Chapitre 23

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        Cela fait plus de deux heures que je suis effondrée sur mon lit, à pleurer sans discontinuer. Je n'arrive pas à me retirer de l'esprit cette image de Pierre rigolant de bon cœur avec Isabelle. Ils étaient si proches tous les deux. 

        Ça frappe doucement à ma porte, et je me cache la tête sous ma couette. Je n'ai envie de voir personne. Même si ma mère ne m'a demandé aucune explication, je sens qu'elle meure d'envie de m'interroger. Et je ne suis pas encore prête à répondre à ses questions. 

- C'est prêt à manger ma puce. Ça te ferait du bien de voir tout le monde. 

- J'ai pas faim. 

- J'ai l'impression que ça fait un moment que tu n'as plus faim. Tu es devenue squelettique. 

- Ne dis pas n'importe quoi maman. J'ai encore des bourrelets partout. 

        Ma mère tire brutalement sur ma couette et je m'allonge sur le dos pour la regarder. Je suis surprise de la trouver si angoissée. Est-ce qu'elle s'inquiète pour moi ? 

- Excuse-moi Charlotte, mais ces derniers temps, tu n'es plus toi-même. Toi qui étais si gaie, rieuse et enjouée, je ne te vois plus que pleurer tout le temps. Je ne sais pas ce qui ce passe dans ta vie, et cela m'angoisse énormément. Tu es et resteras ma petite fille. 

        Je me jette dans ses bras et ma mère me serre contre elle. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas fait un câlin de ce genre à ma mère. Et j'avoue que cela me fait un bien fou. 

- Tu es sûre que tu ne veux pas descendre manger ? 

        Je hoche la tête, les larmes continuant à dévaler mes joues. 

- Je ne veux pas que papa me voit comme ça. 

- Tu as raison, il ne vaut peut-être mieux pas. Il risquerait d'aller trouver l'origine du problème pour lui dire ses quatre vérités. 

        Je fais un maigre sourire à ma mère. Elle me serre une dernière fois contre elle en me caressant doucement les cheveux. Ce geste, souvenir de mon enfance, me remonte légèrement le moral. 

- Tu m'expliqueras lorsque tu te sentiras prête ? 

        Je secoue la tête dans l'affirmative. Je lui dois bien ça. Ma mère m'a toujours soutenue. 

- Alors je te laisse te reposer. 

        Elle dépose un petit baiser sur le haut de ma tête et sort de ma chambre. Je me recouche sous ma couette et ferme les yeux. J'aimerais pouvoir dormir pour oublier, mais le sommeil me fuit. Je repense sans arrêt à Pierre et Isabelle lovés dans le canapé. Et mon imagination prend le relais. Je les imagine sur ce même canapé dans une position compromettante. La bouche fabuleuse de Pierre sur les lèvres immondes d'Isabelle. Ses mains caressant lentement le corps parfait de la blonde. 

        Je me relève d'un coup et cours jusqu'à la salle de bains. J'y arrive juste à temps pour vomir dans les toilettes. Je sens la bile remonter et me brûler la gorge. J'ai encore moins envie de manger. 

        Au bout d'un certain temps qui me semble interminable, mes hauts le cœur se calment et se tarissent. Je me passe un coup d'eau sur le visage et me brosse les dents. Cette situation me rend vraiment malade. 

        Je retourne à pas lents dans ma chambre et me laisse tomber sur mon lit. Alors que je ferme les yeux, les images obscènes reviennent en force et la nausée avec. Je rouvre les yeux de suite et m'assois dans mon lit. Je devrais peut-être manger. Ça m'éviterait de rendre de la bile. 

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