Chapitre 19

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        Je pousse la porte de mon appartement et arrive difficilement à faire avancer ma valise dans l'entrée. J'avais eu du mal à la fermer avant de partir la dernière fois, mais c'était encore pire le matin lorsqu'il avait fallu tout faire rentrer avec les nouveaux cadeaux que j'avais reçu à noël. 

        Malgré le fait que mes parents ne soient pas très argentés, ils avaient tout de même réussi à faire plaisir à tous leurs enfants. Connaissant mon goût immodéré pour la lecture et les nouvelles technologies, mes parents m'avaient offert une tablette tactile. J'avais été très surprise, mais également très reconnaissante. Mes frères et sœurs m'avaient offerts quelques babioles, mais j'avais été émue de leur attention. 

        On peut dire que dans l'ensemble, j'avais passé de bonnes vacances, même si j'avais toujours un poids sur l'estomac. Je n'avais plus eu de nouvelles de Pierre depuis notre départ de la gare. Que ce soit un message ou un appel. Rien ! Nada ! Que dalle ! 

        Rien qu'en y repensant, les larmes me montèrent aux yeux. Et j'avais mal. J'avais l'étrange impression qu'on me poignardait au cœur sans cesse. 

        J'emmène ma valise dans la chambre et la pose difficilement sur mon lit. Même si je n'ai pas le courage, je préfère la ranger maintenant, parce que je sais pertinemment que sinon je vais la laisser en plan pendant des jours. 

        Méticuleusement, je range toutes mes affaires. Après coup, je me rends compte que cela m'a permis de ne pas penser à Pierre pendant quasiment une heure. 

        Les larmes aux yeux, je vais dans mon salon et allume la télévision pour faire du bruit. Pauline à pris le même train que moi, mais elle a décidé d'aller directement chez Joseph pour le voir. 

        Entre eux, tout est au beau fixe. Ils ont passés les vacances à s'appeler toutes les cinq minutes, s'envoyer des messages. Je suis persuadée que lorsqu'elle rentrera le lendemain soir, il lui aura fait un cadeau pour noël. 

        Mes larmes redoublent sur mes joues. Je déteste être dans cet état. Énervée contre moi-même, j'attrape mon téléphone et fait défiler la liste de mes contacts. Je m'arrête sur le nom de Pierre et hésite à l'appeler. Finalement, je remonte dans la liste et compose le numéro de David. Ce dont j'ai besoin ce soir, c'est d'un ami. Il répond à la deuxième sonnerie. 

- Hé ! Salut belette ! Bonne année ! 

        Je souris en entendant sa voix. Il m'a manqué lui aussi durant ses quelques jours. 

- Bonne année aussi lapin ! 

- Tu as une petite voix, ça ne va pas ? 

        C'est incroyable qu'après seulement quelques mois à se côtoyer il me connaisse aussi bien. 

- Pas vraiment. Est-ce qu'on pourrait se voir ce soir ? 

        Je retiens mon souffle dans l'attente de sa réponse, et soudain je me sens mal en l'entendant parler à quelqu'un. Il ne doit pas être seul. Je suis vraiment égoïste. Je n'ai même pas pensé qu'il pouvait déjà avoir des projets pour le soir. 

- Laisse tomber lapin. Je me rends compte que tu n'es pas tout seul, je ne veux pas gâcher ta soirée. 

- T'inquiète, tout va bien. Par contre, ça te dérange si je ne viens pas seul. 

        Je me mordille la lèvre. J'aurais bien aimé pouvoir lui parler de Pierre et du bordel qu'est devenue ma vie, mais avec quelqu'un que je ne connais pas, je ne serais pas capable de me confier. Et cela ne servirait à rien qu'il vienne. Donc je lui foutrais réellement sa soirée en l'air. 

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