J+0 | prologue |

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Il pleuvait. Beaucoup. Beaucoup trop au goût de Kenma. Il n'avait jamais vraiment été fan de la pluie. Lui, ce qu'il aimait quand le temps était si maussade, c'était de rester chez lui sous une tonne de plaid et jouer sur son ordinateur. Mais non, aujourd'hui, il avait dû braver la pluie. Le blond détourna les yeux de la fenêtre avec un petit soupire. Vivement les beaux jours. Vivement la chaleur sur sa peau. Vivement les sorties entre amis.

    Kenma était quelqu'un de très introverti. Dire qu'il aimait la solitude était un euphémisme, c'était sa façon de recharger ses batteries après des journées très éprouvantes. Par exemple, après ses matchs de volley, ce n'était pas rare pour lui de rester quelques jours chez lui uniquement pour récupérer de la fatigue physique. Mais ce n'était pas pour autant qu'il n'aimait pas voir du monde. Même s'il ronchonnait toujours un peu, voir Kuroo ou les membres de l'équipe de volley n'avait jamais été une charge. Il le montrait peut-être très mal mais il aimait ses amis plus que tout. 

    « Kenma ? »

    Une douce voix le sortit de sa rêverie. Il tourna rapidement la tête vers sa mère qui posa doucement une main sur son épaule. Il pinça rapidement les lèvres en un léger sourire pour lui montrer que ça allait. 

    « Pardon. On peut continuer. »

    Devant sa mère et lui, un bureau. Et devant ce bureau, un homme d'une cinquantaine d'année avec des cheveux poivre et sel. Ses traits étaient tirés, il avait l'air fatigué. Il portait une blouse blanche sur laquelle était épinglée son nom et sa spécialité. Le docteur se racla la gorge et posa ses bras entrelacées sur le bureau. 

    « Nous avons étudié toutes les possibilités que nous avions, commença le vieil homme. Malheureusement, nous avons entreprit les démarches trop tard. »

    Kenma hocha la tête, perdant de nouveau son regard vers la fenêtre. Cette conversation était lourde, et il n'avait pas vraiment envie d'entendre des choses qu'il savait déjà. Même s'il avait prit connaissance de l'information, et qu'il se rendait bien compte que la vie était plus compliquée qu'avant, il n'avait tout de même pas envie d'entendre parler de cette maladie ou de ses effets. Il voulait juste être n'importe quel adolescent de 16 ans. 

    « Mais... Et une greffe, docteur ? La mère de Kenma tremblait, et serrait fort ses mains pour les contrôler.

- La leucémie est une maladie très complexe à traiter vu qu'elle atteint la moelle osseuse et donc tout le système sanguin. Et vu l'avancée rapide de la maladie de Kenma, la chimio ou la radiothérapie ne sont même plus envisageables. La greffe, c'est pareil. En fait si vous voulez madame, la maladie nous a devancé. On ne peut plus rien entreprendre à ce stade là, ça serait comme mettre un petit bout de sparadrap sur un membre amputé. Le vieil homme soupira en se redressant. Je suis désolé. Sincèrement. »

    Il n'en avait rien à faire. Kenma était persuadé que cet homme disait la même chose à tous ses patients. Que dire d'autre honnêtement ? Ce n'était pas leurs fautes. Eux, comme Kenma, s'étaient aperçus qu'il y avait un problème trop tard. Son propre corps l'avait trahi. 

    Le blond soupira, comme pour avaler la boule qui se formait dans sa gorge. Il essayait de faire comme si tout allait bien pour ne pas affoler plus ses proches. Il voulait montrer qu'il s'en fichait, qu'il était plus fort que ça. Mais la réalité, c'est qu'il était terrifié. Il n'avait pas envie de mourir. 

    « S'il n'y a plus rien à faire, j'aimerai arrêter tous les traitements, commença le blondinet. Ils me rendent malade, enfin... Il eut un petit rire triste. Ils me rendent encore plus malade.

- Mais chéri, il y a peut-être encore une chance... Sa mère le regarda dans les yeux. Ils brillaient beaucoup. Kenma ne supportait pas de faire de la peine aux autres.

- Maman... Arrête. Si ce sont vraiment mes... Il inspira. Mes derniers instants, alors je veux profiter de ce que j'ai. Hors de question de rester ici. »

    Ici, c'était l'hôpital. Cet endroit blanc lui glaçait le sang. Les frissons faisaient partis de son quotidien quand il était là.  Déjà quand il était petit, il avait souvent été ici car son système immunitaire était trop faible. Alors l'odeur du désinfectant et ce manque d'humanité l'avaient sans doute traumatisé. 

    « Excusez-moi une minute. »

    La femme quitta la pièce. Ses yeux étaient débordant de larmes. Kenma s'en voulait tellement de faire vivre ça aux autres. Il voulait faire de mal à personne lui. Alors qu'elle serait la meilleure solution ? Qu'est-ce que Kenma voulait vraiment ? Profiter de tout le monde et les laisser subitement, ou alors s'éloigner maintenant pour leur éviter plus de souffrance ? A cette question, le visage de Kuroo lui vint en tête, et les larmes montèrent presque aussitôt. Dire qu'il ne lui avait encore rien dit de cette récente nouvelle. 

    « Reprenons. »

    Le visage de Kenma se ferma presque aussitôt, alors qu'il posait ses mains à plat sur le bureau. Il était temps d'affronter les choses de toute manière. Tout était déjà joué, alors ça ne servait à rien de ne pas accepter la réalité. Elle était cruelle et terrifiante, certes, mais il n'y avait pas d'autres choix. 

    Ce garçon, c'était Kenma Kozume, et il lui restait six mois à vivre. 183 jours.

*

Voici le prologue de 183.

Ouais, ça fait mal. Autant à lire qu'à écrire je vous assure. Je suis sans doute cruelle de faire une fiction comme ça, mais les histoires tristes sont les plus belles à mon goût. J'espère que malgré tout, vous serez là aussi pour lire les 183 derniers jours de Kenma.

1 8 3 | KUROKEN | HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant