Septembre - 1

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Le début de la semaine me parut idyllique. Chaque matin, les filles suivaient les leçons d'Ysilde Gubéran puis après le déjeuner, nous nous retrouvions tous les trois au lac. Pendant les heures les plus chaudes de la journée, nous avancions dans notre découverte du plaisir. Sans jamais toucher que nous même, nous laissions notre plaisir s'assouvir. Le plus souvent, nous jouissions à tour de rôle, nous offrant en spectacle aux deux autres. Petit à petit, j'apprenais à découvrir le corps des femmes rien que par la vue. J'étais souvent assez près pour voir leur sexe dans le moindre détail. Je m'instruisais de la façon dont elles caressaient leur poitrine, titillaient cette partie supérieure de leur vulve puis enfournaient deux doigts dans ce conduit humide qui suscitait en moi attirance et curiosité.

Entre deux voyages vers l'extase, nous nous baignions. Églantine nous croquait également avec son talent indéniable de dessinatrice. J'éprouvais une sensation étrange de me voir nu sur son carnet à dessins. Surtout lorsqu'elle me figurait en train de poser mes lèvres sur le sein de l'une d'entre elles. Cette envie, je l'avais de plus en plus. Dépasser ces baisers, bouche contre bouche, pour explorer leur corps. Je mourrais d'envie chercher à connaître la saveur de leur peau, ailleurs. Une peau dorée comme un fruit mûri au soleil du plus bel été. Mais je n'en fis rien. Instinctivement, quelque chose en moi me disait qu'il était encore trop tôt. D'ailleurs si les jumelles avaient eu la même envie, j'étais certain qu'elles me l'auraient montré d'une façon ou d'une autre.

Durant ces premiers jours de la semaine, nous avions quitté août pour septembre. Les heures les plus matinales s'étaient fortement rafraîchies. Pendant que les filles étudiaient le latin, la littérature mais aussi la broderie et la morale, je me trouvais livré à moi-même entre les murs de cette vieille demeure.

Un matin, poussé par une curiosité qui ne me ressemblait guère, je profitai d'être seul pour me glisser dans l'escalier de service, non pour descendre aux cuisines mais pour rejoindre les combles et découvrir la tanière de mes complices. Depuis mon arrivée, elles ne s'y étaient réfugiées que rarement, et toujours pour un bref passage. À aucun moment, elles ne me proposèrent de les accompagner. Pourtant, depuis le premier jour, elles s'étaient montrées ouvertes et toujours prêtes à partager leurs secrets les plus intimes. Mais l'accès à leur royaume privé restait une barrière qu'elles maintenaient abaissée. Ce fut de cette exception que naquit mon besoin de découvrir par moi même cet antre mystérieux.

Avec une prudence inutile, puisque personne ne pouvait m'entendre, je gravis les degrés du vieil escalier de pierre pour aboutir sur un palier obscur fermé d'une porte en bois. La poignée tourna dans ma main mais la porte resta close. Malgré le peu de visibilité dont je pouvais bénéficier, je tentai de trouver une clé ou tout autre moyen qui m'aurait permis de déverrouiller l'obstacle. Mais en vain. Que pouvaient-elles donc cacher ainsi ? Sur quoi voulaient elles garder le secret ? Déçu, je ne pus que rebrousser chemin, un peu plus curieux et désireux de découvrir ce monde caché.

Je dus me contenter de reprendre la visite des dépendances du château et particulièrement les chais voisins. Je découvris Jules à proximité, parmi un petit groupe d'hommes mûrs et de jeunes femmes. Il était en grande discussion avec un homme âgé. Ce dernier était l'ancien maître de chais qui depuis quelques années profitait d'un repos bien mérité. Mais avec la guerre et la mobilisation de la plupart des employés du vignoble, il avait dû reprendre du service. Et puisque ses jambes n'affichaient plus la même vigueur, Jules faisait office de commissionnaire.

Quand les deux hommes eurent achevé leur échange, je me portai à la hauteur du chauffeur, homme à tout faire du château.

«- Bonjour Monsieur Louis, me fit-il avec un sourire aimable. Que faites-vous perdu ici ?

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