais pas, privé de force et de souffle. Je me sentais partir, j'essayais de le faire comprendre à Eijiro en toussant, utilisant mes dernières ressources. Je le vis se tourner vers moi.

- Allô Katsuki ? Tonna alors une voix à travers le téléphone.

"Maman ?"

- Allô Mitsuki ? C'est Eijiro !

- Eijiro ? Pourquoi as-tu le téléphone de mon fils ?

- J'ai appelé les urgences, Katsuki ne respire plus !

- Quoi ?! Ils arrivent ?

- Oui !

- Très bien, alors reste calme et essaye de dégager un peu sa poitrine, je pars tout de suite !

" Ne t'inquiètes pas pour moi vieille peau..." J'aurai voulu le lui crier mais je n'y parvenais pas. Mes yeux se fermèrent totalement et je ne pus les rouvrir. Je sentis qu'on m'allongeais sur le côté, et qu'on me retirait mon pull, laissant le froid glacial de l'hiver me piquer les bras nus.

- Allez accroche toi mec !

Il me tapota le dos, et de l'air s'écoula enfin à l'intérieur de mon être. J'aurai voulu me réjouir de la nouvelle mais je n'en fis rien. Cet instant de répit fut balayé lorsque mon coeur se serra un peu plus, compressant ma poitrine. J'ouvrais la bouche, sentait une peur panique me gagner.
"Je vais mourir...ça y est."
J'avais toujours voulu ça.. enfin je crois ? Maintenant que j'étais proche de la mort, je sentais mon organe vital bondir de terreur et des larmes rouler sur mes joues. Ce devait être à cause de la douleur, oui, il n'y avait aucune autre raison, j'en étais certain.

- Kat..!

Sa voix était seulement un vague écho dans ma tête et je me laissais emporter dans le noir profond du sommeil, épuisé de cette lutte que je savais impossible à gagner.

***

L'air qui m'entourait était bien plus froid, plus morbide, que celui de l'hiver qui nous givrait lorsque nous sortions de la fac. Ici, il ne régnait qu'un sombre silence et les vivants n'étaient pas les bienvenus. Je frissonnais. Étais-je mort ? Avais-je quitter ce monde cruel ? Je ne savais pas, j'aurai aimé avoir une réponse. Me sentais-je mal ? Je ne ressentais rien, je ne sentais pas mon coeur battre, je ne voyais pas ma poitrine se lever puis s'abaisser. Étais-ce donc ça la mort ? Se retrouver seul dans un monde fait d'une unique couleur ? Il arrivait que j'entende un chuchotement mais il se faisait vite emporté par un vent qui ne se voyait pas et que je ne sentais pas. Je marchais. Vers où ? Vers l'horizon où ce qui y ressemblait. Mes pieds avançaient, je ne rencontrais aucun objet qui aurait pu me faire tomber. Ma tête était vide, toutes pensées envolées. Et je marchais, encore et encore, pendant ce qui me sembla être une éternité. J'étais seul, mais je ne ressentais pas la solitude. Je me sentis...Mort ? Je crois que je ne pus utiliser ce mot, je n'y croyais pas. La mort ne pouvait ressembler à cela, il devait y avoir autre chose.
"N'est-ce pas ?"
Question sans réponse, je m'arrêtai. Devant moi, le noir s'étendait à perte de vue, et il ne me sembla pas discerner de ligne, la ligne de l'horizon. C'était un peu comme ci je flotais ici. Un nouveau frisson me prit et les poils sur mes bras se dressèrent, cherchant une quelconque lumière dans cet espace qui s'étendait à l'infini.

- Où suis-je ?

Furent les premiers mots que je parvins à prononcer. Étrangement, ma voix me parut plus rauque, privé de vie. Je déglutissais. Quelqu'un voulait-il me répondre ? Je jurais, énervé, et pourtant, je savais déjà que personne ne me répondrai. Ici, vous êtes seuls, livré à vous-même, et jamais, au grand jamais, vous n'êtes seul. C'est étrange de dire ça étant donné que je ne voyais personne ? Peut être mais j'entendais, j'entendais leur respiration dans mon dos et le bruit de leur pas qui suivaient chacun de mes mouvements. Ils m'accompagnait dans ce vide terrifiant, alors que je ne les connaissais pas et leur présence sembla m'apaiser, je recommençais à marcher, m'avançant toujours plus vers ce que je j'espérais être un horizon.

"Ton Étoile..." [Bakudeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant