Les espions - 2

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Nous découvrîmes un petit paquet d'enveloppes, rassemblées par un ruban noir en satin, sur le dessus ainsi que quelques feuilles de papiers vierges. Rien de très intéressant pour justifier notre intrusion et les conséquences qui en découleraient si nous étions découverts. Églantine tendit l'oreille un instant afin de s'assurer que personne ne venait puis elle souleva les feuilles et les posa sur le lit en prenant soin de garder en mémoire leur disposition.

Dessous, nous eûmes accès à divers objets. Ce fut d'abord une sorte de harnais en cuir souple, aux sangles à peine plus larges que l'épaisseur d'un doigt. Ma complice le démêla et le posa sur le lit à son tour. Toujours à voix basse, elle m'expliqua :

«- Tu vois ces cercles, on glisse ses jambes dans chacun d'entre eux, on les fait remonter jusqu'au haut des cuisses. Et cette sangle là, tu la passes autour de la taille et tu fermes avec cette boucle là.

- Mais c'est quoi cette partie ? On dirait que l'on peut visser quelque chose dessus.

- Justement regarde. »

Mon amie, visiblement très documentée sur l'utilisation de cet attirail, retira de la boîte en acajou trois fourreaux en velours rouge. Elle dénoua le lacet du premier d'entre eux en fit glisser son contenu sur le lit. Un pénis de bonne dimension, taillé dans un morceau d'ébène ! Le second étui protégeait un pénis en ivoire de taille convenable, tandis que le troisième contenait une reproduction de sexe en porcelaine. Si les deux premiers étaient des sexes droits, le dernier, plus petit était plus recourbé. Mais pour chacun d'eux, les détails de la sculpture ou du moulage étaient saisissants. Tout y était représenté, jusqu'à la moindre petite veine parcourant ces queues de substitutions.

«- Mais... Qu'est-ce que... m'étranglai-je.

- Quand certaines femmes n'ont pas d'homme sous la main ou qu'elles ne souhaitent pas en avoir, elles utilisent ce genre de choses. Soit pour leur plaisir personnel, soit en faisant profiter de bonnes amies autour d'une tasse de thé et des petits en-cas, plaisanta Églantine.

- Des femmes entre elles ?

- Oui, bien sur. Une le tient dans la main et le glisse dans le sexe de l'autre femme. Ou alors, elle le fixe de cette façon sur le harnais de cuir, m'expliqua-t-elle en me faisant la démonstration, et comme ça, celle qui le porte endosse le rôle de l'homme. »

Tout cela me laissa sans voix. Je vis soudain l'austère mademoiselle Gubéran sous un autre jour. L'imaginer se donner du plaisir avec ce genre d'objets ne me serait jamais venu à l'esprit. D'ailleurs, jusqu'à ce jour, je n'avais jamais imaginé que cela puisse exister. Après tout, elle était une femme. Et comme tous les êtres humains, les plaisirs du sexe ne lui étaient pas interdits.

J'allais questionner mon amie, mais cette dernière était déjà en train de remettre les sculptures phalliques dans leurs étuis. Elle avait raison : il ne fallait pas rester ici trop longtemps. Chaque seconde nous rapprochait du risque d'être découvert. Avec mille précautions, Églantine remit chaque chose à sa place, comme nous les avions trouvées, puis referma le coffret et le replaça dans le meuble de chevet.

Nous quittâmes la chambre de la préceptrice sur la pointe des pieds, tendant tous nos sens en direction de la salle de cours voisine afin de détecter le moindre signe suspect qui aurait pu nous avertir d'un danger imminent. Je traversai le boudoir en retenant mon souffle de crainte que ma respiration ne révéla notre présence. Parvenus dans le couloir, je soufflai profondément et nous regagnâmes la chambre des jumelles en pressant le pas.

Églantine s'allongea sur le lit et je pris place à sa gauche. Souriante et ravie de cette escapade, elle se tourna vers moi :

«- Tu vois, nous partageons nos secrets avec toi, me dit-elle sur le ton de la remontrance.

L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant