Chapitre 14

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        J'ai réussi tant bien que mal à finir ma journée à la fac. Pierre m'a complètement retournée avec ce baiser. Et encore plus avec cette phrase possessive. Mon cerveau a été à la rue durant tout l'après midi. Heureusement que je peux compter sur Héloïse pour prendre des notes. Je n'étais pas du tout attentive aux cours. 

        Je sors du train, et cours jusqu'au restaurant. Je suis un peu angoissée par l'ambiance que je vais y trouver. Je n'ai pas revu Théo depuis ce fameux soir. J'ai quand même pensé à appelé David pour le mettre au courant. Après tout, il est le gérant du restaurant, et il doit pouvoir s'attendre au pire. 

        Il ne m'a fait aucune réflexion désobligeante lorsque je le lui ai appris. Il m'a juste demandé si j'étais sûre de moi. 

        Je pointe avant de me rendre à mon casier. Un peu stressée, je jette des coups d'œil un peu partout autour de moi. J'ai peur de voir arriver Théo, mais j'ai quand même envie de le voir. Je sursaute lorsque j'aperçois un homme entrer dans le vestiaire, mais soupire de soulagement en reconnaissant mon boss. 

- Salut Belette ! Tu as passé une bonne fin de week-end ? 

        Je hoche la tête avant de ranger mon sac dans mon casier, et de finir de mettre ma tenue. 

- Et toi ? Ça a été ? 

        Un sourire éclatant fleurit sur son visage, et je devine presque à quoi il est dû. 

- Oh toi, je sens que tu as eu des nouvelles de Nicolas ! 

- On s'est vu hier. Il est venu à la maison. 

- Oh ! Oh ! Je veux tout savoir ! Raconte-moi tout ! 

        Je glisse mon bras sous le sien alors que nous nous dirigeons vers les postes de cuisson. Ce sera mon boulot cette semaine. Ce n'est pas le poste que je préfère, mais il faut tourner. 

- Il ne s'est pas passé grand-chose. C'est juste qu'on a passé plusieurs heures à discuter tous les deux, et que je l'apprécie énormément. C'est beaucoup trop tôt pour penser à des choses pareilles, mais je pense que je pourrais en tomber amoureux. 

        Je coince mes cheveux dans le filet en tissu en réfléchissant à ses paroles. Je me retrouve un peu dans ce qu'il me dit. Moi aussi j'apprécie énormément Pierre, et je me vois bien finir ma vie avec lui. Mais contrairement à David, je suis obligée d'être réaliste. Jamais un homme comme Pierre finira sa vie avec une fille comme moi. Il faudrait que je perde une dizaine de kilos pour entrer dans les normes. Et que je commence à m'intéresser de plus près à la mode. Et que je change de coiffure ! Enfin, il y aurait quasiment tout à changer chez moi. 

        Je pense que pour le moment, Pierre joue avec moi. Mais j'ai tellement envie de lui, que ça ne me gêne pas tant que ça. Même si parfois, j'ai l'impression d'être juste un objet pour lui. Ça expliquerait sa phrase lorsqu'il m'a quitté ce matin : « tu es à moi Charlotte ! ». 

        Toute la journée, ses mots ont tournés sans cesse dans ma tête. Je n'ai pas réussi à les évacuer, à passer outre. Je ne cesse de me demander ce qu'il voulait réellement dire. 

        Je secoue la tête pour chasser mes mauvaises pensées et regarde mon chef qui a toujours un sourire éclatant sur les lèvres. C'est bizarre de ce dire qu'il y a quelques mois seulement, je ne connaissais pas du tout David, et que aujourd'hui, je suis heureuse qu'il est trouvé quelqu'un qui lui corresponde. La vie est drôle parfois.

        Lorsque je récupère mon sac dans mon casier, je suis épuisée. Et bizarrement, ce n'est qu'à ce moment-là que je m'aperçois que je n'ai pas vu Théo, et que je n'ai plus du tout pensé à lui depuis que mon boss est venu me parler. Il n'était décidément pas fait pour moi si je l'oublie aussi facilement.. 

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