Devant mon miroir, je relève lentement mon tee-shirt et m'examine sous toutes les coutures. Je ne vois pas de changement chez moi. Le médecin m'a averti que ça commencerait à ce voir d'ici quelques semaines. Je ne suis pas pressée.
Un peu lasse, je me jette sur mon lit et regarde pour la énième fois de la journée, la petite photographie que m'a donné le gynéco. Je ne pensais pas qu'il ressemblerait déjà autant à un bébé à ce stade de ma grossesse. Mais on distingue très nettement les deux bras, les deux jambes, les mains les pieds et même son petit bout de nez. Je me souviens du choc que ça m'a fait lorsque le docteur nous a fait écouter son coeur. C'est incroyable la vitesse à laquelle il bat.
Je souris en repensant aux larmes que ma mère à voulu cacher. À ce moment-là, ce n'était pas des larmes de tristesse. J'ai bien vu dans ses yeux la joie et l'amour qu'elle pouvait déjà ressentir pour cet enfant.
Je dois avouer que moi aussi je commence à me faire à l'idée. Même si je sais que le chemin va être long et douloureux. J'ai déjà plus ou moins farfouillé sur le net pour avoir des témoignages de filles dans le même cas que moi. Pour une majorité d'entre elles, elles ont dû faire face seule, et ont fait une croix sur leur avenir personnel.
Je pense que je ne vais pas faire exception à la règle. Dès que je l'aurais dit à Pierre, il va se carapater en quatrième vitesse. Je vais devoir apprendre à gérer les cours et le bébé. Parce que j'ai bien l'intention de continuer mes études. Après tout, même si je n'ai pas beaucoup de temps dans une journée, il existe des aides. Je pourrais trouver une crèche pour le faire garder, ou éventuellement une nourrice.
Nous en avons discuté avec ma mère au retour de chez le médecin, et elle est assez d'accord avec moi. Elle pense également que ce serait plus simple si je choisissais une fac de droit plus proche. Mes parents pourraient alors me donner un coup de main, et je pourrais rester chez eux pendant quelques mois pour économiser sur le loyer. Pour tout ça, il va falloir que je prenne rendez-vous avec le doyen de la fac pour savoir si c'est possible. Je pense quand même terminer mon année sur Paris.
Si je fais ça, mes amis me manqueront énormément. Ce qui est un comble pour une jeune fille renfermée comme moi. Lorsque je suis partie de chez moi au mois d'août, j'étais seule, et je me sentais bien comme ça. Aujourd'hui, j'ai une bande de copains, et je sais que je serais mal le jour où je devrais les quitter.
Je range le cliché dans le tiroir de ma table de chevet et ferme les yeux. Le médecin m'a prévenue que je risquais d'être extrêmement fatiguée durant les premiers mois de ma grossesse. Et j'avoue que je comprends mieux mon apathie de ses dernières semaines. Je ne mets guère de temps à me faire happer par le sommeil.
Je suis réveillée par une légère caresse le long de ma joue. Je souris en pensant qu'il s'agit de ma mère qui veut me forcer à avaler quelque chose. Depuis le petit déjeuner, que j'ai totalement rendu, elle cherche par tous les moyens à me faire avaler de la nourriture.
- J'ai pas faim, maman ! J'ai sommeil !
Un poids se pose sur mon lit et je tire sur la couette pour m'en recouvrir la tête. Elle peut vraiment se montrer têtue lorsqu'elle le décide.
- Réveille-toi marmotte.
Je sursaute en reconnaissant la voix grave et sexy de mon petit ami, et me dresse sur mon séant. Aussitôt, un sourire fleuri sur mes lèvres, qu'il me rend au centuple. Mon coeur fait des bonds dans ma poitrine et mon sang s'échauffe dans mes veines. Je crois que je ne m'habituerais jamais à l'effet qu'il me fait.
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Indécise
RomanceJe suis une jeune fille banale, qui malheureusement n'a rien pour elle. Je suis timide, mal dans ma peau, et trop grosse en fonction des normes en vigueurs ! La seule chose que je désirais, c'était de réussir mes études afin de rendre mes parents fi...