"Ton Étoile..." [Bakudeku]

"Convocation"

Je marchai lentement le long du couloir, les mains enfoncées dans les poches, le regard perdu dans le vide. Des souvenirs éparses me revenaient en tête, souvenirs chaleureux et drôles de ma soirée avec Katsuki.
Il faudra que l'on en refasse plus souvent, ça pourrait être marrant... Et puis, si jamais l'on garde contact, pourquoi pas lui présenter mes amis ?
Des idées confuses prenaient place dans mon esprit, et je les chassais rapidement de celui-ci lorsque j'arrivai à hauteur du bureau de Fridg. La porte étant fermée, il m'était impossible de savoir si l'homme se trouvait dans son bureau. Une petite voix au fond de moi me disait pourtant que si.
Je me demande ce qu'il va me demander. Après tout, je ne suis pas censé être à l'hôpital aujourd'hui...
Je fronçais un instant les sourcils, puis, doucement, je toquais à la porte.

- C'est ouvert, entre ! Me répondit aussitôt une voix familière.

J'hésitai, frissonnant de la tête au pied. Notre dernier échange avait été étrange...malsain, et j'aurai mieux évité de le revoir avant quelques temps. Le sort en avait décidé autrement.
Aussi n'hésitai-je pas longtemps, actionnant ensuite le mécanisme d'ouverture de la pore. Cette dernière coulissa et un désagréable bruit de rouille l'accompagna dans sa course.

Fridg était assis à son bureau, écrivant je ne savais quoi sur son ordinateur, sans doute un mail à l'adresse d'un parent ou d'un patient.

- Vous avez demandé à ce que je passe vous voir aujourd'hui ?

Demander avait été un bien grand mot. Fridg m'avait plutôt laissé un message sur mon téléphone qui "m'incitais fortement" de me rendre à l'hôpital pour qu'il puisse me parler. Il ne m'en avait pas dit plus, et j'étais venu en me disant que je n'avais pas vraiment le choix finalement.

- Comment va Kami ? Je crois que tu l'as vu l'autre jour ?

Je m'assis sur un fauteuil en face de l'homme, et mes mains vinrent se joindre l'une à l'autre, comme un réflexe que j'aperçus brièvement avant de prendre la parole.

- Je considère sincèrement qu'elle devrait aller voir un psychologue, ou un psychiatre. Je ne suis pas dans ces métiers là, et elle n'a plus besoin d'un médecin. Elle a mangé à nouveau la semaine dernière, et sa tension est de nouveau stable. Sa grand-mère et moi nous sommes mis d'accord pour vous demander votre avis avant de la rediriger chez quelqu'un de plus compétent. Qu'en pensez-vous ?

- Ce que j'en pense ?

L'homme posa ses coudes sur le bureaux et vint placer son menton sur ses poings fermés. Il planta ses yeux hypnotisants sur moi, et je fus pris d'un nouveau frisson.
Il va falloir que je trouve un moyen d'arrêter ça... Sinon, travailler à l'hôpital va vite devenir un enfer...

- Je pense que tu as fait du bon travail pour un stagiaire en alternance. Pour ce qui est de mon avis, je suis tout à fait d'accord avec toi. Je suppose que tu te doutais bien que tu étais surveillé par des médecins avec une plus grande expérience ?

Je hochai la tête.

- De plus, la petite a été ausculter par un médecin professionnel qui travaille dans un autre hôpital. Nous en sommes venu à la même conclusion que toi. Physiquement, l'enfant va bien. Psychologiquement, c'est une autre histoire et elle ne nous concerne pas. C'est pourquoi sa grand-mère a accepté qu'elle aille voir un psychologue. Tu sais, je suis content que tu en sois arrivé au même point que nous.

Je haussai timidement les épaules.

- Ça paraissait normal... enfin, quand est-ce qu'elle rencontrera le psychologue ?

- Si je ne me trompe pas, dans deux semaines. D'ici là, elle ne risque pas de revenir, sauf si sa tension chute à nouveau où qu'elle arrête de manger.