Sur le même palier [Terminé]

Chapitre 8 : Julien

— Je t'ai dit non !

— Allez mec ! insiste Pierre. Sois cool, cette fille est parfaite. Je veux juste aller la voir, mais ça fait trop suspect si j'y vais seul, alors qu'avec toi, ça fait genre on vient pour bosser.

— Si je vais là-bas, c'est vraiment pour bosser, et je sais que ça ne sera pas ton cas.

— J'ai plus qu'à demander à Anton.

Appuyer contre la vitre de l'arrêt de tram, je me demande quelles sont les motivations de Pierre pour ainsi vouloir suivre Anna ?

— T'es sérieux, tu vas vraiment demander à Mr Don Juan de t'accompagner voir une fille ?

— Pas le choix, puisque tu ne veux pas m'accompagner. Tiens, il arrive d'ailleurs.

— C'est bon, t'as gagné, je viens avec toi !

Je souffle exaspérer, j'espérais le tenir éloigner d'elle, mais il est accro à cette fille, et je ne peux l'en blâmer, cette fille à quelque chose qui m'attire. Et je suis sûr que derrière cette frange se cache quelqu'un de formidable qui a juste besoin qu'on la voit vraiment.

— Je savais que je pouvais compter sur toi !

Je grommelle des paroles incompréhensibles dans lesquelles j'exprime ma volonté de faire payer ça à Pierre, et envoi valser un caillou sur la chaussée.

— Vous auriez pu m'attendre sérieux ! nous lance Anton en arrivant à l'arrêt de tram.

— Désolé mec, mais j'en pouvais plus de cette salle de classe. Fallait que je sorte, et comme il commence à pleuvoir, je suis venu me mettre à l'abri, Julien m'a suivi.

Il lève un sourcil interrogateur dans ma direction et je hoche la tête.

— Vous faites quoi ?

— On va s'enterrer dans un café-librairie pour bosser, tu veux venir ?

Anton exécute une grimace des plus charmantes, avant de s'éclipser vers d'autres camarades qui partent en quête d'un bar où noyer le chagrin de l'interro surprise qu'on vient de se taper.

On monte dans le premier tram qui se présente, au moment où une trombe d'eau s'abat sur nous.

— On a eu chaud, un peu plus et ça nous tombait dessus.

— Je ne savais pas qu'il pleuvait autant dans le coin, ça me change de la Californie.

— Ouais, y a des fois où on ne va pas avoir de pluie pendant des semaines et d'autres où ça ne s'arrête plus.

Mon téléphone sonne dans ma poche, et le numéro de ma mère s'affiche. Je m'excuse auprès de Pierre et prend l'appel.

— Ah ! Enfin tu décroches !

— Salut maman.

— Tu te rend comptes que ça fait presque deux semaines que je n'ai pas eu de tes nouvelles ? Tu pourrais m'appeler de temps en temps, non ? Ou c'est trop te demander de passer un coup de fils à ta mère ?

— Ouais, désolé, c'est qu'avec les cours et tout, j'ai pas eu trop de temps.

— Et m'envoyer un message, ça te prend trop de temps ?

Exaspéré par la tournure que prend cette conversation, je lève les yeux au ciel, sous l'œil de Pierre qui m'observe me demandant silencieusement à qui je parles. Je lui souffle qu'il s'agît de ma mère et il rit sous cape.