Le Lac - 1

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Il était à peine plus de 6h30 quand je me réveillai après cette première nuit au château des Clerfeuille. Durant quelques instants, je fus légèrement désorienté cependant mes idées se remirent progressivement en ordre dans mon esprit. Tout était silencieux à l'intérieur de cette vieille demeure. Seuls les chants matinaux de quelques oiseaux me parvenaient de l'extérieur. Le jour ne tarderait pas à se lever et il faisait déjà chaud. J'éprouvai l'envie d'ouvrir fenêtres et volets afin de profiter de l'air du matin.

Je sortis du lit et me dirigeai vers la fenêtre. Malgré mes efforts, celle-ci me résista et je ne parvins pas à la déverrouiller. Après plusieurs tentatives, je dus m'avouer vaincu et renoncer. J'effectuai une retraite en direction de la salle de bain afin de soulager ma vessie et me passer un peu d'eau sur le visage. La toilette matinale se ferait plus tard pour ne pas déranger les jumelles, de l'autre côté de la cloison. Je passai ensuite la main dans mes cheveux pour y mettre un semblant d'ordre. Enfin, de retour dans la chambre, j'enfilai rapidement mon pantalon et je me glissai dans le couloir en prenant soin de ne pas faire le moindre bruit pour ne pas réveiller les autres habitants.

Mon estomac, bien plus que mes pas, me conduisit jusqu'aux cuisines. J'y trouvai Suzanne et Jules en train de terminer leur petit-déjeuner.

«- Oh mais voilà un oiseau tombé du nid, s'exclama la cuisinière en me voyant entrer. Pour sur, vous êtes matinal Monsieur Louis.

- Je me suis endormi très tôt hier soir, donc forcément...

- Venez vous asseoir avec nous, si ça vous dérange pas de vous installer avec les domestiques. Je vais vous préparer quelque chose. Qu'est-ce que vous prenez le matin ? Café ? Chocolat ? Thé ?

- Un peu de café au lait si vous avez.

- Pour sur que j'ai. Voilà, asseyez-vous. Par contre, la brioche est encore en train de cuire. Vous allez devoir attendre avant de pouvoir en manger. Dans cette maison, personne ne déjeune avant 7h30.

- Ce n'est pas grave, la rassurai-je, je ne suis pas pressé. »

Suzanne me servit un large bol de café au lait fumant dans lequel je trempai mes lèvres avec plaisir et j'en savourai chaque gorgée. Jules m'adressa un sourire avant de reprendre sa lecture du journal de la veille. Il parcourait les mêmes nouvelles que Jeanne nous avait lues dans le salon, après le souper. Je lui trouvai bien du courage de pouvoir se concentrer devant le débit incessant des paroles de sa femme.

Gabrielle apparut à son tour au moment où je posai mon bol vide sur la table. Elle était parfaitement coiffée et habillée. À mon grand regret, pas un morceau de sein n'était visible. J'eus droit, toutefois, à un « Bonjour Monsieur Louis » chaleureux et amical, accompagné d'un sourire complice.

J'allai quitter la cuisine et regagner ma chambre quand je me souvins.

«- J'ai voulu ouvrir la fenêtre de la chambre tout à l'heure, mais je n'y suis pas arrivé. Vous savez si elle est bloquée ?

- Oui, il y a une sécurité, m'expliqua Jules sans lever le nez de son journal.

- Quand elle était enfant, Mademoiselle Margot était somnambule. Alors pour éviter qu'il arrive un accident, il a été décidé d'installer une sécurité, développa la cuisinière. Quand la brioche sera prête, Gabrielle vous en montera une part et elle vous montrera comment ouvrir cette fenêtre. »

Je regagnai ensuite ma chambre, avec la même volonté de ne réveiller personne, et après m'être débarrassé de mon pantalon, je me glissai de nouveau dans les draps afin de poursuivre ma lecture. Pourtant, au bout de quelques pages parcourues difficilement, je reposai mon livre. Sans en connaître la raison, je commençai à ressentir cette montée de fièvre si particulière qui accompagne l'excitation. Même mon sexe commençait à témoigner de mon état. Les histoires de Jules Verne n'avaient pourtant rien de très émoustillantes... Me masturber aurait fait décroître cette tension, mais Gabrielle n'allait certainement plus tarder à me monter ma part de brioche. Peut-être qu'en le faisant rapidement, j'aurais le temps de... Sans trop y réfléchir, j'avais enfoui une main sous les draps et m'étais mis à l'ouvrage.

L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant