Chapitre 23 : Anna

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Je quitte la pièce l'esprit encore embrumé par ce qui vient de se passer. Je tourne la tête vers ma chambre avant de m'en taper le front. Déjà quand il m'a embrassé sur la place j'avais du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer, et par chance, il s'est endormi dans la voiture ce qui m'a empêché d'aller plus loin, mais quand on est arrivé sur le parking de l'immeuble et qu'il m'a regardé. Quelque chose en moi s'est réveillé, une sorte d'instinct primaire que je n'avais absolument pas envie de contrôler, mais plutôt d'assouvir.

Ses pas se rapprochent de moi alors que j'atteins la cuisine. Je ne sais pas ce que je vais manger, ni même s'il a faim, alors je fais le tour de mes placards. J'en sors des boîtes de gâteau, du pain de mie et du jambon.

J'emmène le tout sur la table du salon, manquant de lui rentrer dedans. Mes yeux se posent sur son torse musclé, puis descendent sur les seuls vêtements qu'il porte, il a remis son boxer, et je n'avais pas remarqué qu'il avait gardé ses chaussettes. Il se place derrière moi, ses mains sur mes hanches par-dessus le plaid que j'ai attaché sur ma poitrine à la manière d'un paréo.

— Tu veux boire quelque chose en particulier ? souffle-t-il dans mon oreille.

Pour toute réponse, je secoue la tête. Il s'écarte de moi, et rejoint la cuisine, mon regard sur ses fesses galbées et ses jambes fuselées par tant de courses à pied. Il ne pouvait pas porter des caleçons larges comme dans les films américains ? Quoiqu'il est tellement canon, je suis sûr que ça lui irait.

Je n'ai pas bougé d'un pouce quand il revient avec un plateau sur lequel sont disposés des verres, des sodas, du beurre et même des assiettes. Soit tout ce que je n'ai pas pris. Son regard qui glisse sur moi me réchauffe un peu partout, alors qu'il pose le plateau sur la table basse, et m'attrape par la main pour m'entraîner sur le canapé avec lui. J'atterris sur ses genoux, entre ses bras qui se referment sur moi m'empêchant de bouger. De sa main droite, il me retient plaqué contre lui, alors que de la gauche, il tente d'ouvrir le paquet de pain de mie.

— Tu veux de l'aide, peut-être ?

J'ai le droit à un grognement pour toute réponse. Je tente de me dégager mais sa prise sur moi est trop forte.

— Tiens moi ça, dit-il en me mettant le paquet de pain de mie dans les mains afin qu'il enlève l'attache.

— On n'est pas près de manger si tu mets autant de temps à ouvrir un paquet.

— Chut !

Je glousse en le voyant se battre avec l'emballage du beurre, puis quand il plonge le couteau dedans et que l'emballage glisse sur la table. Il n'a plus le choix, il me positionne correctement sur ses genoux, plaquant mon dos contre son torse, puis se penche en avant pour nous faire des tartines. Le beurre est tellement dur que la mie du pain se soulève quand il l'étale. Un nouveau grognement de mécontentement sort de sa gorge.

— Désolé de te dire ça, mais c'est de la merde ton beurre.

— C'est juste toi qui n'es pas doué, dis-je en lui prenant le couteau des mains. Il faut y aller tout en douceur pour être sûr que le beurre reste bien en place et ne pas défaire la mie, tu vois ? demandé-je tout en accompagnant le mouvement. Tu appuis trop dessus, la mie est fragile, et en faisant ça, tu la casses.

— Comme avec toi. Il faut y aller tout en douceur pour t'apprivoiser.

Je ne réponds rien, et poursuis nos tartines. C'est la première fois qu'on me compare à du pain de mie, et je ne sais pas si je dois en être flatté ou pas. Et puis ça veut dire quoi ? Je ne suis pas si fragile que ça !

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