Chapitre 12

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        Maintenant que ma sœur est couchée, je fais signe à Théo de me suivre dans la cuisine. Tant que j'aurais cette histoire sur le cœur, je ne pourrais plus me regarder en face. 

        Il me suit en fronçant les sourcils, et prend place de mauvaise grâce sur une chaise. Je m'assois en face de lui, et me sert un verre de vin pour me donner du courage. L'alcool est mon meilleur ami en ce moment. Je lui en propose un, qu'il décline. Il s'est installé bien droit sur sa chaise, les bras croisés. Son attitude n'est pas engageante, mais je prends une gorgée et me lance : 

- Tu dois te poser des questions je pense ? 

- Surtout depuis que tu m'as fait venir ici. Je pensais que comme Pauline nous allions nous coucher. Et plus si affinités ! Mais visiblement, il n'y a plus d'affinités ! 

        Il a lancé cette phrase avec beaucoup de rage, et je ne peux pas lui en vouloir. Je regarde dans le fond de mon verre pour trouver l'inspiration, mais rien ne me vient. Il n'y a que du vin qui y danse.

- Écoute Charlotte, crache le morceau qu'on en finisse. Si tu veux, je peux t'aider un peu. J'ai comme dans l'idée que ce que tu as à me dire concerne Pierre qui était là ce soir. Je me trompe ? 

        Le fait qu'il n'utilise pas le petit mot doux qu'il m'a attribué depuis le début de notre relation, me fait un peu mal, mais je le comprends. Et je découvre également que je n'ai pas été discrète ce soir avec Pierre puisqu'il nous a percé à jour. 

- J'ai vu que vous aviez passé pas mal de temps tous les deux dans la cuisine, donc je me doute que c'est un truc avec lui. Et plus tu te tais, et plus je commence à psychoter, alors dis-moi simplement ce qu'il s'est passé et allons nous coucher. 

        Je prends une grande respiration et relève la tête. Théo me regarde avec des yeux confiants. J'ai pas envie de lui faire du mal, mais je dois garder les conseils de David en mémoire, et ne penser qu'à moi, au risque de les perdre tous les deux. 

- En réalité, j'ai rencontré Pierre il y a quelques mois. C'était avant de te connaître. On a eu une soirée bien arrosée, et on s'est retrouvé à ... Comment te dire ça sans être vulgaire ? 

        Il me fait un petit sourire coquin avant de me lancer : 

- Faire la bête à deux dos ? Tagada tsoin tsoin ? Cric crac dans la baraque ? 

        Je rigole à l'évocation de toutes ses expressions. Je n'en connaissais même pas la moitié. Néanmoins, je hoche la tête de façon affirmative. 

- Après, il a disparu de mon écran radar. Hier soir, c'était la première fois que je le revoyais depuis ce fameux soir. Enfin, pas vraiment, on est à la même fac, et on suit quasiment les même cours, mais il ne m'avait pas parlé depuis cette nuit là. 

- Alors il n'y a pas de problème. Tu as eu une aventure avec un autre que moi avant de me connaître, je ne vois pas ce qui te met dans cet état-là. 

- En fait, ce soir, je l'ai laissé m'embrasser. Je lui ai pas demandé de le faire, mais je savais qu'il allait le faire, et je n'ai rien fait pour le repousser. Voilà, je voulais que tu sois au courant. 

- Hein, hein ! 

        Théo hoche la tête doucement et se passe une main nerveuse dans les cheveux. Manifestement, le fait que je ne l'ai pas repoussé est ce qui le gêne le plus, et ça peut ce comprendre. 

        Il se lève lentement, et commence à déambuler dans ma petite cuisine, en proie à de grandes réflexions. Finalement, il se rassoit et plonge son regard dans le mien. 

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